Entretien avec Portugal. The Man
Le Transistor suivait Portugal. The Man depuis un petit bout de temps, mais impossible de mettre la main sur certains groupes américains en indépendant… Et voilà qu’Atlantic vient de les signer pour leur sixième album In The Moutain In The Cloud. Du coup, on les a choppés lors d’une journée promo sur Paris. Avec Portugal. The Man on a parlé majors, on a parlé Alaska – on a même parlé politique !
Portugal. The Man
Après cinq albums en indépendant, Portugal. The Man s’est décidé à signer avec une major. « On a longtemps discuté avant de signer avec eux. Ils aimaient ce qu’on avaient fait par le passé, et on aurait probablement fait un album semblable à celui-là avec ou sans Atlantic : c’était la direction que le groupe prenait musicalement. »
Pourtant, Portugal. The Man avait monté son propre label, le rêve de beaucoup de groupes. « On était trop paresseux… on voulait pas gérer une entreprise. Ce qu’on aimait pas dans l’idée de bosser avec un label, c’est qu’ils veulent contrôler la musique. C’est une bonne et une mauvaise chose suivant les cas de figure. En tant qu’artiste, tu dois exprimer des choses, tu dois montrer qui tu es par la musique… mais d’un autre côté, en tant que fan de musique, une opinion extérieure est toujours appréciable. »
Malgré tous les avantages que présentent une signature avec une major, le groupe a rencontré beaucoup de difficultés pour réaliser cet album. « Quand on s’est lancés sur cet album, on s’est heurté à des problèmes de communication – entre nous, avec notre producteur – et tout commençait à s’effondrer. Toutes les chances étaient contre nous, tout ce qui pouvait aller de travers… C’était bizarre. On passait notre temps à s’engueuler ou à se focaliser sur des détails, on avançait pas… » Et en fait, tout s’est débloqué quand ils se sont retrouvés entre potes. « On a enregistré dans sept studios différents à travers le pays, tous de qualités et avec un producteur de talent… Mais rien. Et pour les deux dernières semaines, on était à Seattle avec Casey Bates, avec qui on avait déjà bossé. Et dès qu’on est rentré dans ce studio, on s’est senti à l’aise. On était en terrain familier : on pouvait se taquiner les uns les autres, se relaxer… C’est là qu’on a fait une grosse partie du boulot : c’est là qu’on a enfin – après six mois à piétiner – commencé à jouer de la musique. »
De cette expérience, ils ont tiré In The Moutain In The Cloud – un magnifique album très dense. « C’est la conséquence de tout le temps qu’on a passé dessus. Toutes ces journées en studio à accumuler des couches de son pour trouver de nouvelles mélodies. Alors qu’Atlantic voulait un truc plus direct, plus simple. Donc la production est à mille lieues de ce que Atlantic avait imaginé. A la fin, c’est Andy Wallace qui a eu le dernier mot : c’est le mec en qui tu as confiance, ne serait-ce que pour Jeff Buckley. » A savoir que c’est Andy Wallace, qui a notamment bossé avec Nirvana, qui les a contactés pour bosser avec eux. « On l’a laissé faire ce qu’il voulait, en lui disant de garder en tête le White Album. Avec le groupe, on a cherché parmi nos albums préférés, et on a tous eu la même impression : on a pensé au White Album, parce que c’était un bordel, y’avait pas de cohérence, on avait 130 pistes sur presque chaque chanson… Et Andy Wallace a réussi ! Il a été très créatif, y’a beaucoup de mouvement. Et au final, cette densité permet plusieurs écoutes. »
Si Portugal. The Man est établi à Portland, les membres sont originaires d’Alaska. « Il fait tellement froid là-bas. Tant qu’on bouge, ça va – mais dès que tu t’arrêtes, tout gèle. Quand il fait -60°C, dès que tu sors, tu sens les épingles, ça fait mal ! Il fait tellement froid, y’a pas d’insecte, y’a pas de bruit… donc quand tu sors fumer une cigarette, tu peux entendre ton cœur battre. C’est tellement silencieux, c’est génial ! » C’est pour montrer leur pays qu’ils ont réalisé le clip de ‘Sleep Forever‘ à Wasilla, Alaska. « En fait on a tourné dans mon jardin, c’est les chiens et le traîneau de mes parents, et on a fait le tour, derrière la maison… Mike [Ragen, le réalisateur] a un bon œil, il a rapidement compris ce qu’était l’Alaska. En regardant les montagnes, tu comprends à quel point tu es minuscule. »
John, le chanteur, a grandi à Wasilla. Il essaie d’expliquer la réalité de l’Alaska : « Une fois, il faisait -45°, et je me réveille au milieu de la nuit parce que j’entends des chiens aboyer. Donc je sors vérifier qu’un chien ne se soit pas détaché. Je remonte le chemin et en fait le son traverse différemment suivant les températures. Les arbres gelés répercutent le son – donc en fait j’ai réalisé que c’était le chien du voisin que j’entendais, à 3km de là. Quand je suis revenu, mes cheveux et ma moustache étaient gelés. » Et l’histoire racontée dans la vidéo de ‘Sleep Forever’ n’est pas une fabulation. « Si tu perds ton équipe, tu perds ton traîneau, tu perds toutes tes affaires. Et y’a beaucoup d’histoire d’équipe perdues, les chiens qui s’entretuent, des attaques d’élan. Si tu t’arrêtes, tu meurs. Mais nous on est pas sortis du jardin de mes parents. »
Pour conclure, le groupe revient sur l’idée que leur nom si intrigant exprime. « C’est Ziggy Stardust, c’est Sergeant Pepper… Portugal c’est notre personnage. Un pays c’est un groupe de personnes avec une morale d’individu. Comme notre groupe –on agit comme une entité. Portugal c’est son nom et The Man c’est une déclaration. Pourquoi le Portugal ? Ca sonnait bien comme nom pour notre personnage. Et si on s’était appelé Afghanistan. The Man, on n’aurait jamais pu marcher aux Etats-Unis. » C’est là que John déverse sa frustration par rapport à sa nation. « On a toutes ces opportunités, il suffit de travailler pour y arriver. Le problème c’est que avec la coupe dans les budgets de l’éducation, on empêche beaucoup de gens d’y arriver. On perd tellement : les écoles ferment, en musique mais aussi en sport. Ils nous permettent de devenir les plus gros, les plus stupides et ignorants en matière de culture… Il y a beaucoup de boulot ! »
Réclame
In The Moutain In The Cloud, le sixième album de Portugal. The Man, est disponible chez Atlantic, Warner.
Portugal. The Man sera en concert le 21 novembre à la Boule Noire. Et Le Transistor vous fait gagner des places !
Pour gagner vos places pour le concert de Portugal. The Man le 21 novembre à la Boule Noire, postez un clip du groupe sur notre Wall Facebook. La manip est simple :
1 Se créer un compte sur Facebook – comment ça c’est déjà fait ?
2 Devenir fan du Transistor – donc ça aussi c’est réglé !
3 Postez sur le wall du Transistor un clip de Portugal. The Man.
Le concours se finit le dimanche 20 novembre à 17h59.
Remerciements : Elsa Delacroix qui a toujours la classe
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Portugal The Man
Production(s) : Atlantic Records, Warner
Ville(s) : Paris
Le 29/08/2011 à 18h57 J’adore la cashnon et Nadeah est vraiment jolie dans son clip, mais je trouve qu’il fout un mal de crâne à bouger autant.
[…] Dès le début du concert, Portugal. The Man s’amuse à étirer les morceaux, voire les malmener : le très psychédélique ‘All Your Light (Time Like These)’ passe soudainement en stoner et on reconnaît à peine le ‘Atomic Man’. Parfois un ancien morceau surgit de nulle part, comme le groovy ‘Guns & Dogs’ déterré de The Majestic Majesty… ajoutant à la confusion de la majorité de la salle qui ne les connaît que depuis deux albums. Et pour cause ! Le groupe gérait auparavant tout sur son propre label et ne pouvait réellement subvenir à une dis… […]
http://www.youtube.com/watch?v=XXbLVFj1lBc
Hey, depuis in the mountain, je suis fan du groupe, moi et deux amis en écoles d’art avons fait une vidéo amateur… Je ne souhaite pas particulièrement faire de vue mais juste partager la vidéo avec des fans du groupe histoire d’avoir des avis 😉
Je sais que l’article date mais je suis tombé sur celui ci il y a quelque mois en cherchant la définition du titre et il est dans mes favoris donc bon ;p
[…] pour un mois. C’est pour ça que j’ai réalisé cet album dans ce studio au Texas : c’est les Portugal. The Man qui m’ont mis la puce à l’oreille. Et puis Beach House, les Yeah Yeah Yeahs … Tous en sont revenus enchantés ! […]
Et toi t'en penses quoi ?
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