Entretien avec And So I Watch You From Afar
Dans les récoltes de l’année 2013, les Nord-Irlandais de And So I Watch You From Afar ont clairement leur place dans le top 15 du Transistor : All Hail Bright Futures, leur troisième album paru en mars, est sur le haut de la pile des disques les plus marquants. Ca faisait déjà quelques années, depuis les Eurockéennes de 2011 en fait, qu’on les avait à l’œil, mais on a pu les rencontrer en personne que lors de leur passage à la Maroquinerie au printemps dernier. Ca nous a donné le temps de les voir quelques fois en concert afin de confirmer les premières (excellentes) impressions.
And So I Watch You From Afar
Tous les membres du groupe ont le même tatouage, le logo du groupe, mais Chris Wee, le batteur, affiche aussi des paroles autour du bras… « C’est des paroles des Smashing Pumpkins. J’ai pas écouté le dernier album, Oceania. En fait j’ai peur. Parce que Jimmy Chamberlain ne joue plus dans le groupe donc c’est plus réellement les Smashing Pumpkins. Le groupe ne se résume pas à Billy Corgan ! »
Ce nouvel album, All Hail Bright Futures, marque comme un tournant dans la discographie du groupe… Avec notamment l’apparition surprenante de flutes ! « Quand on a fait le premier album, on se disait, pourquoi pas faire des morceaux de huit minutes sans paroles. Et quand on a fait Gangs, on s’est dit pourquoi pas ajouter des paroles. Donc sur celui-là, on s’est dit pourquoi pas mettre des flutes et des trompettes. Une fois qu’on a décidé de ce qu’on veut faire, on l’emmène aussi loin que l’on peut, sans se soucier de ce qui pourrait choquer. C’est la clé pour réussir à se réaliser au niveau créatif.
Rory Friers : C’est pour ça que nos albums sont spéciaux, c’est qu’on a jamais choisi de jouer la carte de la sécurité – du moins on espère ! »
Ce changement peut aussi avoir été causé par le départ à la fin 2011, de Tony Wright, leur guitariste phare (car très roux et sur-énergique). « En fait, quand on écoute des démos qu’on a faites avant de sortir Gangs, on distingue déjà des embryons d’idées qui ont été développées sur All Hail Bright Futures. Après une tournée de deux ou trois ans, on s’est retrouvés dans un autre état d’esprit, et ça se sent : Gangs était assez sombre, parce qu’on se sentait nous-mêmes pessimistes. Entre temps, beaucoup de choses ont changé, mais il fallait entrait en studio.
Johnny Adger : On n’a pas réfléchi, on a foncé. C’est pareil pour la tournée : on a demandé à Niall Kennedy d’assurer la guitare pour nous en dernière minite. Heureusement il a accepté ! Du coup, il a dû apprendre tous les morceaux en dix jours !
Rory : En ce qui concerne l’enregistrement, on était un peu plus ouvert à l’expérimentation. On a débattu de ce dont on avait envie, puis on s’est lancés sans se poser de limites.
Johnny : Pour la première fois, on s’est pas préoccupé du live. On s’est dit qu’on chercherait à voir comment les transposer pour le live après.
Rory : Je crois que ça se voit, quand on écoute l’album, on ressent l’atmosphère qui régnait à l’époque sur le groupe.
Johnny : C’était une expérience différente, parce que c’était la première fois qu’on entrait en studio sans avoir déjà écrit l’album en son entier. Avant, on ne faisait qu’enregistrer des chansons déjà finies.
Rory : C’était clairement plus spontané. On n’avait prédéfini aucun paramètre, donc c’était réellement sur la base de ‘on tente et on verra bien ce que ça donne’. C’est un défi qu’on s’est posé en quelque sorte… »
En l’occurrence, All Hail Bright Futures ne porte pas son titre par ironie, il est extrêmement optimiste ! « On voulait vraiment que cet album sonne très affirmé et positif au final. En gros l’idée c’était de faire un album joyeux sans pour autant sonner stupide. On s’est toujours répété qu’il ne fallait pas avoir peur de faire quelque chose de différent. Et sans aucune demi-mesure, sinon, on risque de perdre de notre puissance. Cet album a un son, une personnalité. C’est comme un nouveau chapitre en soi.
Rory : Plus tu composes, plus il te faut quitter ta zone de confort, pour découvrir de nouveaux horizons. C’est comme la vie, en fait, tu veux avoir autant de couleurs possibles, avoir autant de cordes à ton arc possible. Garder cette excitation, cette fraicheur. C’est pourquoi il faut toujours aller de l’avant au lieu d’être nostalgique, ou de tourner en rond. Il faut voir grand, viser haut ! »
Ce débordement d’énergie positive choquerait presque dans le domaine du rock expérimental ! « En général, on compose plus dans l’idée de satisfaire nos désirs de faire une musique intéressante, que pour répondre à un genre. On aime tenter des choses, ça rend le processus d’écriture plus agréable. C’est exactement ce qu’on a cherché à faire sur cet album : s’amuser en le faisant. On a développé des idées petit à petit, et chaque jour, on n’avait aucune idée de ce qu’on allait obtenir à la fin de la journée. On a laissé le processus créatif se déchaîner. » On est en droit de se demander quelle a été la réaction des fans. « Ils ont été très compréhensifs sur cette tournée, par rapport au nouveau son. On a la chance d’avoir une fanbase ouverte d’esprit et qui nous fait confiance. Surement parce qu’ils apprécient la musique expérimentale à la base : ils aiment les nouvelles choses, dont ils nous suivent. C’est grâce à ce soutien qu’on ne ressent aucune pression au niveau de la composition.
Chris Wee : La raison pour laquelle notre album a ce son, c’est parce qu’on ne s’est jamais préoccupé de ce que les gens pourraient en penser. Si on cherche réellement nous catégoriser, je pense qu’on peut simplement nous qualifier d’audacieux. »
Réclame
All Hail Bright Future, le troisième album de And So I Watch You From Afar, est paru chez Differ-Ant.
And So I Watch You From Afar seront au Batofar le 3 février 2014!
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Remerciements : Laure (Alias) et Marion (Differ-Ant)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : And So I Watch You From Afar
Production(s) : Alias, Differ-Ant
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[…] l’ambiance commence à chauffer parce qu’on en a marre d’être les uns sur les autres, on met genre un And So I Watch You From Afar ou un Mogwai et ça calme tout le monde. Xavier : On a quand même gardé des influences screamo […]
[…] marquer le coup sur ses crash. Les rythmes oscillent, s’énervent puis calment leurs ardeurs, dans l’esprit des And So I Watch You From Afar … Sauf que Totorro ne sont pas dans la copie : alors qu’on attend un refrain, la batterie subit […]
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