Miles Kane

Alors que Miles Kane était à se dorer la pilule à Bourges, Le Transistor lui a posé quelques questions. Après l’expérience The Rascals, après son duo avec Alex Turner sur The Last Shadow Puppets, Miles Kane se lance en solo avec son Color of the Trap. En véritable Liverpudlien, il a un accent à couper au couteau, ponctuant toutes ses phrases d’un ‘d’you know what i mean‘. Portrait d’une future star.

On vient de confirmer que Gruff Rhys, avec qui Miles Kane a composé l’album, remplace The Vaccines au pied levé juste avant son concert. « Ah ouais, c’est cool ! Je suis vraiment content, je l’ai encore jamais vu en live. Donc je suis ravi que The Vaccines puissent pas jouer. » On embraye alors sur sa collaboration avec Gruff Rhys, et là on sent qu’il passe en pilote automatique. « On s’est rencontré y’à quelques années, et y’a environ un an, je lui ai envoyé des démos. Il a été très enthousiaste et donc on s’est retrouvés tous les deux, avec un batteur, pour enregistrer l’album. C’était les meilleures semaines de ma vie. » Il prend sa respiration et récite. « Il m’inspire tellement, et j’ai tellement appris de lui. J’avais déjà deux chansons, Kingcrawler et Take the Night from Me. Mais on a aussi écrit une chanson ensemble, Quicksand. C’est très pop, et avant j’avais jamais fait un truc aussi pop. Donc ça me faisait peur de faire des ‘tududup’… mais il m’a dit que c’était cool, donc je me suis lancé : il m’a ouvert des horizons. »

En parlant de collaboration, Miles Kane a aussi travaillé avec Noel Gallagher. « Nan, tout ce qu’il a fait c’est les chœurs… On en était au mixage, l’album était presque fini. Il est juste passer dire bonjour, prendre un café tranquille. J’étais sur le point de finir les harmonies, et donc il est entré dans le studio… C’était un de ces moments parfaits : c’est rien de spécial, mais c’est un de ces moments dont tu te souviendras toute ta vie ! »

Miles Kane

Miles Kane a pris son temps pour se lancer en solo. Apparemment, tout est une question de timing. « Les Last Shadow Puppets est un projet toujours en cours, mais si mon groupe The Rascals avait pas splité, je jouerais encore avec eux. » L’amertume semble toujours le mordre. « C’est pas moi qui ai choisi de spliter : y’avait des soucis avec le label, et avec le groupe ça collait plus. C’était génial, certaines des chansons étaient très bonnes, mais avec les gars… Je suis aussi bon qu’eux, pourquoi ça marcherait pas ? Et j’ai la motivation et la confiance qu’ils n’ont pas. Donc je peux le faire ! »

A l’écoute de Colour Of The Trap, on a l’impression que cet album était prêt depuis longtemps. « J’avais quelques chansons comme ‘Kingcrawler‘ et ‘Take the Night‘ depuis un certain temps, c’était les premières. ‘Kingcrawler‘ c’est comme une bande son, un peu tribal. Et ‘Take The Night From Me‘ c’est une chanson sentimentale à la Elvis. En fait, j’avais tellement de démos pour cet album, mais elles étaient vieilles, il fallait que je fasse les arrangements. Peut-être qu’il y avait des idées ici ou là, mais elles étaient pas abouties. Donc j’ai pris des bouts de ces démos : un refrain ici, un riff là pour faire une chanson. Par contre, ‘Come Closer‘ je l’ai écrite en une après-midi chez moi… C’est une bonne introduction à l’album. Elle va droit au but, pour créer l’impact. »
Le titre énigmatique de l’album vient d’une chanson. « J’avais jamais mis autant d’émotion dans une chanson, et je chante pas aussi doucement d’habitude. Je raconte que mes sentiments passent du noir au bleu… Et pour un titre d’album, ça rend bien, ça sonne bien : ça pourrait être un film de James Bond ! »

Miles Kane puise son inspiration dans la vie de tous les jours, allant jusqu’à dédier une chanson à son inhalateur. « Sur cet album, je parle beaucoup de mes sentiments pour une fille. Mais pour ‘Inhaler‘, en fait, je voulais faire une chanson à la Elvis Costello sur ‘Pump It Up‘. Au début, je trouvais pas quoi crier sur le riff, rien ne collait. Et là je sors mon inhalateur, donc pour me marrer, je crie ‘inhaler’ et c’est unique !! et en live ça doit être celle qui marche le mieux ! » Ne perdant pas le nord, il s’assure de notre présence à son concert.

C’est à ce moment que Yarol Poupaud et Winston McAnuff passent et s’arrête pour le saluer. Plus assuré, il continue. « Je crois que c’est un très bon album, qu’il a tout : les chansons sont puissantes, elles sont catchy, et les gens peuvent se projeter, non ? C’est encore le début, mais j’espère que d’ici la fin de l’année je jouerais dans de grandes salles… Parce que je vais pas mentir, j’en ai envie, tu comprends ? Je veux des gens qui chantent les paroles de mes chansons. »
Il voulait un album avec son identité propre. « Il faut que ce soit moi, et mais il faut aussi que ce soit frais ! Quand je l’ai enregistré, je voulais pas de chansons de plus de trois minutes, et si c’est calme ou lent, que la batterie ne change pas. Quelque chose de classique, de simple, de direct… aucune confusion ! Quelque chose de simple avec de jolies mélodies, et c’est tout ! » Parfait pour grimper les charts donc.

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Miles Kane est impatient que l’album soit dans les bacs. « Je me suis laissé porter… mais une fois la décision prise, il faut travailler d’arrache pied, et on se sent nerveux, mais je savais que je pouvais le faire. Et je me disais, quand ce sera fini, je ferais les photos et les interviews, parce que j’adore ça ! » Il faut admettre qu’il a tout d’une star : bague, gourmette et chaîne en or plaqué sur chemise légèrement ouverte. « Je voulais m’assurer que l’album soit bouclé avant de faire une quelconque interview ou n’importe quel concert… Pour qu’il n’y ait aucune confusion sur le projet. Mais je suis content d’avoir suivi cette démarche, parce que ça m’a tué de pas jouer ni de donner d’interview pendant un an et demi. Parce que la meilleure sensation au monde c’est de jouer ! J’étais pressé qu’il sorte, mais maintenant, je suis content qu’on ait pris le temps, parce que je suis plus à l’aise. »

Rompu à l’exercice des interviews, il demande si on a tout couvert, puis s’en va pour un sound check en laissant dans son sillage un air surchargé de parfum.

Réclame

Colour Of The Trap, le premier album solo de Miles Kane, sort le 9 mai.
Notre avis sur sa présentation d’album au Point FMR


Remerciements : Sony

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3 réactions »

  • Rock en Seine 2013 – Jour 1 | Le Transistor :

    […] On aurait pu passer à côté de ce concert comme on était passé à côté de son album The Messenger. Pendant des années, l’ancien co-compositeur des Smiths a su faire parler de lui tout en restant discret. Quand Morrissey culminait en solo, Johnny Marr cumulait tranquillement les collaborations prestigieuses. Et pour ses cinquante ans, le guitariste s’offre son tout premier album sous son propre nom. Mais une fois de plus, Johnny Marr ne prend pas de risque car ses nouvelles compositions se confondent avec les morceaux des Smiths. Il aurait pu se mettre en valeur en jouant les albums auxquels il a contribué au fil des années, comme les Pet Shop Boys, Beck, Bryan Ferry, Talking Heads… mais il se serait transformé en jukebox ambulant. Respectant son choix de rester dans l’ombre de son succès, on ne peut qu’admirer son style scénique qui en a influencé plus d’un, à commencer par Oasis et Miles Kane pour ne citer que les plus évidents. […]

  • Rock en Seine - dernier jour - Le Transistor | Le Transistor :

    […] pour The Last Shadow Puppets… Le fait est qu’impatient d’explorer les salles du monde entier, Miles s’est associé à Gruff Rhys pour pondre son premier album. Colour of the Trap a clairement été conçu pour constituer un bon set : aussi Miles pourra chevaucher sa guitare sur […]

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