Entretien avec Bison Bisou
A la Route du Rock, tombant par hasard sur une compilation du label Ideal Crash, Le Transistor découvre Bison Bisou. Quelques mois plus tard, désespérés de les voir se produire à Paris, on les traquait sur toutes les plateformes d’écoute ; quand soudain les Inouïs annoncent les Lillois dans la sélection 2014. C’est donc au Printemps de Bourges que, d’autant plus bluffé par leur performance live, le Transistor fait enfin la connaissance de Bison Bisou.
Bison Bisou
A noter que rien n’arrive par hasard, la rencontre était écrite car Bison Bisou est très proche des Shiko Shiko (Lille oblige) mais aussi pote avec Fragments. Nicolas en profite même pour dévoiler des potins : « Je me souviens avoir dormi dans la chambre d’un des mecs de Fragments… à côté d’un poster BB Brunes. » Et une street cred à l’eau.
Comme son nom l’indique Bison Bisou aime à jouer sur les contrastes, ce qui rend leur style peu évident à décrire. « Quand on a commencé, la direction artistique c’était les grosses guitares, les basses qui tachent bien et les batteries qui tapent méga fort. Avec le temps, on s’est dit qu’on pourrait travailler les mélodies, les rythmiques, les effets de guitare ou de voix…
Christophe : On s’est pas tant posé la question, c’est venu naturellement. Quand on est en salle de répèt, on se base sur l’énergie du moment. Il n’y a pas tant de réflexion que ça, c’est vraiment basé sur la spontanéité. Y a des fois, où on va avoir des morceaux super réfléchis, où il faut avoir telle partie à tel endroit. Et des morceaux comme Naive qui se sont composés en quatre minutes. Et si c’est pas fini, ça reste comme ça.
Charly : On se connaît beaucoup mieux, donc on compose différemment. Parce que l’alchimie se fait plus rapidement.
Nicolas : On a vachement évolué quand même… Enfin des petits détails mais, on a changé de matos…
Charly : de lunettes aussi
Christophe : et de coupes de cheveux
Charly : on a fait des tatouages aussi… Là c’est un cercueil avec une croix à l’envers, c’est parce qu’on est un peu satanique. »
Bison Bisou, ça part un peu dans tous les sens, mais c’est parce que rien n’est planifié. « C’est pas tant une envie, c’est surtout l’occasion fait que. A un moment donné on propose un split, donc on entre en studio. Pour la sortie, on organise une soirée donc on bosse le live. Ca engendre une résidence, pendant laquelle on bosse un nouveau morceau, et ainsi de suite. Tout se fait sans plan de carrière, sans vision à long terme de signer sur des majors, ou autres. C’est pas du tout à l’ordre du jour.
Christophe : Mais faut pas se le cacher, si on est à Bourges c’est aussi pour rencontrer des partenaires. Des gens qui vont t’aider à faire plein de choses, mais aussi bosser dans de meilleures conditions, jouer dans des salles plus grandes avec plus de monde.
Nicolas : Jusqu’à présent, c’est pas des choses qu’on est allé chercher. Les deux EP, c’est des gens qui nous ont contactés via des potes, parce qu’ils aimaient bien ce qu’on faisait.
Christophe : Le split c’est aussi une manière classique dans l’indé d’essayer de faire sortie couplée entre une découverte qui vient d’ailleurs avec un groupe local. C’est une façon d’offrir de la visibilité aux deux.
Nicolas : Avant tout on est des musiciens passionnés. On adore jouer, donc on attendra pas Bison Bisou pour le faire. Quelque part là, on a l’occasion de travailler notre passion, de façon sérieuse. On est en train de terminer de composer l’album, et on a trouvé un studio pour l’enregistrer. Derrière ça c’est une façon aussi nous d’aller plus loin, aussi bien dans notre plaisir personnel que dans notre plaisir de groupe. Le jour où on prendra plus de plaisir
Charly : On arrêtera. »
S’il faut donner dans la comparaison, Bison Bisou fait penser à JC Satàn. Mais plus pour l’énergie qu’ils dégagent que pour le style musical. « Comme nous, ces mecs sont vraiment dans la spontanéité, ils vivent le truc sur l’instant. Tu le ressens vraiment quand ils sont sur scène.
Nicolas : Tous les groupes Born Bad, globalement ils sont un peu comme ça. Ils ont un côté un peu sauvage. Un peu garage, un peu brutal.
Charly : Tant qu’on nous compare pas à At The Drive-In. On adore, mais ce serait bien qu’on nous compare à d’autres choses.
Christophe : On nous comparait beaucoup à Cedric Bixler-Zavala aux débuts, pour les traitements de guitare. Mais depuis c’est vrai qu’on a creusé un peu plus et c’est vrai qu’on sort de ce format guitare volume à onze et toujours dans un tempo punk. On est plus dans cette case dans laquelle on nous a mis un peu au départ : At The Drive-In, The Mars Volta, avec un chanteur qui saute partout…
Nicolas : Après c’est clair que ça fait partie des influences, on va pas le renier. Toute cette scène-là, la scène grunge pour certains d’entre nous, punk-hardcore ou black metal pour d’autres, ça va assez loin quoi. Et puis math-rock…
Charly : Je sais pas si on sera tous d’accord mais moi j’aime bien penser qu’on fait du art-rock. C’est une dénomination qui a vachement été galvaudée, mais…
Nicolas : Oui, Trail of Dead, on adore tous ce groupe. »
Bison Bisou a le don de faire le grand écart au niveau des goûts musicaux.
Christophe : Chaque personne a vraiment des influences différentes. Il y a des fois on écoute des trucs vraiment bourrins, jusqu’à des groupes du nord de l’Europe pour certains, jusqu’à…
Charly : jusqu’à de la techno contemplative.
Christophe : mais même de la folk. On peut vraiment passer d’un truc à l’autre, c’est cette rencontre de goûts musicaux vraiment différents qui fait que des fois on se comprend pas. Cette dualité…
Nicolas : ça fait qu’on commence un morceau d’une manière et qu’il se finit à l’opposé de ce qu’on avait prévu. En même temps, le but c’est pas non plus de faire du couplet/refrain. Quoique le jour où un couplet/refrain nous vient naturellement, on le fera. Là on creuse, on se prend un peu la tête sur les structures.
Christophe : Et grâce aux énergies de chacun, tu pètes les schémas que tu t’étais mis dans la tête. »
Sans tomber dans le cliché de l’aventure humaine, Bison Bisou brasse large – jusqu’à l’art érotique ! « La musique, comme le groupe, c’est vachement humain, c’est juste des gens que tu vas rencontrer sur la route. Aussi bien nous dans le groupe, puisque le projet était éphémère à la base, comme la rencontre avec un label qui va te proposer de faire un split, c’est juste humain. Donc oui, c’est sans intention derrière, à espérer que des choses en découlent, la décision se prend si le courant passe
Nicolas : En l’occurrence Ideal Crash, et Crust Caviar, c’était des gens qui traînaient dans des concerts qu’on aime bien. Notre musique elle représente ça aussi, on se prend pas la tête : si ça colle on le fait.
Christophe : On organise aussi des concerts sur lesquels on fait venir des groupes, souvent dans des lieux qui sont pluridiscinaires ou culturels, on rencontre des gens qui font aussi bien de la peinture que de la danse que de la musique.
Nicolas : Faut lire Han Han le webzine érotique de Charly… le dernier numéro est sauvage. »
Réclame
Lire l’interview de Shiko Shiko
Lire l’interview de Fragments
Lire l’interview de JC Satàn
Lire l’interview de Omar Rodriguez-Lopez au sujet de At The Drive-In
Lire Han Han, le magazine de l’émotion érotique et de l’amour universel
Remerciements : Pauline Le Tallec
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Bison Bisou
Evenement(s) : Inouïs du Printemps de Bourges, Printemps de Bourges
Drôle de nom Bison Bisou! ça ne s’accorde pas avec le style de musique!Mais pas mal quand même!
mais si ! c’est un mélange d’animalité et de tendresse 😉
[…] Lire l’interview de Bison Bisou Lire la chronique de leur concert au Inouïs du Printemps de Bourges […]
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