La Route du Rock 2016 – vendredi avec Minor Victories

Premier jour au Fort Saint Père pour La Route du Rock 2016. Pour une fois, il fait beau, et beaucoup s’en retrouvent désarçonnés. Le festival démarre en douceur avec la folk teintée de blues de Kevin Morby, la pop bubblegum de Belle and Sebastian, la fascinante electro lunaire de Haelos, le super-groupe Minor Victories tant attendu, les platines lourdes de Pantha du Prince pour finir sur le voyage musical de Gold Panda.

Kevin Morby

Doucement, Kevin Morby tire le public de sa sieste à coup de chœurs et de mélodies teintées de nostalgie. Une légère tempête se lève sur scène pour Harlem River, mais retombe rapidement. D’une voix claire, il enchaîne avec ‘All of My Life’, accueilli avec enthousiasme par le public. Oscillant entre des mélodies empruntées à Peter Doherty et une imitation de Bob Dylan, le jeune artiste fait mouche.

De nature optimiste, il raconte qu’il a loupé son avion, mais qu’il est arrivé sur site une bonne heure avant son set – large ! Il part sur ‘Where She’s Gone’, morceau plus enlevé, même si chaque accord semble réfléchi. Seulement sa version live ne fait pas honneur aux magnifiques arrangements de son dernier album Singing Saw, aussi son ‘I Have Been to The Mountain‘ en pâtit. Et quelque part, cette assurance glanée au fil des tournée a fait perdre de son charme à ses compositions intimistes.

Belle and Sebastian

Ce n’est pas la première fois qu’on croise la troupe de Belle and Sebastian, et il faut bien admettre que les années passent mais leur enthousiasme ne retombe jamais. Les paroles sucrées, à la limite du kitsch, tentent de mettre du baume au cœur à coup de keytar et melodica à cette petite Route du Rock. C’est la bande son parfaite pour un film récompensé au Sundance festival.

“Qui a pris toutes ses drogues d’un coup ?” s’exclame Stuart Murdoch avant de partir sur un sifflotement insouciant chercher des festivalières en marinière pour les faire danser sur scène. Bientôt c’est une bande de bisounours qui font la fête sur scène, avec lampion de toutes les couleurs, claquant des doigts ensembles, comme dans une émission de Disney. En fait, ce groupe tourne pour être avec les gens, et oublier le climat écossais. Dommage, parce que certaines mélodies mériteraient d’être approfondies.

Haelos

Sur le papier, Haelos c’est un producteur Dom Goldsmith, qui a mis deux compositeurs avec qui il travaillait en contact, Arthur Delaney et Lotti Bernardout. Sur scène par contre, ils sont six, avec deux batteurs qui se font face chacun à un bout du plateau. Et si la production de leur premier album Full Circle se veut assez electro, en live le trio est du coup beaucoup plus rock. Cependant, Athur n’a pas la profondeur de voix de Lotti, et quand il s’elance seul, le soufflé retombe : c’est ensemble que leur force se fait sentir, et que l’évidence s’impose.

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Minor Victories

Pour reprendre, Minor Victories, c’est Justin Lockey, guitariste d’Editors qui a voulu tenter un truc avec Rachel Goswell de Slowdive. Pour concrétiser le projet, ils ont embarqué Stuart Braithwaite de Mogwai, et le frangin de Justin, James Lockey – plus réalisateur que musicien mais qui a fait de superbes vidéos. Pour l’album, ils se sont même fait plaisir en invitant Mark Kozelek aka Sun Kil Moon et James Graham de The Twilight Sad.

Bien entendu l’attente était grande pour la transformation live de ce super groupe. Et quand apparaît Rachel tout de paillettes vêtue comme à son habitude, on se prépare à pleurer, comme elle avait réussi à nous émouvoir quelques années auparavant sur cette scène. Mais rapidement, il faut admettre que ce super groupe est moins bon que chacun des groupes respectifs. Le public attend, en vain, que le concert décolle.

Ca applaudit mollement dans la foule, et de fait, les chœurs sur ‘Scattered Ashes’ pourrissent le chant de Rachel. Vers la fin du set, sur ‘Higher Hopes’, les guitares reprennent enfin le dessus, et les nappes de synthés volent en éclat. Et le final sur ‘Out To Sea’ réussit sa montée en pression conquérante. Mais il est clair que ce groupe manque d’alchimie… Finalement le super groupe régit par mail n’est pas la formule magique.

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Pantha du Prince

Dans une combinaison d’apiculteur, Pantha du Prince balance des touches synthétiques légères et insouciantes. Elle s’arrêtent soudainement de danser et s’assombrissent… on sonde le grand écran derrière lui, mais l’illustration est énigmatique. La musique nous emmène explorer les fonds marins, on rencontre une grosse déflagration, et on repart sur un beat bien vénère. Il est peut-être encore un peu tôt dans la soirée pour toutes ces basses. Mais au moins le festival se réveille un peu : enfin certains grimpent sur les épaules de leurs camarades.

Gold Panda

En quelques séquences à peine, on se dit que Gold Panda a plus de choses à raconter que Pantha du Prince. Déjà la densité de son est moins plombante ! Avec seulement quelques images de macro en fond, le beatmaker nous raconte son voyage, à l’aide de sample d’instruments croisés au Japon. Bien sûr on est loin des carnets de voyage de Chassol, mais le résultat est vivifiant ! Loin de fasciner ou de scotcher son public, il l’entraîne dans une danse étrange.

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Remerciements : Maxime Lecerf

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