Entretien avec Mermonte
Gagnants inRocKs Labs de l’année, Mermonte était aux Trans Musicales 2012. Séduit par leur prestation lors du festival des inRocKs VW, Le Transistor a sauté sur l’occasion pour les rencontrer. Un beau ballet s’est déroulé sur plusieurs semaines, difficile en effet de réunir dix personnes au même moment. Qu’à cela ne tienne, pendant que Charlotte, la violoniste, essaie d’organiser le dîner avant leur passage sur la scène du hall 4 du Parc Expo, ce sera Régis, guitariste, et Astrid, la fée Glokenspiel, qui se chargent de raconter leur aventure.
Mermonte
La première chose qui frappe quand on voit Mermonte en live c’est les deux batteries en quinconce ! « Y’en a un qui est gaucher, l’autre qui est droitier, ça fait un effet miroir. Ca donne comme un effet alcôve de concert classique. On dirait un orchestre rock. »
Régis commence à expliquer l’histoire un peu particulière du groupe: « La plupart des groupes ne se montent pas forcément autour d’une seule et même personne. Pour nous, ça s’est créé autour de Ghislain qui travaillait ses maquettes dans sa chambre, entre deux tournées avec ses autres projets : math-rock, un peu punk rock, vraiment DIY. C’est un gros passionné de musique et il aime bien les Beatles ou les Beach Boys, un peu tout ce genre de musiques, et il avait envie de faire son propre truc sur son ordi pour s’amuser. »
Mermonte c’est le nom d’un musicien méconnu. « Quand il a créé un nouveau dossier pour ce projet cubase, il avait trop de groupes, donc il a mis le nom d’un vieux jazzman dont personne n’a jamais entendu parler. Et au final… »
Mais par un prompt renfort…
Le groupe qui l’entoure ce sont ses amis qui l’ont motivé à développer le projet. « Des fois il nous faisait écouter ses morceaux, mais il a parfois un petit manque de confiance en lui, donc on l’a poussé au cul. Une fois l’enregistrement fini, on s’est dit qu’on allait le faire en live. Et c’est là qu’on intervient du coup. » Car pour retranscrire fidèlement les maquettes… « Il a besoin de quatre guitares, il a besoin de violon/violoncelle, d’un glockenspiel et d’une basse, flute traversière, clavier et deux batteries… c’est le minimum.
Astrid : Sur les maquettes des fois tu peux avoir cinq ou six guitares, trois batteries, trois glockenspiel, et après on adapte pour la formule à dix. »
La difficulté de Mermonte pourrait donc être d’ordre technique dans la gestion de dix musiciens. « C’est pas du tout un souci, ça roule tout seul. Comme c’est Ghislain qui a tout composé, tout est dans sa tête. Après le délire, tout simplement, c’est d’élaborer un moyen pour le jouer à dix. C’est rien de plus qu’une histoire de placement, il indique qui doit faire quoi, on divise les parties, ensuite on se réunit pour jouer tous ensemble. Généralement il nous faut pas plus de deux ou trois répèts pour caler un morceau. Comme on a chacun nos parties, on arrive, on assemble de le truc et voilà. »
Sauf que le seul maître compositeur à bord c’est Ghislain Fracapane. « Il est guitariste d’abord mais multi-instrumentiste en fait, il sait un peu jouer de tout, donc vraiment on le laisse gérer son truc comme il l’entend. Et il nous laisse aussi de la liberté : il a vu que certaines choses étaient possibles suivant nos différents niveaux musicaux. Il nous confie des parties à l’enregistrement, il délègue un peu. Du coup ça évolue comme ça. Mais c’est toujours lui qui écrit.
Régis : Et faut lui laisser ça aussi. C’est ce qu’il a dans la tête, c’est son univers. Et s’immiscer dans la composition à dix personnes, ce serait impossible : tu peux pas fonctionner avec chacun qui donne son avis.
Astrid : C’est pour ça que Mermonte ça va aussi vite. Parce qu’on a cette chance ! Moi je le considère ça comme une chance, parce que y a beaucoup de groupes où l’égo rentre en jeu dans la composition. »
D’inspiration fleur bleue
Ghislain a de la chance : ils sont prêts à tout lâcher pour le suivre.
Régis : En même temps il a besoin de nous.
Astrid : Le truc c’est que Mermonte on se connaît tous depuis très longtemps. Donc on est trop contents à l’idée de tourner ensemble…
Régis : c’est la grosse colo.
Donc il leur dédie le prochain album. « Ghislain, quand il compose un morceau, c’est simple : il veut faire de la musique pour lui et tant mieux si ça plaît aux autres. Mais il y a aussi beaucoup d’amour, d’affection, pour et les potes et la zic. Chaque morceau aura le nom d’une personne qui a compté dans sa vie. Ca paraît un peu fleur bleue, mais du coup sur scène c’est aussi ça : des histoires qu’on a toutes vécues ensemble. »
Derrière la magie du chant lunaire, le style est proche du post-rock. « C’est les influences qui ont été digérées. C’est pas non plus du Explosions in the Sky ou des trucs à la Mogwai, mais y a du passif. Faut écouter Fago Sepia, le projet de Ghislain, pour pouvoir capter d’où ça vient, pour comprendre. Mais y a beaucoup de Steve Reich, de Beach Boys, de scène indé américaine des années 90 comme du American Football. C’était vraiment pas connu du tout, une sorte d’après-après grunge, en tous cas aux Etats-Unis, à jouer dans des caves, avec des morceaux grave déstructurés.
Astrid : Après y a tout ce genre musical que Ghislain apprécie particulièrement, tout le travail de Surfjan Stevens mais aussi Efterklang – il est ultra fan. C’est un gros mélange.
De l’expérimental pour les tout-petits
Si Mermonte commence à se faire connaître en France, les Rennais sont déjà distribués à l’étranger. « Ca s’est pas fait du jour au lendemain, c’est du travail en amont par rapport à d’autres groupes qu’on avait avant, de gens qu’on connaît, qu’on avait rencontrés. Notre signature au Japon, c’est le label de Fago Sepia à la base. » Fago Sepia, pour faire simple, c’est du math-rock pur et dur. « C’est un des plus vieux groupes de math-rock français. Ils sont restés toujours un peu dans l’ombre, parce que ça n’intéresse pas grand monde en France le math-rock. Ce n’est que depuis très récemment, avec l’arrivée de Foals, mais ils t’ont mis de la dance là-dedans… »
Régis : Alors qu’au Japon, tout ça marche super bien ! Après c’est vrai aussi qu’ils sont plus ouverts à des styles un peu expérimentaux. Mermonte c’est l’expérimental accessible dès la maternelle – le math-rock accessible dès trois ans.
Réclame
Mermonte, le premier album de Mermonte, est paru sur le label H!PH!PH!P.
Mermonte seront en concert le 26 février à l’Espace B. Le groupe est aussi programmé aux festival Papillons de Nuit et les Vieilles Charrues.
Lire le live report de Mermonte au festival des inRocKs VW
Lire le live report de Mermonte aux Trans Musicales 2012
Remerciements : François (Tontons Tourneurs) et Florence (Ping Pong)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Mermonte
Evenement(s) : Trans Musicales de Rennes
Production(s) : Hiphiphip, Les Tontons Tourneurs
Ville(s) : Rennes
Super groupe, superbe musique.Très bonnes émotions en écoutant ça!
c’est exactement ça ! <3
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