Entretien avec John Grape
Le Transistor a vu John Grape en concert lors d’une inRocKs Lab party… et a été saisi. Le temps d’un set, on a été happé par la magie du trio. Donc dès que le groupe rémois est apparu dans la sélection FAIR 2012, Le Transistor a voulu profiter de leur passage au MaMA pour les rencontrer. On parle de composition pour les étoiles, de chat-ange et de véranda.
John Grape
De tremplins en festivals, John Grape a réussi à imposer sa folk rêveuse. « Pour l’instant on a jamais eu de grand buzz avant d’arriver sur scène, on a été programmés dans des festivals sans être attendus. Y’a des trucs de rock qui marchent bien, des trucs de rock très efficaces avec la batterie disco, et tout d’un coup John Grape arrive. » Ils étaient souvent en décalage par rapport à la programmation des festivals. « Et la force c’était de captiver les gens par ces ballades, par cet univers, et c’est ça aussi qui fait que tout d’un coup il peut se passer quelque chose. Parce que je pense qu’on propose un moment un peu différent, plus intime peut-être, et en même temps, plus fou, barré. »
Rien qu’à voir le décor scénique du groupe, on sent que John Grape est à part. « Au départ c’est surtout parce que ça ressemble à chez nous en fait. On a eu pendant longtemps une coloc, qui servait aussi de local de répétition. Et pour la déco, on l’a Emmaüssée. Et sur les premiers concerts dans les grosses salles, on s’est retrouvés au milieu d’une salle toute noire, avec ce sol noir, les fumées et les lumières qui bougent avec les lasers… On s’est sentis bizarre. » John Grape a voulu transporter un peu de chez eux sur scène. « Comme on a une musique qui demande un effort d’écoute, on a envie que les gens soient amenés par ce côté visuel à un peu plus regarder, à être un peu plus avec nous. C’est surtout lié à l’intimité je crois. »
L’intimité est omniprésente chez John Grape, y compris dans le choix du nom. « Quand il a fallu trouver un nom, on est passé par des idées plus ou moins avouables. Mais en fait, nous eûmes un chat qui s’appelait Jean Raisin. C’était un chat extraordinaire. On l’a nommé pendant les vendanges parce que Reims, le champagne, hein. Et ça lui allait très bien. Et il est mort tel un prophète pile quand on cherchait un nom… » De Jean Raisin, ils ont décliné en John Grape. « Même si c’est moi qui compose, je voulais pas mettre mon nom. Vivien Trelcat, ça faisait trop variet’. Là c’est le nom d’une personne dont on raconte plus ou moins la vie. Un personnage énigmatique qui est derrière toutes ces chansons. » Du coup, le logo, c’est un chat. C’est Jean Raisin, le chat-ange.
A la base, Vivien était compositeur dans le contemporain. « Je suis toujours un peu compositeur de musique electro-acoustique. Je fais du design culinaire : je faisait sauter des poudres qui tombent sur des gâteaux… Je compose pour les étoiles. Je faisais même pas de pop quand j’ai rencontré Samuel, je faisais de la folk un peu chez moi… Tout d’un coup j’ai voulu faire des compos un peu plus directes. J’en avais marre de passer trois semaines sur un ordinateur, pour pouvoir sortir cinq minutes de chanson. Je voulais pouvoir faire des trucs instantanés. »
Le déclic de la pop ne s’est fait que sur l’invitation du label Ohayo records. « Pour la petite histoire, c’est le responsable du label, qui nous a entendus en soirée prendre la gratte comme ça – parce que l’alcool était très présent. Et il m’a dit : ‘J’aime bien ta voix, dans deux mois’… enfin comme il fait de la lo-fi, il m’a plutôt dit ‘dans 15 jours, on sort un disque’. C’est là que je me suis rendu compte que j’avais pas envie de faire que du contemporain, que j’avais envie de chanter.» C’était une belle opportunité, sauf qu’ils se sont trop pris au jeu. « On a été incapable de faire un disque lo-fi, c’est-à-dire quatre chansons comme ça. Et à chaque fois le projet montait, jusqu’à vouloir faire quelque chose de plus léché. Pendant un an, le label nous a beaucoup fait tourner, puis on s’est dit, d’un commun accord, qu’on se correspondait pas. Mais c’est grâce à eux ! On a fait d’abord nos armes à Lille, pour arriver à Reims un peu plus musclés. »
C’est comme ça que John Grape a pu se faire une place au sein de la scène rémoise. « En fait Reims c’est une petite ville, y’a pas tant de lieux où jouer que ça, donc on se rencontre assez vite. On se connaît tous, on se prête des instruments, on bosse dans les studios des autres. Tout le monde collabore ensemble, c’est surtout ça qui donne la force et l’énergie à la ville. » Dès qu’on parle de scène, on réalise que les uns jouent dans le groupe des autres. « Pour notre premier gros concert à Reims, le John Grape Orchestra, tout le monde était là : y’avait du About The Girl, du Alb, les Bewitched, même Guillaume des Shoes est passé… Maintenant on joue dans Alb et Clément joue dans Yuksek. Ca s’équilibre bien. Du coup, Yuksek prend pas mal de son temps, et ça nous en laisse pour John Grape. »
Et pour consolider cette scène, le groupe a monté une association : la Véranda. « C’est pour soutenir le projet, parce que pour l’instant on fait tout nous-mêmes. On parle de scène rémoise mais à part être des potes on est pas fédérés. Et nous on a voulu créer un lieu à Reims, pour s’entraider au niveau des dates et du conseil ; quand un groupe marche d’en faire profiter les autres. » La Véranda fait donc du touring et du management. « Donc y’a John Grape, Libellule, About The Girl et MilaMarina – avec sa grosse harpe. On veut que ça se développe, pour l’instant c’est surtout un collectif, avec une salle de répèt, et un studio, et un camion. »
Pour finir, une petite association d’idée sur le FAIR. « Le FAIR c’est cool – pour repasser les chemises… Ca porte bonheur le FAIR, sous les pieds des chevaux… C’est bon pour le corps, il en faut. Et contrairement à l’adage populaire, on en trouve pas dans les épinards. Y’en a beaucoup plus dans les lentilles. C’est juste que personne mangeait des épinards, fallait trouver quelque chose… mais c’est pauvre en FAIR. »Et rapidement, le trio échappe à tout contrôle. « En plus Popeye, il a une grosse tumeur dans chaque bras et il le voit même pas. Alors qu’il fume comme un malade. Genre va pas me faire croire qu’à fumer la pipe toute la journée, t’es en bonne santé si tu manges des épinards… De la scène rémoise, je pense qu’on est presque les plus drôles. »
Réclame
John Grape a sorti son premier EP en mai 2011. Ils seront en concert dans le cadre du festival TGV Generiq le 6 décembre au Roger’s Café de Belfort, le 7 décembre au Nouveau Théâtre de Besançon et le 10 décembre à l’Hôtel de Voguë à Dijon.
Remerciements : Julie (FAIR)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : John Grape
Evenement(s) : FAIR 2012
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