Khruangbin et Peter Cat Recording Co. à l’Olympia

Gigantesque tournée mondiale, gros producteur, salles d’au moins 2000 places… le groupe essentiellement instrumental Khruangbin a logiquement fait le plein de ses deux Olympia en quelques minutes. Texans, mais musicalement worldwide +++, puisque le trio oscille entre funk thaï, disco, psyché, pop romantique, influences iraniennes, caribéennes, maliennes ? péruvienne ? Il n’est pas étonnant de retrouver en première partie le groupe indien Peter Cat Recording Co., originaire de New-Delhi, qui mélange pop, funk, électro, cabaret… Entre perruques, trompette, glamour, voix de crooner… on s’attend donc ce soir à un sacré trip.

Peter Cat Recording Co.


Même si au premier abord ses musiciens semblent discrets, à l’image de son leader Suryakant Sawhney (aka Lifafa), le groupe indien réserve pas mal de surprises et de séquences ultra-énergiques. Leur dernier album BETA est pas mal représenté, avec ses titres romantico-pop saupoudrés de trompette ou d’harmonium. Sympa, mais nous, on est davantage dans le mood des disques précédents comme Bismillah ou Portrait of a time, avec les titres les plus dansants, comme ‘Soulles Friends’, ‘Floated By’ ou l’incroyablement disco-soul ‘Memory Box’, gavé de cocottes wah et d’envolées de violons (of course synthétiques, dommage) à la Barry White, carrément. Highlight sur l’incroyable ‘Portrait of a time’, qui démarre en mode crooner de cabaret jazzy, puis part en sucette avec sa trompette festive de brass band de Louisiane, et au beau milieu, un pont carrément hypnotique à la guitare filtrée qui n’est pas sans rappeler ‘Creep’ de Radiohead !

Bien joué, ils relancent une autre longue transe avec orgue saturé, sur ‘Love Demons’. Encore une fois, on est pris par surprise après une intro aux antipodes, à base de guitare-voix romantique. Et ça ne loupe pas, la salle pleine (bar dans le hall quasi vide !) a le sourire et sautille de bon cœur. Il semble que personne ne voulait manquer cette surprenante première partie. En tout cas, nous, on en redemande !

Khruangbin


A peine entré sur scène, le trio en impose direct, avec le style inimitable du guitariste et de la bassiste Laura Lee : coiffes brunes épaisses, démarche lente et langoureuse de long en large de leur décor constitué de marches blanches. Ils sont clairement venus pour défendre leur dernier album A la sala puisqu’il est joué en entier, et dans l’ordre, durant la première heure du concert. L’entame est douce comme ‘May ninth’, avec les murmures de Laura Lee sur fond d’arpèges de stratocaster enveloppants.

Assez vite on arrive à ‘Pon Pon’, bijou de groove éthéré qui fait instantanément chalouper l’audience, et pas qu’en fosse ! Et même si ensuite certains titres sont plus minimalistes, on ne ressent aucun temps mort. C’est même hyper agréable de se laisser bercer dans ce cocon feutré qu’est l’Olympia, en contemplant deux êtres semblant glisser sur leur escalier. Ils se servent également d’écrans diffusant vidéos psychés, paysages de vacances, et même une madame asiatique se trémoussant en secouant son popotin dans la rue. On a bien rigolé.

Encore plus tripant : ‘A love international’, morceau emblématique de ce groupe ovni, d’une mélancolie et même d’une sensualité qui n’a besoin d’aucunes paroles, émanant simplement de quelques arpèges de guitare réverbérée. On a également droit à une petite attention géolocalisée avec une reprise de ‘La Javanaise’, évidemment instrumentale. Laura et Mark donnent ensuite un peu plus de leur voix sur la jolie ballade ‘So we won’t forget’, titre sans doute le moins instru.

Mais c’est déjà le final, sur cette bombe funk qu’est ‘People everywhere’ et qui ressemble à un solo de guitare de trois minutes ultra dansant, avec évidemment tout le groove de Laura Lee et du batteur Donald Johnson. Ca hurle et ça danse ; on ne voudrait pas que ça s’arrête. Car oui, un live de Khruangbin, c’est un peu comme une expérience chamanique, voire une thérapie.


Remerciements : Laurence Alvart [STAGE OF THE ART]

Catégorie : A la une, Concerts
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