Entretien avec The Cast of Cheers
The Cast of Cheers n’est pas le fan club de la série du même nom. C’est un nouveau groupe irlandais qui vient de sortir l’album Family. On les avait croisés à une soirée Coopérative Music, leur énergie scénique avait achevé de nous convaincre. On a bu une bière avec eux – Irlande oblige – et on a papoté de tout et n’importe quoi. On a trié pour vous épargner les commentaires sur les VI Nations.
The Cast of Cheers
Family serait en fait leur deuxième album. « Dans un sens, non : Family c’est le premier album qu’on sort sur disque. Chariot, on l’a sorti nous-mêmes et on l’a offert gratuitement en ligne. Il n’a jamais existé en physique, on le voit plus comme une démo. En plus, on a pas tous joué sur Chariot. »
Avant The Cast of Cheers , il y avait un groupe appelé The Sex Biscuits, nom qu’ils ont changé en ABAM, puis en Rich Tea pour revenir à ABAM. « C’était un groupe dans lequel trois membres du groupe jouaient : Connor, John et Kev. C’était du math rock progressif. Les riffs étaient tellement difficiles à jouer qu’on passait nos concerts à se concentrer sur notre jeu. Du coup, ça donnait pas de super concerts.
Neil : Moi j’adorais, je suis allé à un paquet de leurs concerts. C’était exceptionnel !
John : Mouais, généralement il y avait 3 pelés à nos concerts.
Neil: Non, c’était excitant et explosif !
John : Sauf on a jamais eu de succès.
Neil : C’était comme la marmite [la pâte à tartiner à base de levure] : ceux qui comprenaient kiffaient, pour les autres c’était confus… bien trop compliqué.
John : Oui, alors que nous on trouvait ça bien. On pensait même qu’on faisait un truc facile à écouter. »
Apparemment ils ont toujours des problèmes pour choisir les noms de leurs groupes : The Cast of Cheers a failli s’appeler Skeleton Belly. « J’avoue, je suis pas sûr que The Cast of Cheers soit super vendeur. En plus, on a jamais pensé aux traductions, il s’exporte pas des masses non plus. Mais on a jamais pensé que ce serait drôle : c’est juste que Skeleton Belly c’était réellement pas possible ! »
Pour s’obliger à trouver un nom, le groupe a été obligé de se lancer un ultimatum de 24h. « J’aurais détesté jouer dans un groupe qui s’appelle Skeleton Belly, il nous fallait trouver une alternative. Donc on a fait une liste. The Cast of Cheers au moins c’est tellement excentrique, que personne n’en a rien à faire : nous-mêmes on a aucune d’opinion à ce sujet. Et aucun rapport avec la série, on a dû voir deux épisodes quand on était petits. Le seul problème avec ce nom, c’est qu’on nous pose toujours la question. »
Trêve de digressions, des cendres d’ABAM est né The Cast of Cheers. John raconte : « Connor et moi on bossait pas loin, on se retrouvait souvent pour déjeuner. Et quelques mois après la séparation d’ABAM, il est venu me voir avec quelques chansons. En fait, il avait déjà Chariot. Connor s’est vite remis en selle. »
Au début, c’était Connor qui assurait toutes les parties de guitares. « Mais quand on a commencé à répéter pour la scène – parce qu’on avait pas joué les morceaux sur scène, on est allé directement en studio – c’est là que Connor a réalisé que s’il jouait ses parties de guitares, il pourrait pas bouger et s’éclater. On a alors tout de suite pensé à Neil et ça a libéré tout le monde. Ca s’est fait super rapidement.
Neil : J’ai débarqué à la deuxième répét. A l’époque j’avais des billets pour l’Australie, j’avais prévu de partir pour un an je crois. Mais finalement j’y suis jamais allé j’ai décidé de rester pour jouer avec le groupe. J’espère y aller en tournée du coup ! »
Connor a monté ce groupe avec dans l’idée de garder une ligne simple. « Il voulait prendre du recul par rapport à cette musique progressive ou complexe. Il fallait qu’on puisse s’éclater sur scène, et sur laquelle les gens puissent danser. Quelque chose de rapide, d’excitant, que tout le monde puisse saisir et accrocher facilement. Si on peut faire en sorte que les gens tapent du pied à l’écoute de nos morceaux…»
Au final, The Cast of Cheers font une sorte de math rock accessible. « On écoute tous Foals ou Battles – au milieu de plein d’autres styles de musique – donc c’est naturel que notre son s’en ressente. Mais on est pas un groupe de math rock, on fait pas tous les changements de rythmes. Connor voulait vraiment mêler son envie le math rock à celle de faire bouger les gens. Et donc ouvrir le style à un public plus large. »
Leur nouvel album, plus décomplexé que Chariot, s’appelle Family. « Le dernier album était largement inspiré par la fin du monde, des livres post-apocalyptiques… Celui-ci aussi, mais y’a des trucs plus terre à terre comme les relations ou des choses dans le genre. » Neil et John essaient d’expliquer ce titre. « Mais y’a pas d’anecdote… C’est un mot à forte portée pour tout le monde, avec beaucoup d’implications. Cela dit, Connor est assez réservé, c’est pas comme s’il nous racontait de quoi parlent les chansons à tout bout de champs. »
Pour définir leur son, The Cast of Cheers s’en tirent bien mieux : ils le comparent à un robot cassé qui fait sexy. « Broken robot making sexy ? C’est juste qu’on déteste catégoriser, c’est super difficile ! Donc on répond des trucs stupides. Et si tu mates la vidéo ‘All is Full of Love’ de Björk, c’est exactement ça : deux robots femelles qui font sexy. »
http://www.dailymotion.com/video/x3asceRéclame
Family, le nouvel album de The Cast of Cheers, est sorti chez Schoolboy Error / Cooperative Music le 18 juin 2012.
Bonne nouvelle : le souhait de Neil a été exaucé : The Cast of Cheers ont deux dates en Australie à la fin juillet ! Par contre, on a pas encore de concert annoncé en France.
En attendant, vous pouvez relire le live report à la Flèche d’Or.
Remerciements : Quentin (Coop)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : The Cast of Cheers
Production(s) : Cooperative Music
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