Pour ouvrir le festival de La Route du Rock à la Nouvelle Vague, les programmateurs ont décidé de mettre la batterie à l’honneur. En première partie, Usé, c’est Nicolas Belvalette, de Headwar, qui a décidé de partir en solo, pour atterrir chez Born Bad. Mais pour le coup, sur scène il est tout seul derrière une batterie, presque à poil. Et La Colonie de Vacances, c’est tout le contraire : quatre groupes – Papier Tigre, Marvin, Pneu et Electric Electric qui jouent ensemble, simultanément, aux quatre coins de la salle.

Usé

Une boucle sombre plante le décor, Usé boit une grosse lampée et debout derrière son arme, se démonte sur sa batterie. Il accélère la cadence, et ses cheveux accompagnent le mouvement de chaque pèche sur la ride. Il y met tellement d’énergie, que sur la fin du premier morceau il est comme propulsé de deux pas en arrière. Non seulement il est seul sur scène, mais comme il sue à grosses gouttes, le voilà déjà torse nu dans cette ambiance post-apocalyptique. Une véritable performance de batterie (mais à mille lieues de Phil Collins !)

Une alarme retentit – et on n’ose croire à une blague, impassible Usé continue sur sa lancée industrielle. Pour agrémenter l’atmosphère si froide, il rajoute un chant d’outre-tombe, laissant parfois échapper des onomatopées. Bientôt, le public pousse des cris de délivrance, voire de joie. Mais à courir comme ça derrière une batterie, il a besoin d’une pose, aussi on part dans un délire bal musette, avec solo de parties génitales. Il reprend une énorme lampée et se replonge dans les entrailles de sa batterie. La foule commence enfin à s’agiter quand il se met à mitrailler. Par contre on a pas compris ce que ‘Billie Jean‘ de Michael Jackson venait foutre ici.

La Colonie de Vacances

La Colonie de Vacances, c’était à la base juste le nom d’une tournée en 2010 des fleurons de la noise expérimentale française : Papier Tigre, Electric Electric, Pneu et Marvin. Est-ce en chemin qu’a germé l’idée de jouer aux quatre coins de la cour du château de Tours pour le festival Rayon Frais ? Le fait est que six ans plus tard, cette quadriphonie reste une performance qui vaut le détour. Cerné qu’on est par les quatre scènes, ce n’est plus un concert, mais une installation d’art moderne.

Le dispositif est impressionnant. Au départ on ne sait où regarder. A voir les descentes de toms s’enchaîner d’un groupe à un autre, difficile de savoir qui tient les rênes. Car les passages d’un rythme à un autre, et d’un style à un autre sont très fluides. Les quatre groupes montent en pression, alors que nous-mêmes sommes prêts à lâcher devant tant de tensions, et poussons un soupir de soulagement physique pour eux. Sauf qu’ils sont partis pour plus de deux heures de show !

Dans l’assistance, certains se regardent, amusés, n’osent pas trop bouger ou tourner le dos à une des scènes, certains tournent d’un groupe à un autre pour les observer sous toutes les coutures, certains s’asseyent dans les gradins pour profiter d’une vue d’ensemble, et au milieu, la foule danse. On s’accroche au fil drone qui parcourt la fosse, on attrape l’exaltante énergie échangée au-dessus de nos têtes, impossibles d’échapper aux frissons. Sur un morceau macabre mais dansant, une chenille s’organise même, avant le pogo central. Standing ovation (les bras levés du coup) méritée !

Réclame

Chien d’la Casse, le premier album d’Usé est paru chez Born Bad Records.
La Colonie de Vacances sera en concert au festival Rockomotives
Lire l’interview d’Electric Electric

Remerciements : Maxime Lecerf

Catégorie : A la une, Concerts
Artiste(s) : Electric Electric, Marvin, Papier Tigre, Pneu, Usé
Salle(s) : La Nouvelle Vague
Evenement(s) : La Route du Rock
Ville(s) : Saint-Malo