The Coral
The Coral, c’est l’histoire d’un groupe qui a tout pour réussir : les membres sont des amis de longue date, leurs chansons pop sont de qualité et leurs paroles sont recherchées. Ils ont enchaîné les tubes (‘Dreaming of You‘, ‘In the Morning‘, ‘Pass It On‘), les éloges de stars (Noel Gallagher), les récompenses de magazines (NME) et pourtant… A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, Butterfly House, j’ai eu la chance de pouvoir leur poser quelques questions.
Ils ont l’air fatigué, je ne vais pas les brusquer. Commençons par leur dernier album puis remontons aux sources pour mieux les cerner. Butterfly House, le dernier né, et leur album préféré apparemment, traite de la perte de l’innocence. “En fait, c’est en partie sur la perte de la magie de ce monde, parce que maintenant tu peux accéder à toutes les informations possibles et ce, à n’importe quel sujet. Avant, quand tu voulais un album, il fallait aller le chercher. Tu rêvais de l’album, maintenant, tu pianotes sur ton ordi, et tu le trouves. Et c’est positif, je le fais moi-même. Mais on a perdu du mystère et de la profondeur. C’est pas tant l’effort que ça implique, c’est qu’il n’y a plus de voyage pour l’obtenir. Peut-être qu’en chemin, tu aurais rencontré la femme de ta vie, qui sait ?
En plus, dans l’attente, tu t’imaginais l’album de tes rêves, là t’as même plus le temps d’y penser que tu l’as déjà. Tout est à portée de doigts, ce qui est génial, mais certaines choses devraient être préservées. Cette perte de magie, c’est pas le concept de tout l’album, c‘est plus une chose à laquelle on a réfléchi.”
L’album a été intitulé d’après la chanson ‘Butterfly House’, la maison des papillons, qui serait une métaphore : “La maison des papillons c’est l’endroit où tout et tout le monde se retrouve : là où tu écris tes chansons. Toutes les idées gravitent et tu as juste à les attraper au vol. C’est là que la magie s’opère. Un phénomène inexplicable.
Mais nos chansons sont toujours ouvertes à interprétation : tant que ça signifie quelque chose pour quelqu’un, peu importe l’intention de départ. Chacun a son histoire et va y lire ce qu’il veut avec son expérience.”
Cet album a été produit par le légendaire John Leckie, qui a notamment travaillé avec les Stone Roses et Radiohead – excusez-moi du peu : “Il avait exprimé l’envie de bosser avec nous et nous on adorait son travail. Quand il a écouté nos démos, il nous a assurés qu’il pouvait le rendre encore meilleur, sans pour autant détourner notre travail. On a suivi ses conseils, parfois on a repris des chansons du début, sur d’autres on modifiait juste un refrain ici ou là. Quand on voit tout ce qu’il a fait, on ne peut que lui faire confiance. Maintenant, c’est notre son, avec notre matos, et c’était aussi son choix de nous laisser nous en charger. S’il aimait pas, il nous le disait, mais il nous imposait rien. Il s’est chargé de rendre les morceaux plus vivants, plus énergiques.
On travaillait des journées entières avec lui. Il était là pour l’enregistrement des basses et des batteries, il mixait tout jusqu’à arriver exactement à ce qu’il recherchait… Il est méticuleux, mais tout comme nous, donc on s’est retrouvés là-dessus.”
En 2008, The Coral sortait un double album de singles. Quelle était la recherche derrière cette démarche ? “Il y avait deux idées derrière cette compilation : d’une, le label essayait de nous relancer avec un best-of. Et de deux, c’était l’opportunité de montrer aux gens ce qu’on avait fait jusqu’à présent. C’était aussi une manière de faire une rétrospective de ce qu’on avait accompli, de créer une césure entre le avant et le après Bill. Pouvoir mettre un point final et commencer une nouvelle page sans lui.
Il y avait aussi cette chanson qui est sur la B side du best of, When All the Birds Have Flown : j’avais vraiment envie de la mettre sur le dernier album et j’étais dég de pas pouvoir le faire. Donc en tant que nouveau groupe à cinq, on l’a reprise et on a enregistré cinq nouvelles chansons, pour nous re-donner un peu confiance, pour avancer. J’ai pu remanier certaines compositions comme je les avais toujours imaginées. Donc au final, c’était positif.”
Leur guitariste Bill Ryder-Jones, a définitivement quitté le groupe, après une période de flottement, en janvier 2008. Quelles ont été les conséquences de ce changement au sein de la formation ? “En fait, dans un sens c’était plus simple. C’était génial avec Bill quand on s’entendait tous, quand on ne faisait qu’un. Mais ensuite, c’est devenu compliqué, et agréable pour personne. Il n’y a aucune tension, mais ça fonctionnait plus. A la fin c’était un soulagement, c’était plus simple dans un sens de se séparer : c’est impossible à tenir quand on est plus un groupe mais six personnes à vouloir des choses différentes.” Malgré tout, Bill a laissé quelques séquelles… Le dernier album studio, ‘Roots & Echos’, sorti en 2007, a été encensé par les critiques. Pourtant les ventes n’ont pas été à la hauteur. “On a eu des difficultés, parce que quand Bill est parti pour la première fois, et donc on a tout arrêté. On a pas tourné pour cet album, à peine une première partie des Arctic Monkeys. Avec pratiquement aucune promo, on peut dire que l’album s’est bien débrouillé !”
Couronnés parmis les meilleurs albums de 2010, décrétés influence des Artic Monkeys, annoncés par Noel Gallagher comme en avance sur leur temps. Et pourtant, ils ne sont pas amers. “Tout le monde sonne à peu près pareil, tout ce que tu écoutes en radio, ça se ressemble. Petit à petit, cette monotonie te détruit l’esprit. Si tu brises cette répétition, le monde peut s’effondrer : ils ont tellement peur qu’on les zappe. Si tu es nouveau, tu as plus de chances de passer en radio – sans même avoir besoin d’être bon.” Au bout du compte, même si Sony les a laissés tomber, ils gardent la tête haute. “Sony nous a droppés en milieu d’album, ils ont écouté ce qu’on avait fait, et on dit que ‘Butterfly House’ n’avait pas de potentiel commercial. L’histoire c’est qu’on avait la chance d’exploser en Europe et on a merdé. Mais on n’a pas besoin d’être énorme en Angleterre, par le biais de Coop [leur nouveau label indépendant] on peut réussir quelques ventes un peu partout en Europe, et tout additionné, on s’en sort mieux qu’à s’obstiner sur les radios britanniques – on veut pas se mettre à genoux non plus. Cette nouvelle mentalité enlève un peu de pression.”
Quant à leurs projets après cet album, je tâte le terrain du côté de Noel Gallagher. Après tout, il leur avait permis d’enregistrer le fameux Roots & Echos, leur fournissant studio et instruments. Maintenant libéré de ses ondes négatives et de ses démons familiaux, je me plais à espérer une collaboration avec ses idoles.
Réclame
Butterfly House est sorti le 12 juillet chez Cooperative Music
Remerciements : Cooperative Music
Catégorie : Entretiens
Artiste(s) : The Coral
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