Printemps de Bourges – vendredi

Deuxième jour du Transistor au Printemps de Bourges, le soleil s’est un peu couvert, la pluie se prépare à en démotiver plus d’un. La soirée s’annonce néanmoins éclectique, avec la neo-soul de Cody ChesnuTT, la folk teintée de techno de Villagers, la doucement electrique Lou Doillon, le show martial de Woodkid, le rap très rock de Public Enemy et la pop relevée de funk de Theme Park.

Cody ChesnuTT

Si certains s’attendaient à un concert en mode lounge pour démarrer la soirée tranquille, ils se sont fourvoyés. Cody ChesnuTT prend son rôle de chauffeur d’ambiance très à cœur. Quand il ne fait pas chanter la foule sur ‘Everybody’s Bother’, il profite de l’impro jazz de son pianiste, pour prendre la salle à partie sur les questions philosophiques de ‘Under Your Spell Of the Handout’. Certes, il a l’air un peu dans son monde, pas forcément synchronisé avec la musique, mais il a le mérite de faire réagir la salle.
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Villagers

Sans qu’on y prenne garde, les Irlandais s’installent. Timidement, Conor O’Brien entonne ‘Grateful Song’ qui monte et prend de l’ampleur. Villagers ne s’impose pas, c’est l’évidence des mélodies qui tiennent le devant de la scène. Les morceaux du premier album, Becoming A Jackal se sont enrichies au fil des tournées mondiales, et s’imbriquent en douceur avec {Awayland} fourmillant de détails. Le sérieux du chanteur attire l’attention : les yeux fermés, il s’applique à tenir ses notes. Sa voix feutrée enveloppe, pour mieux faire chavirer le public dans ses récits empreints d’aventure et de mélancolie. Et c’est ainsi que petit à petit, entre tempête et naufrage, Villagers arrive à toucher le Palais d’Auron de sa poésie. On en ressort, un peu comme Conor O’Brien, légèrement sonné mais émus.
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Lou Doillon

Quand Lou Doillon chante, tout le monde se tait, subjugué. Même quand la salle reconnaît l’introduction d’une chanson, personne n’ose perturber le silence religieux. Si la chanteuse semble avoir pris de l’assurance depuis ses premiers concerts, elle se cache toujours : moins derrière les lumières – pourtant tamisées – certes, mais derrière son groupe. Elle fait rouler sa voix rocailleuse sur les guitares, se laisse chavirer dans la tempête, tranquillement emmitouflée dans l’électricité. Et devant la ferveur de la foule, elle se réfugie encore derrière des remerciements en anglais…
YouTube Preview Image Lire le live report de Lou Doillon au Trans Musicales

Woodkid

C’est parti pour la grand’ messe de Woodkid. Yoann Lemoine aurait-il la folie des grandeurs ? Avec ses cordes et ses cuivres, ses batteurs synchro et ses assistants machinistes, ils ne sont pas moins de 13 sur scène – une armée pour ainsi dire – pour servir les lamentations de The Golden Age. Et notre réalisateur de trôner comme un chef d’orchestre de dix ans devant sa glace. La réponse de la foule est disproportionnée : les cris assourdissants et les clameurs d’enthousiasme font froid dans le dos. Arrogant, Woodkid en redemande, cultivant le culte de la personnalité – sans parler des vidéos d’immeubles phalliques en mode macro… Difficile de ne pas saturer dans ces conditions.
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Savages

Le 22 est blindé, on ne passe pas la porte, et pourtant l’énergie qui émane de la scène dépasse le seuil de la salle. Pour faire mentir tous les clichés sexistes, Savages fait rugir ses lourdes guitares. Jehnny Beth tient le devant de la scène, l’air remonté, tandis que Fay Milton se défoule à la batterie, les cheveux au vent. Elles sont dans la démonstration de force : comme essayant de retranscrire une émeute londonienne en musique. Et jouant de leurs atouts, elles s’amusent à charger l’atmosphère d’une tension sexuelle, surtout dans la montée inspirée d’un orgasme de ‘Husbands’.
YouTube Preview Image Lire le live report de Savages au festival des inRocKs 2012

Public Enemy

Les poings sont levés, les tenues sont militaires : Public Enemy se veut le gardien du old school. Ce soir, DJ Lord est venu fêter en grande pompe – chorégraphies à l’appui – l’intronisation du groupe dans le rock’n’roll Hall of Fame. L’avalanche de slaps à la basse rivalisent avec les solos de guitare arrachés avec les dents. Mais le plateau, bordélique à souhait, décourage beaucoup de curieux.
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Theme Park

On clôt la soirée sur les légers Theme Park, qui ont apparemment fait face à quelques problèmes techniques. Faisant bonne figure, les Londoniens viennent présenter leur tout premier album. D’abord dérouté par les sautillements du chanteur, on hésite à rire : Miles Haughton danse plus qu’il ne joue de la guitare ! Mais rapidement l’ambiance vire au club med, tant leur son est bourré de détails electros subtropicaux : on pourrait presque bronzer à écouter leur single ‘Tonight’ !
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Remerciements : Antoine (Opus 64)

Catégorie : A la une, Concerts
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