Fleet Foxes – Helplessness Blues
Rappelez vous : le quintet de Seattle avait fait fureur avec son premier album éponyme. Notamment comparé aux Grizzly Bear, Band of Horses, Elliott Smith, voire même The Beach Boys ou encore Crosby, Stills & Nash (entre autres), c’était l’album de l’année 2008. Ces surdoués, âgés d’une vingtaine d’années seulement, avaient ressuscité le folk-rock des années 60/70, et surpris tout le monde avec leur grandioses harmonies vocales.
Trois ans après leur carton, les barbus reviennent avec Helplessness Blues. En musique de fond, cet album sera particulièrement agaçant. Il est à écouter et non à entendre. D’une traite il semblera monotone… Semblera seulement, car d’une oreille attentive, il recèle de petits bijoux.
Toujours adeptes des guitares roulantes, des chœurs, des mélodies médiévales, les Fleet Foxes conservent leur style atypique intact… ou presque. Moins posé, ce nouvel opus surcharge les instrumentations, notamment pour ‘Grown Ocean‘, et a tendance à étouffer la belle voix de Robin Pecknold.
On ne peut pas dire qu’ Helplessness Blues est moins bon, les troubadours évoluent plutôt vers une musique moins accessible, plus appliquée et subtile, tirant sur ce qui a fait leur succès. Fleet Foxes fricote davantage avec le psychédélique et s’inspire ici de Roy Harper. Il faut du temps pour habituer son oreille à leurs harmonies vocales, aux arrangements ancestraux, pour apprivoiser leurs mélodies complexes. Le sens du détail prévaut dans cette nouvelle production, qui a d’ailleurs été enregistrée deux fois.
Souvent, on a à faire à plusieurs chansons en une. ‘The Shrine An Argument‘ pourrait en regrouper quatre – on saluera la dispute entre les cuivres et les cris poignant du saxophone free jazz (6’27 de la piste) – et illustre l’articulation générale des morceaux, entre sérénité et tension. ‘The Cascades‘ est un retour au sources : ravissant instrumental boisé, mélancolique et délicieux. ‘The Plan Bitter Dancer‘ est la meilleure représentation de l’album, entre alternances de tons et de rythmes, guitares et chœurs célestes.
Si la première écoute vous dissuade, forcez-vous et ré-écoutez. Dissonant dans sa globalité ? Perturbant ? Moins percutant que l’invasion de la flotte de renards en 2008 ? Évolution logique du groupe, ce blues du sentiment d’impuissance prend une nouvelle couleur si l’on s’attache aux détails.
Reclame
Helplessness Blues, le deuxième album des Fleet Foxes est disponible depuis le 2 mai chez Cooperative Music.
Les Fleet Foxes seront en concert le 30 mai au Bataclan, Paris.
Remerciements : Michael (Cooperative Music)
Catégorie : Albums
Artiste(s) : Fleet Foxes
Production(s) : Cooperative Music
“Si la première écoute vous dissuade, forcez-vous et ré-écoutez.”
On ne pouvait pas mieux cerner la chose.
Ce disque est magnifique, et plus je l’écoute plus je me conforte dans cette idée (malgré en effet mon scepticisme initial). On décèle toujours de nouveaux détails subtils au fil des écoutes. Des morceaux comme Montezuma, Helplessness Blues, Sim Sala Bim, ou en effet The Shrine sont précieusement merveilleux.
Merci les Fleet Foxes! 🙂
Et toi t'en penses quoi ?