Entretien avec les Kid Bombardos

Après six ans de tournée et quatre ans chez Sober & Gentle, les Kid Bombardos s’apprêtent enfin à sortir leur premier album. Pour annoncer l’évènement, un EP, Sundays, vient de paraître. Le Transistor les a rencontrés au lendemain de la release party au Point FMR. Peut-être le moment était mal choisi : nous les avons cueillis avec une belle gueule de bois… Rock’n’roll jusqu’au bout !

Kid Bombardos

On ne peut pas dire que les Kid Bombardos se soient pressés à sortir leur premier album. « Notre trip c’est de faire des CD et que ça marche, avoir de bonnes critiques, tourner, que le clip soit vu… arriver à vivre de notre musique. On a de l’ambition, mais on a pas forcément envie d’aller signer sur un plus gros label, on est très bien là où l’on est. On a pas envie d’être un produit d’une énorme maison de disque. Au final toutes les grosses maisons de disques elles se cassent la gueule de toutes façons. C’est pas la meilleure idée, vaut mieux rester sur son petit label et faire son bout de chemin tranquillement. »

Leur principe n’est apparemment pas de faire des compromis pour exploser sur les ondes. « Notre but c’est pas de passer à la radio, voire même c’était une fierté que de pas être programmés, d’être un groupe indé, faire des concerts dans des salles pourries, rock’n’roll, avec un public de branleurs. C’est pas ça la vie. On est contents si ça passe en radio, mais on fera rien pour que ce soit programmé. »

Les Kid Bombardos en interview par AnneCécile Kovalevsky

Les Kid Bombardos en interview par AnneCécile Kovalevsky

A un moment, les Kid avaient même refusé un concert de peur d’être associés à la scène de Bébé Rockers. « Bébé rockers ça veut rien dire ! Depuis tout le temps, le rock est joué par des jeunes ! Les Beatles, ils étaient hyper jeunes : leur premier album, ils avaient 10 ans ! Y’a qu’en France qu’on dit bébé rockers, tu vas en Angleterre, ils ont plus d’expérience que nous : à 17 ans ils ont déjà fait un album. Et puis faut dire que les groupes de jeunes anglais valent un peu dix fois les groupes de bébé rockers. »
Néanmoins, cet engouement médiatique pour les jeunes groupes les a bien aidés. « C’était cool cette époque ou y’avait que des jeunes… Les jeunes sortaient, à Bordeaux c’était l’apocalypse. Y’avait des jeunes qui jouaient tous les soirs, dans tous les bars de Bordeaux, au moins quatre groupe chaque soir ! Du coup, les potes venaient les voir… Et nous il se trouvait qu’on était au bon endroit au bon moment ! Ca nous a permis de faire de la scène : pendant un an, on a tourné à Bordeaux, on a fait toutes les salles de la ville plusieurs fois. Du coup, ça nous a formés à jouer sur scène. »

Ils ne veulent pas être associés avec cette scène mais entre BB et Kid il n’y a qu’un pas… « On y avait même pas pensé. Non, nous c’est pas parce qu’on est des enfants, c’est parce que c’était le surnom de notre grand-père. Et puis on avait choisi ce nom bien avant que tous ces groupes prennent leur guitare pour faire de la musique…. Et puis vaut mieux être un kid qu’un bébé, non ? »

Les Kid Bombardos ont commencé la musique très jeune. Vincent, le guitariste, s’exclame : « Vers 7 ans. Ca remonte à y’a dix ans, c’est la moitié de ma vie !! » Thomas, son grand frère à la basse, raconte : « En fait, les parents voulaient qu’on fasse une activité. Simon et moi on était sportifs, mais pas Vincent. Donc il a fait de la guitare. Et là, on s’est dit qu’on allait se mettre à la basse et à la batterie pour monter un groupe. Ensuite au collège, on a rencontré David, parce que une deuxième guitare dans un groupe, c’est mieux. Surtout le jeu de David ça a vachement apporté. »
Si la musique résonnait souvent dans la maison, ce n’est pas les parents qui les ont poussés dans cette voie. « Nos parents c’est des instituteurs, toute notre famille c’est que des profs, donc forcément ça a clashé quand on a voulu arrêter les études. Surtout qu’on a pas vraiment arrêté les études pour faire de la musique : on a arrêté d’abord les études, et après heureusement que ça a marché parce que maintenant on a que ça. »

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On leur reproche beaucoup de sonner comme les Strokes, et leur single, ‘Sundays‘, est criant de vérité. « Ouais, pas forcément. Les Strokes font partie des influences, mais pas tant que ça. En même temps, on a moins de recul. C’est la musique qu’on écoute depuis vla l’temps ! On avait cinq ans, on écoutait la banane du Velvet, alors après les Strokes, c’était la continuité. Ils auraient pas sorti Is This It, on aurait fait la même musique. »

Le grand moment dans leur carrière jusqu’à présent, c’est leur tournée en Angleterre. « Pour nous c’était énorme d’être en Angleterre, on était super heureux. Même si c’était pas facile : on a déjà joué devant zéro personne. C’est une très bonne expérience, ça construit. Si tu sais jouer devant personne au fin fond d’un truc en Angleterre, tu peux jouer partout. Au final, on se souvient plus de ces dates là que des salles remplies. Ca nous a mis bien dans le truc. En France, les gonz ils se la jouent, et quand t’arrives en Angleterre, t’es une merde. T’es comme tous les autres, une basse, une batterie, une gratte et tu fais du rock. Comme ils ont toujours fait depuis des années, alors que nous en France on croit que c’est exceptionnel, on est content de faire du bon rock… mais eux ils en ont rien à foutre. »

Les Kid Bombardos vouent une réelle admiration à l’Angleterre. « La musique en Angleterre, c’est comme l’Amerique pour le cinéma. C’est mythique ! On débarque à Londres, y’a des punks, c’est trop bien. C’est psychologiquement, t’as vu Bordeaux comment c’est ? La ville est jolie, c’est bourgeois… A l’école, on était les premiers types à avoir des all stars, quasiment à se faire insulter parce qu’on avait des converses et qu’on portait des jeans troués. Pour nous ça a toujours été synonyme de la liberté. Londres, l’humour anglais, les films anglais tout tristes genre Ken Loach. C’est sûr quand tu viens de Rennes, y’a moins de différence, mais Bordeaux- Manchester c’était le grand écart.
Ils ont même développé une théorie de la musique. « L’Angleterre c’est déprimant, c’est pour ça qu’ils ont fait les meilleures musiques du monde. Et c’est pour ça qu’ils ont tant d’humour, c’est parce qu’ils ont pas de soleil. Plus t’es dans le dark et en depression, plus tu fais de la meilleure musique. Regarde Manchester, le nombre de groupes mythiques qui sont sortis de cette ville, genre Joy Division ! C’était exactement comme on l’imaginait. En plus on est des fans de foot, alors ! On est arrivés à Manchester, on est allés direct au stade. En plus les Anglaises on adore ça, elle ont pas froid ! Les petite Françaises, lâchez-vous un peu ! C’est notre état d’esprit. »

Reclame

Sundays, le nouvel EP des Kid Bombardos est déjà disponible chez Sober & Gentle.


Remerciements : Judith (Waaa)

Catégorie : Entretiens
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