La messe de Patti Smith à Saint-Eustache

Dans le calendrier républicain, il était le jour de l’endive. Il représente la mort du 1er ministre japonais Takashi Hara ou l’accession au pouvoir de Jean Chrétien et de Barack Obama. Mais ce soir, c’est l’anniversaire de son défaut ami Robert Mapplethorpe et celui de la mort de son âme soeur Frederick Smith que célèbre Patti Smith dans la magnifique église Saint-Eustache.

Patti Smith en concert à l'Eglise Saint-Eustache ©Benjamin Lemaire

Patti Smith en concert à l'Eglise Saint-Eustache ©Benjamin Lemaire

Dans une ambiance sombre et sobre que les quelque 600 spectateurs présents ne semble vouloir perturber que par quelques applaudissements, Trisha -comme la surnommait son mari- vient dont célébrer ses amis en musique avec sa fille Jesse qui l’accompagnait déjà lors de la semaine de concerts parisiens en début d’année et son guitariste de toujours Lenny Kaye. Bien que ce n’était pas la première fois que Patti Smith jouait dans une église (elle avait notamment fait 5 concerts pendant la nuit blanche de 2008 à Saint-Germain), le véritable piège de ce concert était de tomber dans une atmosphère lourde et pesante. A l’instar de ses lectures-hommages à Mappelthorpe, Smith ne tombe pas dans le cliché et livre une prestation émouvante et inattendue d’une quinzaine de titres.

Le concert débute sur un poème de William Blake, The Tyger, auteur à qui elle rendra hommage une seconde fois avec Little lamb, who made thee ?. Les lectures et les références littéraires, subtilement choisies, seront omniprésentes pendant ce concert aux allures de boeuf solennel, de Rimbaud (pour lequel elle a ércrit et intepréte Beneath the southern cross et pour lequel elle avait déjà fait un concert aux Beaux-arts en 2004) à Jean Genet en passant par Baudelaire.
Sans faire l’impasse sur ses succès (Ghost Dance, People have the power, Because the night), Patti Smith privilégie des chansons émouvantes en rapport avec les deux hommes de sa vie (Frederick, Peaceable Kingdom) mais également, chose assez peu fréquente, deux reprises particulièrement bien choisies et réinterprétées (It’s a dream de Neil Young, Spanish Boots de Bob Dylan) et quelques titres souvent oubliés comme My Blakean Year ou Cash, qu’elle a du reprendre à plusieurs reprises. Touchante, Patti Smith ajoutera avant d’entamer sa quatrième introduction du titre : “Robert was a great artiste, Frederick was the perfect man and I’m an unperfect woman stand here to celebrate them”.

Parce que la vraie émotion du concert se situe là. Entre Jessie et Lenny. Entre Patti et les quelques rangs devant elles qui écoutent religieusement sa messe. L’aspect épurée et acoustique de la prestation, les erreurs, les longues introduction de chaque titre, les sourires donnait une dimension toute particulière à cette belle célébration, loin des grandes scènes et des gros amplis. Profondément touchante pendant ses concerts, elle est devient attachante. Quand Lenny Kate prend le micro pour chanter pour son oncle récemment disparue, Patti s’écarte et s’assoit sur le bord de la scène, presque dans le public. Une véritable leçon d’humilité. Et une prouesse artistique qui démontre une fois de plus que Patti Smith n’est pas l’une de ses stars déchues sur le retour, mais bien une artiste en constant renouvellement capable de tenir une assistance avec une guitare et un piano aussi bien qu’une foule de festival.

Setlist


The Tyger (poème de William Blake)
Wild leaves
Ghost Dance
Spanish boots (reprise de Bob Dylan)
Beneath the southern cross
Wing
Q (Lenny Kaye solo)
Frederick
Cash
It’s a dream (reprise de Neil Young)
My blakean Year
The lamb (poème de William Blake)
Peacable Kingdom
Because the night

People have the power


Remerciements : Jé !

Catégorie : A la une, Concerts
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