Entretien avec Clap Your Hands Say Yeah
En 2005, Clap Your Hands Say Yeah était le groupe découverte de l’année. Avec un album autoproduit, ils avaient explosé grâce à d’Internet… Clap Your Hands Say Yeah c’était un joli buzz indé en somme, avec la mention Pitchfork en prime. Sauf qu’avec l’arrivée de leur troisième album, Hysterical, on se dit que c’était pas un groupe éphémère pour autant. Le Transistor a eu la chance de discuter musique avec Alec Ounsworth.
Clap Your Hands Say Yeah
Clap Your Hands Say Yeah avait annoncé une pause en 2009. « Il y a quelques années, on était blasés de jouer devant mille personnes… Et on avait pas envie d’en arriver au point où on sort un album parce qu’on le doit et pas parce qu’on en a envie. Je veux rester sincère dans ce que je fais. Si ça devient un peu trop lourd, plus une charge qu’autre chose, je ne vois plus l’intérêt de se forcer. » Cette courte pause a été bénéfique pour tout le monde. « Chacun a bossé sur ses propres projets. Même si tout n’a pas été publié, c’était positif ! Tout le monde a grandi d’une certaine manière. Et en fait, revenir à ce projet après cette pause a permis à chacun d’apprendre de son côté, donc c’était important ! Maintenant, on se sent prêt à recommencer, à se relancer dans l’histoire, à refaire des concerts. »
Entre temps, Alec a sorti Skin & Bones avec Flashy Python. « J’ai joué avec Matt [Barrick] de The Walkmen et Billy [Dufala] de Man Man jouait un peu de saxophone. Tyler [Sargent] a aussi joué de la basse sur quelques morceaux et d’autres de mes amis se sont joints à nous. Oui, y’avait beaucoup de gens, c’était plus ou moins pour le fun ! Mais c’était pas un vrai groupe : Scott [McMicken] de Dr. Dog et moi avons joué la plupart des instruments et on avait deux batteurs, plusieurs bassistes… » Et un album solo, Mo Beauty. « Je jouais simplement avec des mecs de la Nouvelle-Orléans : Stan Moore [de Galactic] à la batterie et George Porter [de The Meters] à la basse. Mon but c’était de faire un album post-Katrina, attirer l’attention sur la ville et essayer de lui redonner de la saveur. » Mais la tournée a été courte. « C’était après la sortie de Mo Beauty donc on combinait avec Skin & Bones, et on rajoutait quelques morceaux de Clap Your Hands… C’était assez déroutant, personne ne savait – et moi le premier – si c’était un concert de Flashy Python, Alec Ounsworth ou des Clap Your Hands, c’était un peu bizarre. »
Après ces expériences, Alec a décidé de revenir à ses premières amours. « Je ne voulais en aucun cas mettre la pression aux autres, je les ai même encouragés dans leurs projets. Mais en même temps, on s’y est remis sérieusement et on a repris les choses exactement là où on les avait laissées. » A la première répétition, tout semblait évident. « C’est là que j’en suis venu à respecter Clap Your Hands en tant que projet – plus que quand je l’avais arrêté. Ce groupe –je suis pas être en mesure de mettre le doigt dessus – mais y’a un truc qui fait que ça marche ! »
C’était encore mieux qu’aux premiers jours. « En fait, à l’époque, je prenais le groupe pour acquis. On se voyait juste comme des gars qui jouaient de la musique et il se trouvait que des gens appréciaient notre travail. Je pense qu’aucun d’entre nous ne réalisait réellement ce qu’on avait en tant que groupe… » C’est l’expérience qui lui a fait réaliser ce qu’il avait avec Clap Your Hands. « J’ai joué avec d’autres musiciens pendant la pause, et c’étaient à chaque fois de super musiciens ! Mais à la première répèt avec Clap Your Hands, j’ai retrouvé cette énergie, cette force que je tenais pour acquis. A la base, tout est arrivé par hasard, mais parfois c’est la chance qui fait qu’un groupe devient un grand groupe. »
Parce qu’en somme, pour Alec, un groupe, c’est comme une relation amoureuse. « Cette pause était nécessaire même si on était pas sur le point de s’entretuer ! Un groupe c’est comme une relation, et je pense qu’en musique, la monogamie n’est pas la voie à suivre. Tout le monde devrait apprendre constamment : apprendre d’autres musiciens, d’autres projets. Chaque groupe dans lequel tu joues t’enrichit, comme dans les relations. » Et pour pousser la métaphore plus loin : « Dans notre relation avec Clap Your Hands, on était équilibré, financièrement stable, mais on avait plus rien à se dire. Il était inconcevable de se lancer dans un nouvel album dans ces conditions. C’est du rock’n’roll ! Ca aurait été malhonnête. Donc au moins, cet album, on avait tous envie de le faire ! »
Une fois les premiers émois des retrouvailles passées, il a fallu se remettre à la composition. « L’écriture s’est faite un peu dans tous les sens ! Les débuts étaient encourageants, mais si on a que la moitié d’une idée pour une chanson, une fois posés, on se retrouve avec pas grand-chose dans les mains. Et avec le recul, on réalise qu’il y a cinq ou six ans, on aurait sûrement enregistré cette moitié de chanson ! » Mais avec les années, Alec est devenu plus exigeant. « Avant j’étais plus naïf, maintenant je sais un peu mieux écrire des chansons… J’ai plein d’idées, parfois intéressantes, mais non abouties et c’est pas ce que je cherche en ce moment. » Ou plus critique aussi peut-être. « Radiohead par exemple, sur leur dernier album, c’est pas des chansons absolues – dans le sens conventionnel du moins ! Mais en écoutant OK Computer, on sait qu’ils sont capables d’écrire des chansons, donc que King of Limbs était voulu en tant que suggestion… Cependant, moi je suis plus intéressé par le travail de Beck, ou dans les légendes je suis plus dans l’idée de Bob Dylan ou Tom Waits. »
Ce qui ne l’empêche pas de toujours se remettre en question. « Je pense que c’est plus dur à mesure qu’on devient meilleur… A chaque fois, on se pose la question : « Suis-je sûr de ne pas faire perdre son temps à tout le monde avec cet album ? » Mais au bout du compte, tu sors ce que tu as, si les gens aiment, tant mieux ! Sinon tu essaies autre chose en espérant avoir avancé. Mais tu peux pas prévoir les réactions, ce serait injuste que d’essayer d’anticiper. A moins de vouloir être un produit… mais la musique c’est pas du shampoing ! »
Réclame
Le troisième album de Clap Your Hands Say Yeah, Hysterical sort le 12 septembre.
Clap Your Hands Say Yeah viendra présenter son nouvel album, Hysterical, le jour même de sa sortie : le 12 septembre à la Maroquinerie.
Remerciements : Aurélien (Cooperative Music)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Clap Your Hands Say Yeah
Production(s) : Cooperative Music
[…] : émotion et folk cuivrée avec Beirut à l’Olympia. Reformation et indie style avec Clap Your Hands Say Yeah (interview toute fraîche) à la Marock. Nouveau concept sur le fil pour redécouvrir la Loge Théâtre, c’est les soirée […]
Et toi t'en penses quoi ?