Entretien avec Botibol
Au début, Monsieur Botibol était seul, élaborant ses compositions tel un laborantin. Puis le titre est tombé, et Botibol a fait appel à des amis pour retranscrire en live les élucubrations de Born From A Shore. C’est comme ça que Botibol est devenu un groupe. Et pour célébrer cette nouvelle mutation, ils sortent un EP, toujours inspiré de la mer (pour des Bordelais, ça s’explique) : The Wild Cruises.
Botibol
Sélectionné pour les Découvertes du Printemps de Bourges, Botibol se scinde aussi pour soutenir d’autres groupes programmés au festival. « Mathieu et Vincent jouent dans Petit Fantôme mais Vincent fait aussi partie de Crane Angels. Du coup on va rester un petit peu, profiter de cette belle lumière, de ce cadre, de cette chaleur humaine. Ces néons font un peu penser à un sex shop quand même… »
Vincent, à l’origine du projet, est aussi connu pour faire partie de la chorale rock bordelaise, les Crane Angels. « Je me suis lancé dans Botibol d’abord tout seul. Puis en allant aux soirées du collectif Iceberg, je me suis rapproché à l’époque de Michael, qui a lancé les Crane Angels, et on s’est retrouvés une dizaine à chanter. Ca tenait plus de la thérapie de groupe que du réel groupe de chant à l’époque, et petit à petit, ça s’est transformé. Mais Botibol c’est arrivé avant, c’est ensuite que les groupes ont évolué parallèlement. »
Arch Woodmann: « Ensuite ça relève du Wikipédia, avec un arbre pour les ramifications : les branches qui vont dans tous les sens et t’y comprends rien.
Mathieu : On a la main mise sur le cosmos… parce que Bordeaux est le vrai centre du monde. »
Pour les besoins du live, Vincent a été obligé s’entourer de musiciens pour rendre justice à Born From A Shore, composé seul. « Ca s’est fait progressivement mais l’idée c’était d’avoir des arrangements sur scène qui puissent… pas rendre compte exactement de ce qu’il y a sur le disque mais d’avoir un truc équivalent au niveau densité, de proposer quelque chose d’un peu étoffé. » Au départ, Vincent a demandé à Antoine alias Arch Woodmann de le rejoindre. « Tout seul, c’était chiant parce que j’utilise des machines, des effets… Et à deux, Arch Woodmann était obligé de faire du sample en même temps que la batterie. Heureusement que Mathieu est arrivé, parce que c’est lui qui a pris le relai.
Mathieu : En fait, c’est pas évident pour moi non plus : normalement la main est posée sur les pistons : ça revient à faire une sorte de gymnastique où du coup t’es moins stable. Enfin, c’est pas super mais ça va. »
Cette nouvelle formation ne tourne que depuis quelques mois ensemble, mais l’ambiance a l’air bonne. « Ca faisait déjà un moment qu’on tournait à trois avec Antoine et Arch Woodmann. A quatre, ça fait depuis les Bars en Trans. Ca s’est monté un peu à l’arrache et puis ça a été une grande fête de l’amour et du Ricard. » Ensemble, ils ont sorti un EP, The Wild Cruises, alors que les chansons ne sont pas encore totalement finies. « Un EP c’est pour marque un évènement dans le groupe. The Wild Cruises c’est parce qu’on a commencé à composer ensemble, et qu’on est content de la gueule que les morceaux prennent. On aime cette nouvelle richesse de live, avec les cuivres notamment.
Arch Woodmann : Oui, les cuivres donne un côté ska bien sympa…
Mathieu : C’est faux, le ska c’est la mort. J’ai fait du ska pendant un moment, et je suis mort et du coup je suis en pleine renaissance.
Arch Woodmann : C’est beau ce qu’il dit un peu… »
Mathieu en profite pour faire un petit cours de musicologie. « C’est pas une trompette, c’est un bugle. Le cornet a la même tessiture que la trompette, il est plus petit et les attaques sont plus rondes, c’est moins cuivré. Et le bugle c’est pire, c’est à la limite du trombone voire du cor. Mais en fait le bugle est en mi bémol et le cor est en si bémol. C’est pas la même clé… » Les autres font semblant de ronfler pour qu’il se taise.
Certains morceaux évoluent sur scène, indiquant la direction que prend Botibol en tant que groupe. « Par exemple ‘The Islands’, en live on en fait un truc un peu krautrock à un moment, y’a des nappes, on a rajouté une partie instrumentale… Ca fait appel à plus de sensibilités différentes qu’en enregistrement donc y’a un côté plus riche, plus dense. On est plus électrique aussi, y’a un côté plus psyché qui se retrouvera peut-être sur l’album. » L’album est encore loin, mais il commence à prendre forme. « On compose pas encore à quatre mais ça en prend le chemin… enfin c’est un peu compliqué. Vincent reste un peu décisionnaire mais nous on lui propose des trucs, jusqu’à temps que ça aille. Et si c’est dans l’esprit de ce qu’on bosse sur scène là, ce sera certainement des morceaux plus alambiqués, y’aura toujours ce côté pop mais… »
Par contre, comme chacun a son groupe, les musiciens doivent s’organiser pour se retrouver. « Tout le monde a ses petites occupations, donc on est obligés malgré nous de s’organiser. Mais c’est pas trop notre truc non plus, c’était pas trop notre but mais par la force des choses… On a un google agenda, on s’organise parfois trois ou quatre mois à l’avance pour des dates. La musique c’est pas que poétique non plus. » Heureusement, tous les musiciens sont basés à Bordeaux. « Enfin, plus ou moins parce que Antoine est sur Poitiers. Mais il pirate les trains donc il peut nous rejoindre facilement. C’est un anarchiste en fait. » Tous se tournent vers Antoine qui n’a pas lâché un mot de toute l’interview.
Arch Woodmann : « Il dit rien mais faut se méfier de l’eau qui dort. En fait il transmet des ondes qu’on ne perçoit pas.
Vincent : Et sur ton enregistrement, tu vas entendre un murmure, comme une espèce de bruit blanc et ça va être inutilisable.
Mathieu : Mais c’est un peu sympa d’avoir un mystère comme ça autour d’un pirate des trains anarchiste, non ? »
Réclame
The Wild Cruises, le nouvel EP de Botibol, est sorti chez Hiphiphip.
Botibol sera en concert à Paris pour le MaMA, le 26 octobre.
Lire le Live Report de Botibol au Printemps de Bourges
Remerciements : Antoine (Opus 64)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Botibol
Evenement(s) : Découvertes du printemps de Bourges, Printemps de Bourges
Production(s) : Hiphiphip
Ville(s) : Bourges
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