Festival de Granby : jour 3
Une journée découverte s’annonce. Au programme 5 concerts de 20 minutes à l’occasion des vitrines musicales programmées par Pierre Fortier, directeur artistique du Festival de Granby et deux concerts sous le chapiteau installé au centre de la “main” de la ville. Direction l’ancien presbytère de la ville pour une écoute de deux heures.
Dans la petite salle sont présents une quarantaine de journalistes et responsables de festivals francophones éparpillés autour de petites tables rondes à la manière d’un café théâtre. Les discussions vont bon train sur les passages à venir, entre ceux qui ont été écouter et ceux qui connaissent.
Philémon
Philémon inaugure l’après-midi dans une ambiance résolument jazz. Accompagné d’une contrebasse et d’une trompette par intermittence, il est présenté comme ayant travaillé son album dans les studios du Buena Vista Social Club à Cuba. La référence n’est pas marquante tant l’atmosphère de la prestation de Philémon est épuré et surtout guidée par sa guitare. Ses textes réalistes sont facilement accessibles mais me laisseront de marbre. Mais j’aime bien son nom. Ca me rappelle Philéas Fog.
Yvan Cujious
J’avais déjà entendu Yvan Cujious sans jamais le voir. C’est chose faite. Même si je n’avais jamais imaginé devoir venir jusqu’à Granby pour rencontrer ce français venu de Toulouse. Chez Cujious, c’est le texte qui porte la musique. Souvent bien écrits (à l’instant de Le Vélo et ses références subtiles) ses textes drôles et tendre font souvent sourire et rire. Entre assonance, allitération et calembour, Cujious manie la langue de Nougaro avec brio et son trio de musiciens. Une sorte de Vincent Baguian sudiste.
Alecka
Alecka a une magnifique voix grave. Portée par d’excellents musiciens -qui couvrent parfois un peu trop sa voix- Alecka tente des choses. Parfois approximatives ou expérimentales. A l’image de Cachez-là et son rap étonnant. Reste que là où Alecka excelle c’est quand elle chante ses origines (maghrébines me semble t’il) comme dans Choukran qui sonne élégamment bien.
Ingrid St-Pierre
“Laissez moi vous dessinez quelques chansons” esquisse Ingrid derrière son petit clavier. Frêle, cachée derrière son grand sourire, sa petite voix entonne de jolies mélodies qui accompagne des textes parfois candides et drôles à la façon de Princesse Constance, parfois cruels et à acides à la façon de Giedré. Puis, alors qu’on la pensait partie, Ingrid St-Pierre dégaine une des plus belles ballades que j’ai entendu cette année, Ficelle. Une chanson d’amour profonde et touchante pour sa grand-mère atteinte de “la maladie qui fait oublier tout”. Chacun la recevra comme il pourra. Moi elle m’a touché. Beaucoup.
“Mais oublie pas mon nom” conclut la jolie blonde. J’obéirai.
Marianne Aya Omac
Sans transition, Marianne arrive avec ses gros sabots. Ou plutôt sans, puisque c’est pieds nus qu’elle arrive sur la petite scène sombre. Engagée et enragée, la Brassens sans couilles a des choses à dire, et elle le fait avec talent (et humour). Envolés d’accords de guitare, son de trompette à la bouche, sourire ravageur font de Marianne Aya Omac une sorte de Zaz en beaucoup moins chiant.
Coup de coeur de l’Académie Charles Cros
Après deux heures de concerts pas inintéressants, direction le pub McIntosh pour la remise de deux coups de coeur de l’Académie Charles Cros par Alain Fantapié, son président. Au programme, Martin Léon, chanteur-baroudeur qui voyage à travers le monde sa guitare sur le dos pour interpréter ses titres dans les bars qui veulent bien l’accueillir et Jimmy Hunt, récemment nommé dans une flopée de prix canadiens. Les deux interprètent alors deux titres… étonnants (pour ceux qui lisent régulièrement, vous savez que “ça veut dire pas dire bien”). Entre les conditions difficiles imposées (un seul titre, guitare-voix, salle pas éclairée etc.) et leur choix assez étrange de chanson, le résultat est malheureusement assez navrant, au point de remttre en cause le prix qu’il leur était donné. Dommage quand on connait un peu les titres de Martin Leon et son univers.
Daran + Porn Flakes
C’est sous le chapiteau que se termine la soirée. La première partie du spectacle est assurée par Daran. Arrivé au Québec pour fuir le sarkozysme, Daran chante des trucs plus ou moins engagés devant une public assez peu receptif. L’homme qui a composé des dizaines de titres de milieu d’album pour Calogero, Maurane, Florent Pagny ou encore Johnny Hallyday ne semble pas convaincre, malgré un détermination pourtant bien (trop) visible.
Puis arrivent les Porn Flakes. Visiblement attendus. Le principe est simple : un back band qui invite des chanteurs (plus ou moins connus) pour faire des reprises. La première invitée est Elizbaeth Blouin-Brathwaite, fille de Normand Brathwaite (porte parole du festival) qu’on avait déjà croisé mardi avec Geneviève Borne, co-animatrice de l’émission de Norman et seconde invitée. De quoi faire fuir dès les premières notes pour aller errer autour du chapiteau.
Racine rose
Ma révélation de la soirée viendra finalement de la petite scène Desjardins où trônent une dizaine de personnes malgré un froid… canadien. Porté par un leader charismatique qui n’est pas sans rappeler les heures de démence de Julien Doré, Racine rose balance du rock-blues puissant et bien écrit. Au troisième titre… ils arrêtent. Fait chier, je suis arrivé en retard.
Groupe inconnu mais drôle
Catégorie : A la une, Concerts, Reportages
Artiste(s) : Alecka, Béatrice Bonifassi, Daran, Elizabeth Blouin-Brathwaite, Ingrid St-Pierre, Jimmy Hunt, Marianne Aya Omac, Martin Léon, Philémon, Yvan Cujious
Evenement(s) : Festival International de la Chanson de Granby
Ville(s) : Granby
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