Entretien avec Shiko Shiko
La programmation des Trans Musicales est plus qu’intéressant parce qu’autant on peut trouver des artistes conventionnels comme Hanni El Khatib ou Juveniles, que d’autres aussi barrés que les Shiko Shiko. Un groupe aussi difficile à interviewer que leur musique est à décrire. A croire que le picon-bière a des effets secondaires qu’on ne soupçonnait pas !
Shiko Shiko
Pour s’en sortir, on commence par essayer de cadrer l’interview. Filtre anti-connerie activé, ça donne ça : « Avec les copains, on s’est rencontré au lycée on a décidé de faire un groupe. On a joué dans le local des parents en fait… » Non, finalement, on va le faire en mode normal.
Pour décrire leur musique, on tombe parfois sur le terme de rock mutant. « C’est juste que c’est assez foutraque comme genre. Quand on va jouer quelque part, on donne pas de genre musical à la salle et à chaque coup ils annoncent un genre différent, c’est ça qui est beau. Donc le rock mutant, tu peux mettre un peu tout ce que tu veux dedans. Mais si tu veux frimer avec la linguistique, tu peux dire que c’est un hyperonyme. » D’autres fois, leur compositions sont qualifiées de rock mindfuck. « Certains nous ont dit que l’impression donnée était négative, que ça pouvait faire un peu trop prétentieux. Mais on aime bien cette idée, comme dans les films genre Donnie Darko ou les David Lynch, les films où à la fin, tu te dis ‘mais what the fuck ?!’ »
A noter que Shiko Shiko ça veut dire masturbation en japonais. Réflexion libre : « Le Japon, comme c’est insulaire, y’a une culture qui est assez refermée, pas consanguine mais très centrée, qu’on trouve nulle part ailleurs sur la planète. L’Angleterre aussi est une île mais la culture est à peu près la même, dû au rayonnement international de la culture anglo-saxonne. Alors qu’au japon, c’est très proche parce que t’y es en 18 heures d’avion, mais niveau culturel, tu as beau te faire toutes les images que tu veux dans ta tête, tu peux comprendre ça que si tu y vas. »
Ils disent ça mais ils ne sont jamais allés au Japon en fait. « C’est une fascination qu’on a pour le japon à cause de cette culture année 90 : on a regardé le Club Dorothée, on a joué aux jeux-vidéo, on a lu des mangas… On a toujours kiffé le japon parce que c’est un pays avec une culture super forte. » Ce qui les intéresse, c’est ce mélange de tradition et de moderne. « Y’a un réel respect de la culture chez les Japonais. On aime tout autant la musique traditionnelle japonaise et le côté très mystique de la religion shintoiste. On cherche à explorer toutes les facettes du Japon en fait. C’est pas qu’on essaie de faire de la musique japonaise ou quoi que ce soit, on parle juste de ce que ça nous évoque. Et ça fait partie de nos inspirations. »
Et sur leur carte de visite, on voit un dragon qui crie leur nom. « C’est cool les dinosaures, ça fait partie de la création du monde et tout ça… Et en plus, qu’est-ce qui te prouve que les dinosaures vont pas revenir ? Y’a un truc qui est beau dans les dinosaures, c’est des animaux nobles et en même temps, ils sont assez agressifs. Ca rejoint ce qu’on fait, parce que notre musique est assez agressive et qu’on essaie de faire quelque chose d’assez beau. Et en plus, les dinosaures ont quelque chose de mythique… » Ca devait être une fille qui vomit, et puis finalement…
Mais cette fascination pour les lézards nippons n’explique pas pourquoi le bassiste porte un masque de lutteur mexicain sur scène. « Parce que je suis la seule personne à être joli dans le groupe, j’ai pas voulu casser l’harmonie. Non, en fait, le batteur revenait des Etats-Unis et il nous en avait ramené un à chacun. Et on s’était dit qu’en concert on les porterait. Sauf qu’au concert suivant, j’étais le seul à le porter. Et pour perpétrer la tradition… » Par contre, le mec qui part déguisé en écureuil de la caisse d’épargne à une interview radio, c’est une autre histoire.
Malgré toutes ces incongruités, La Marmite a décidé de soutenir leur projet. « C’est grâce à la marmite qu’on est ici. C’est grâce à la magie qui s’opère dans le Nord-Pas de Calais qu’on joue aux Trans. C’est vraiment bien que derrière y’ait des gens qui se cassent le cul pour parler des groupes du Nord dans des festivals comme les Trans Musicales, parce que je sais pas si on aurait pu mettre un pied dedans. » La Marmite vient en force pour pas se laisser intimider par tous ces Bretons. « On vient en famille, y’a des gens qu’on connaît depuis longtemps et des gens qu’on connaît pas du tout mais y’a une bonne ambiance. Tout le monde nous aide, c’est vraiment cool. Je dis pas qu’on est cadrés, mais au moins on est pas perdus. Mais on est pas les seuls groupes soutenus par La Marmite, y’a Cercueil et Ed Wood Jr qui sont partis au festival M Comme Montréal, et ils s’occupent aussi de Lena Deluxe. »
Après les Trans, Shiko Shiko prépare les auditions régionales Découvertes du Printemps de Bourges. « Ouais, c’est pas grave si on va pas à Bourges. On fait cette audition juste pour l’opportunité de jouer à l’Aéronef de Lille. Enfin, surtout pour le catering. » S’ils jouent comme à l’Ubu, y’a moyen qu’ils le remportent.
Réclame
Les Shiko Shiko préparent un album qu’ils aimeraient sortir pour le mois de juin.
Le groupe sera en concert au Fuzz’Yon de La Roche sur Yon avec Is Tropical (interview) et Hyphen Hyphen (interview). Ils seront aussi le 18 mars au Batofar avec Underground Railroad.
Remerciements : Jérémy Spellanzon
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Shiko Shiko
Evenement(s) : Trans Musicales de Rennes
Production(s) : Laybell
Ville(s) : Rennes
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