Dum Dum Girls
Le nom de Dum Dum Girls vient d’un mix entre l’album Dum-Dum des Vaselines, et la chanson ‘Dum Dum Boys’ d’Iggy Pop. Derrière ce projet, c’est Dee Dee qui avait lancé son projet solo dans sa chambre. Décrite en live comme impassible, on a rencontré ce bout de femme tout timide qui n’aime pas se mettre en avant.
Contrairement aux autres enfants, Dee Dee ne rêvait pas d’être une rock star : « J’ai grandi avec l’idée que j’allais devenir écrivain, jusqu’à ce que j’apprenne à jouer de la guitare et que je me mette à écrire des chansons. C’était en deuxième année de fac, j’avais vingt ans, par là. J’avais toujours voulu être musicienne, j’avais toujours chanté, mais je savais pas comment m’y prendre pour intégrer un groupe. En attendant, j’écrivais dans un carnet, c’était quelque chose que je pouvais faire seule. » Mais l’apprentissage de la guitare ne lui est pas venu si facilement. « J’avais essayé au lycée, et même plus tôt, mais à l’époque, si j’arrivais pas à faire un truc instantanément, je me sentais frustrée, j’avais l’impression d’être nulle, et donc j’arrêtais – c’est mon côté perfectionniste. Puis je me suis mise à apprendre avec les chansons de Bob Dylan et des Beatles, et c’était beaucoup plus simple. Avec les accords de base, je pouvais transposer mes paroles. »
L’album I Will Be sonne comme un vieil album qu’on retrouve au grenier, que l’on doit dépoussiérer. « Ces influences sixties viennent de ma maman, c’est elle sur la pochette. Mes parents avaient presque quinze ans d’écart, donc ils ont connu des enfances très différentes. Il est né à la fin des années trente, il était ado dans les années cinquante. Sa collection c’est plutôt Frank Sinatra et Billie Holiday… il trouve que mon album c’est du bruit. Mais ma mère était ado dans les années soixante, donc bien entendu Jefferson Airplane, les Beatles, les Rolling Stones, tous ces trucs. Je me suis orienté vers les Shangri-Las, je suis un peu plus rock que mon père. »
Dee Dee a enregistré son EP chez elle sur son ordi. « J’avais pas dans l’idée de monter un groupe quand j’ai commencé à enregistré, je voulais juste enregistrer des chansons que j’avais écrites. Et puis Mike Sniper des Blank Dogs a décidé de sortir l’EP chez Capture Tracks et a organisé une sorte de festival pour le 4 juillet. J’étais le premier artiste signé sur son label, donc c’était normal que je tente de monter un truc pour jouer. Mike a pris la basse, mon mari (Brandon Welchez de Crocodiles) à la guitare et Frankie Rose à la batterie – je jouais pas de guitare, j’étais trop nerveuse. »
Ce n’est qu’après qu’elle a trouvé ses musiciennes. « On se marrait bien mais c’est pas le son que je recherchais… sûrement parce qu’ils avaient appris les morceaux dans la journée. Quand j’ai réuni les quatre filles et qu’on a eu notre première répèt’, j’était soulagée, parce qu’on pouvait enfin avoir des harmonies à trois voix quand on voulait. » C’est ainsi qu’elle a débauché Frankie Rose : « J’adorais les Vivian Girls, mais elle avait déjà quitté le groupe quand je les avais vues en live, en fait elle jouait avec les Crystal Stilts quand je l’ai rencontrée. Mais elle a son propre groupe maintenant, Frankie and the Outs et c’est sa priorité : elle est sur le point de sortir un album. Elle me rend un super service et je l’adore. Elle est géniale et elle a beaucoup plus à offrir que de jouer avec Dum Dum Girls. C’est une super batteuse mais aussi une super chanteuse et compositrice. »
I Will Be est un condensé de twee-pop « C’est de nouveau à la mode de se concentrer sur l’écriture de mélodies accrocheuses. Les artistes mainstream ont toujours été considérés comme de la musique pop. Je pense qu’il est de nouveau acceptable d’avoir comme mine d’or d’écrite des mélodies très catchy, un peu bubblegum – c’est comme si les groupes se remettaient à courir après les douces mélodies. »
Dee Dee a toujours eu envie cherché à écrire de la pop. « J’ai grandi en écoutant des oldies et je me souviens de chaque chanson par cœur, tout simplement parce qu’elles sont contagieuses. Pour moi ce serait extraordinaire de réussir à ce que cinq ans après sa sortie, quelqu’un puisse chantonner une de mes chansons. Les chansons sont vraiment simples et les mélodies sont vraiment les seuls éléments que je trouve décents. » Quand aux paroles, elles ne sont pas forcément naïves. « C’est la même énergie que tu ressens quand tu es ado, et que tout est intense et sérieux, et dramatique, comme si c’était la fin du monde. Même si les sujets abordés ne sont pas complètement adolescents, ça en donne l’impression parce que j’essaie de traduire une émotion importante dans un condensé de deux minutes. »
Dee Dee a en quelque sorte monté un all-girl-band. « C’est en partie pour représenter quelque chose que je ne vois pas souvent, et aussi parce que j’aime cette énergie qui se dégage des groupe féminins. Il y a quelque chose complètement différent sur scène qu’un groupe de mecs – peut-être simplement parce que c’est moins commun, ou parce qu’il y a moins d’alchimie entre eux, j’en ai aucune idée. Mais j’avais envie de voir par moi-même.» Ce qui fait que l’attention se porte plus sur la formation que sur la musique. « C’est bizarre, surtout si on a le malheur de faire attention à notre apparence – tout ça parce qu’on porte des robes courtes. Pour moi, c’est juste notre style, ça n’a rien à voir avec la musique, mais ça fait partie de notre look et y’a rien de mal à ça – ça fait partie du rock’n’roll depuis sa conception. On doit gérer avec le côté sexiste qui vient avec le fait d’attirer l’attention en étant un groupe de nanas, mais en même temps, rien ne change vraiment si on n’attire pas l’attention dessus… »
Remerciements : PIAS
Catégorie : Entretiens
Artiste(s) : Dum Dum Girls
Production(s) : PIAS
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