C’est vrai qu’on ne fait pas un métier facile. C’est vrai qu’on galère un peu chaque jour. C’est vrai qu’on nous prend parfois pour des cons. C’était d’ailleurs, à l’origine, l’objet de mon éditorial de cette semaine. Parce qu’il est vrai qu’on nous rend la vie un peu difficile, parfois. Nous ? Les photographes de l’industrie de la musique.
Assis sur le lit d’un hôtel de luxe en attendant la dernière sortie de Sony ou posté entre une scène et un public dans un petit crash barrière, le photographe de musique a pourtant objectivement une vie bien agréable. Et puis surtout il a une vie.

Depuis cet après-midi ce n’est plus le cas de Lucas Dolega. Alors qu’il était en reportage à Tunis pour couvrir les récents évènements politiques, Lucas a été touché à la tempe par une grenade lacrymogène. Délibérément visé par la police, Lucas a été gravement blessé. Il s’est éteint trois jours plus tard à l’âge de 32 ans. Mort pour son métier : l’information.

J’avais rencontré Lucas il y a quelques années quand j’étais rentré dans ma toute première agence de presse. Lui venait d’arriver chez EPA. On s’était souvent croisés à l’époque, et puis, m’étant éloigné de l’actu quotidienne, je ne l’avais revu qu’épisodiquement, de temps à temps, sur des “coups qui bougent”. On s’était recroisé il y peu, par hasard, au Bataclan lors du concert de MGMT. Humble, foncièrement gentil, fier de son métier, Lucas était un photographe avec qui il faisait bon vivre et travailler.
Une sorte d’exemple à méditer.

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