La Route du Rock 2015 – samedi
Deuxième jour de La Route du Rock 2015 au Fort de Saint-Père. La programmation de la journée, validée par Björk, prenait tout son sens avec sa performance, donc ce samedi s’est retrouvé bien déséquilibré. Mais étant donné les rumeurs indiquant qu’elle avait fait le choix d’annuler afin de garder la garde de sa fille, Le Transistor ne peut lui en vouloir. Au final, on a découvert le maladroit Only Real, les déroutantes Hinds, et les écorchés The Soft Moon, on s’est pris une claque par Spectres et on a failli aimer Foals.
Only Real
Pour bien démarrer la journée, Only Real propose une pop bricolée, aux refrains radicalement accrocheurs et de surprenants refrains rappés. Avec un artwork très bande-dessinée, le Londonien rouquin semble débarquer d’un autre monde. Encore débutant sur scène, Niall Galvin tente de créer un lien avec le public, mais c’est les chœurs d’enfants qui désarmeront plus que ses excuses de paroles oubliées, car après tout, le public ne l’aurait jamais remarqué.
On aime le côté frais, positif de ses morceaux, qui balancent des bisous, ou célèbrent le rayon de soleil. Comme Niall Galvin semble un peu stressé, le Londonien – perdu dans des fringues XL – tente de jouer son lover-crooner avec la foule. Mais il est évident qu’il est encore balbutiant, car son guitariste le félicite sur les morceaux qu’il n’a pas écorchés ! En fait, ce set donne l’impression d’une grande récréation, avec des bulles de cartoon qui se baladent au-dessus des musiciens ! Malheureusement, le côté un peu bordélique fait que le public ne sait pas trop quand taper dans ses mains… Aussi, pour ‘Cadillac Girl’, le jeune chanteur prépare le public pour qu’il puisse reprendre en chœur !
A voir au festival El Dorado au Café de la Danse.
Kiasmos
Un peu étonnant le set de DJs à cette heure…
Hinds
Retour sur la Scène des Remparts pour la découverte ibérique : Hinds c’est quatre nanas qui font dans la pop 60s un peu sucrée mais loin d’être naïve. Très enjouées, elles crient pour appeler la foule, puis se mettent doucement dans le bain. Sur une descente de tom elles s’élancent enfin, ne se laissent pas perturber par les larsens, et la douce voix de Carlotta Cosials gagne en assurance au fur et à mesure de la chanson.
Si les filles donnent parfois l’impression de serrer les dents et de s’accrocher à leurs morceaux, elles rigolent bien ensemble, surtout quand elles se plantent. L’ambiance fait un peu adolescent, avec les demoiselles qui se testent : tantôt sensuelles, tantôt dures à cuire sur des tubes bubblegum. Les compositions ne sont pas forcément très élaborées, mais elles jouent surtout sur les tempos qu’elles triturent dans tous les sens.
A revoir au festival Pitchfork.
The Soft Moon
Le trio américain donne dans la grosse introduction, sur des coups assénés de batterie et une basse bien puissante. Chacun à un bout de la grande scène, ils semblent surjouer leurs émotions afin d’emplir l’espace de la Grande scène. Le chanteur Luis Vasquez, se penche sur les claviers en position de danseur qui s’échauffe puis s’accroche au micro comme à sa vie. Leurs compositions sont très froides, mais très denses : le chant est suppliant et les paroles sont violentes mais recouvertes par les instrumentations en mode bulldozer.
Très impliqué, le chanteur pousse souvent des cris déchirants. Et pourtant le public reste un peu mou à les regarder s’agiter. On remarque même sur les écrans un mec dans le public tendre son pouce délibérément vers le bas – comme aux jeux dans la Rome Antique. En réponse, The Soft Moon intensifiera son jeu, la basse virera à l’obsession, et les cris partiront en mode hard core. Pour finalement obtenir le sésame de la réclamation du rappel.
Spectres
Au début de l’année, Spectres sortait son premier album, Dying. Et effectivement, on sent à leur set que les Anglais cherchent encore un peu la direction à prendre. Mais une fois que le cap est trouvé, ils arrivent à emmener le public sur leur terrain sombre et pourtant accrocheur. Dans les déferlantes de déflagration, les effets de guitares sont presque jolis, mélodieux.
Arborant – pour la blague ?- un t-shirt de Björk, le chanteur a une voix doucereuse, dangereusement séduisante, tandis que son guitariste semble en proie à une crise d’épilepsie. On tente de s’éloigner, comme si la spirale obsédante créée par l’excellent batteur allait nous happer, mais leur violence est si belle à regarder qu’on reste, impuissants face à leurs compositions. Les plus courageux d’entre nous s’exorciseront dans de magnifique slams.
Foals
Quand Alban Coutoux monte sur scène pour faire une annonce, la peur saisit la foule. Mais non, Foals, remplaçant au pied levé la chanteuse Björk, n’annulera pas ce soir. Leur bassiste est à l’hôpital, mais heureusement Ruben, leur backliner assurera les parties de basse. Ainsi, Foals fera sa troisième apparition à la Route du Rock, et ce pour assurer le lancement de leur quatrième album What Went Down.
Leur intro fonce dans les brancards, avec ‘Snake Oil’, une nouvelles chansons, puis Foals enchaîne avec une de leurs premières compositions ‘Balloons’, suivie de la navrante ‘My Number’. En trois morceaux, le groupe a ainsi montré toutes les étapes par lesquels ils sont passés depuis 2008, et comment leur potentiel a été gâché par une course à la gloire. Néanmoins, pour une fois, Yannis Philippakis se donne et ne laisse pas aux lumières tout le boulot du jeu de scène.
Comme d’habitude, la foule est en émoi sur ‘Spanish Sahara’, puis leur ‘Red Socks Pugie’ issue de leur excellent Antidote remue la foule. Foals continue son set, et Yannis Philppakis descendra deux fois dans la fosse – avec sa guitare même sur ‘What Went Down’ pour le rappel. Le concert se finira sur la géniale ‘Two Steps Twice’, elle aussi parue à leurs débuts, mais qui rappelle surtout à quel point on a envie de ré-écouter Battles.
Daniel Avery
Remerciements : Maxime [La Route du Rock]
Catégorie : A la une, Reportages
Artiste(s) : Daniel Avery, Foals, Hinds, Kiasmos, Only Real, Spectres, The Soft Moon
Evenement(s) : La Route du Rock
Ville(s) : Saint-Malo
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[…] L’insouciance règne, avec petites chorégraphies mutines sur la scène qui paraît immense. Au passage, Ana remercie Curtis Harding pour le prêt de capodastre, et souhaite un bon anniversaire à leur tour manager. Et quand Carlotta n’est pas très contente de sa performance, elle le fait savoir d’un blah degré maternelle ! Ce qui plaît c’est justement que dans le temple de l’indie et des apparences, Hinds restent totalement naturelles. Sans chercher à plaire, sans chercher à séduire. Lire l’interview de Hinds Lire le live report de Hinds à la Route du Rock […]
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