Entretien avec The Pains of Being Pure at Heart
The Pains of Being Pure at Heart, c’est un groupe qui porte bien son nom : c’est de la pop pleine de sentiments amoureux. C’est simple, sucré, candide… A l’occasion d’un passage à Paris, le Transistor est parti vérifier si Peggy et Kip était aussi ingénus que leur musique le laissait penser.
The Pains of Being Pure at Heart
Malgré les difficultés depuis les débuts du groupe, The Pains of Being Pure at Heart a réussi à garder sa sincérité. Kip, à l’origine du groupe, explique : « C’est un peu parce qu’on est amis avant d’être un groupe. J’ai ce besoin très basique et ce désir d’écrire des chansons… et pour une raison que je ne cherche pas à comprendre, ce besoin a toujours été présent : j’ai toujours eu envie d’écrire des chansons. Et j’ai été dans plusieurs groupes, mais ça a jamais marché. Et quand on s’est formés, comme un groupe d’amis, l’élément de naturel probablement, mais ça s’est mis en place tout seul… C’était un accident ou peut-être de la chance, mais c’est sincère et sérieux à la fois. »
Pourtant ils ne se sont formés que pour faire une surprise à l’anniversaire de Peggy. « Oui au début c’était une blague, mais c’est une musique qui exprime sincèrement nos expériences, nos sentiments, notre ambition. En même temps, ce qui a rendu les moments difficiles supportables c’est qu’on les traversés avec des gens avec qui on serait même si le groupe n’existait pas. Sinon, ça aurait pas duré trois mois… au premier coup dur quelqu’un serait parti. Notre amitié nous donne un degré de confiance l’un envers l’autre qui nous pousse dans la bonne direction pour les bonnes raisons. C’est une contradiction certes, mais ça nous aide à tenir. »
C’est sûrement cette vision de la musique, non dirigée par le succès, qui leur donne cette fraîcheur. « Le groupe reste un projet pour s’amuser ! Il y a de fortes chances pour qu’on ait qu’une seule vie et on a cette chance de vivre d’une manière totalement magique – à mille lieues de l’expérience humaine réelle. Le fait qu’on traverse le monde en jouant de la musique, on est conscient qu’on représente qu’un millionième de la population… On essaie d’en profiter au maximum ! » Pour garder ce cap, ils ont toujours choisi leurs collaborations pour ne pas subir la pression commerciale des labels. « On a énormément de chance… On a vus d’autres groupes avoir ce genre de pression mais les labels avec qui on a travaillé n’étaient pas dirigés par l’aspect financier. Si le label sort cet album, c’est parce qu’ils adorent notre musique, et qu’ils croient en nous. » De leurs ventes d’albums ne dépendent pas une dizaine de postes. « Ca nous donne un réel avantage par rapport à d’autres groupes. Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, et pour nous c’est un poids en moins que de se dire que des familles sont pas menacées si on vend pas assez d’albums. On a pas essayé d’atteindre les étoiles, on a pas eu l’ambition de signer avec un énorme label, avec une belle avance… Mais au moins, on se sent pas redevables, et on peut faire notre musique comme on l’entend et travailler avec des gens en qui on a réellement confiance. »
En effet, le son des producteurs n’a pas entaché leur approche spontanée et un peu novice du son. « On sonne comme les Pains of Being Pure at Heart… c’est le but, on voulait pas sonner trop propre non plus comme un groupe de rock de stade. On veut garder cette idée que c’est Kip, Kurt, Peggy, Alex et Christoph qui font de la musique – qu’on sente que c’est nous qui chantons et jouons… On voulait pas d’un son sur-produit comme du Linkin Park ! On voulait garder notre identité… » Cette identité musicale, ils l’ont créée sur le premier album avec l’aide d’Archie Moore. « Le premier album a été mixé par Archie Moore qui a joué dans Velocity Girl et Black Tambourine – de grands groupes indie des années 90. Il a participé à la direction du premier album, il a influencé notre son. Mais il a réussi à faire en sorte que ça sonne comme si on était dans une chambre avec un enregistreur à cassette. » Le choix d’Alan Moulder sur le deuxième album s’est aussi fait en connaissance de cause. « On savait qu’on pouvait lui faire confiance pour nous aider sans rien nous imposer, pour respecter notre identité. Il avait travaillé avec les Yeah Yeah Yeahs – ce qui ne veut pas dire que Karen O n’a pas une personnalité en tant que chanteuse ou que les chansons ne sont pas géniales, mais le son a pris forme grâce à un autre artiste – même si c’est d’un point de vue technique. »
Le thème de prédilection des Pains of Being Pure at Heart, c’est les sentiments confus de l’adolescence, mais Belong, le nouvel album, prend une nouvelle direction. Kip, qui écrit les paroles, raconte sa démarche. « C’est juste un peu moins sentimental. Avant, c’était plus explicite, c’était des captures d’expériences… Maintenant c’est plus des instants sur le moment que cette réflexion sentimentale. Sur Belong, on a essayé d’échapper au “J’aime une fille mais elle m’aime pas…” On veut être plus évocateur que narratif, je veux plus que ça ait l’air d’être un passage de mon journal intime ! Avant c’était “aujourd’hui je me suis levé et j’ai fait l’amour dans la bibliothèque, mais ça s’est pas bien fini et maintenant je suis triste”. C’était une énumération de faits avec un résultat… et sur ce deuxième album, on évoque des sentiments mais de manière plus abstraite. »
Une autre caractéristique des Pains of Being Pure at Heart, c’est qu’ils adorent parler de leurs groupes préférés au lieu de parler d’eux. Peggy s’enthousiasme : « Mon groupe préféré quand j’ai grandi c’était Sonic Youth. Et à chaque fois ils parlaient d’autres groupes, donc ça m’a permis d’en découvrir énormément ! C’est grâce à eux que j’ai rencontré des gens, et que j’ai écouté des groupes, bien plus pop que ce qu’ils faisaient. C’est très important ! Par exemple, Rocketship est resté underground pendant très longtemps, mais je trouve que c’est cool de les connaître… En fait, avant tout on est fans de musique ! On veut partager les groupes qu’on aime.
Kip : on respecte un culte des ancêtres en quelque sorte. Je crois que si on écrivait un bouquin, et qu’on nous disait qu’on aimait notre bouquin, on en recommanderait d’autres qui nous ont aidés à l’écrire… c’est comme des notes de bas de pages en fait.
Peggy : c’est un peu une justification aussi… il y a tellement de groupes, un peu dans la même veine que The Smiths, qui sont obscurs, personne ne les connaît, alors qu’ils le méritent. Si j’ai l’opportunité d’en parler, je vais le faire… ma réelle vocation c’est prof d’art ! Non, sans rire, La musique qu’on a écoutée nous a affectés d’une manière ou d’une autre, c’est une part de nous.
Kip : c’est en partie parce qu’on a envie de partager, mais il y a forcément ce sentiment d’inconfort de parler de nous – donc on parle des groupes qui nous ont influencés. Pour créer un peu de justice dans ce monde. »
Réclame
Belong, le deuxième album de The Pains of Being Pure at Heart, est disponible chez PIAS depuis mars 2011.
Remerciements : Agnieszka et Michele (PIAS)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : The Pains of Being Pure at Heart
Production(s) : PIAS
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