Does It Offend You Yeah?
Les Does It Offend You Yeah? (Ca t’offense, hein ?) viennent de sortir un nouvel album. Après leur You Have No Idea What You’re Getting Into (T’as pas idée dans quoi tu t’embarques), ils débarquent avec Don’t Say We Didn’t Warn You (Dis pas qu’on t’avais pas prévenu). Traduction mise à part, Le Transistor les a rencontrés pour papoter majors, synchro et provocation…
Même si le nom du groupe est juste une citation de la série The Office, le groupe joue beaucoup sur la provocation. « Oui, surtout sur cet album. Quand on est entré en studio, on a mis une pancarte, avec marqué Fuck You ! C’est ce qu’on a cherché à faire tout au long de l’album. C’est de la provocation, mais c’est aussi ce dont on a besoin. Des fois quelque chose peut être réellement choquant, tout en étant carrément génial. » Leur but n’est pas pour autant d’insulter. « On a plus cherché à faire comme un Nirvana poussé au volume maximum. C’est plus pour donner de l’énergie que le contraire. C’est plutôt une musique à balancer à ses parents quand ils t’engueulent, c’est ce niveau de provocation, ça traduit ce sentiment. C’est une autre manière de faire du heavy metal, c’est pousser la puissance au maximum sans pour autant faire du métal. »
Ce deuxième album, Don’t Say We Didn’t Warn You, était prêt il y a un an. « En fait on s’est débattus avec notre label, qui voulait faire un autre type de musique. Ils avaient pas confiance dans cet album, ils voulaient des hits plus pop. On voulait pas faire un album commercial comme Lady Gaga, on voulait faire quelque chose d’intéressant cette fois-ci. » Ils n’ont accordé aucun droit de regard sur cet album à qui que ce soit. « Nous sommes les seuls à avoir travaillé sur cet album, c’est James, le chanteur, qui le produit, personne n’y met son nez. C’est là que ça a tourné à l’aigre avec le label, donc on est partis chercher des partenaires qui voulaient de cet album. Et surtout qui n’iraient pas nous dire ce qu’on devait faire. »
Les Does It Offend You Yeah? nourrissent encore des rancœurs envers EMI. « On a fait le premier album, plus quelques chansons bonus, dont ‘Epic Last Song‘ mais qu’on aimait pas. Et non seulement ils l’ont mise sur l’album, mais ils l’ont sortie en single. Sauf que nous on voulait pas la jouer et qu’en fait même le public ne l’aimait pas vraiment. » On ne les reprendra pas à signer avec une major. « L’histoire avec les majors, c’est qu’ils pensent que les artistes n’entendent rien à la musique, et qu’ils sont les experts. Mais personne n’est un expert. Notre boulot c’est de faire de la musique, leur boulot c’est de la vendre. Mais si leur but est de faire beaucoup d’argent, ils vont te mettre la pression pour faire des hits pop. Et c’est là que tu te retrouves face à un choix : admettons que tu fasses ce qu’ils te disent de faire, tu seras malheureux, et c’est la fin de ton groupe… Et si en plus ton album ne marche pas alors que tu as fait ce qu’ils te demandaient de faire, c’est encore pire. » A moins qu’ils aient des moyens de faire pression eux-mêmes. « Certains artistes en major adorent le son pop, parce que c’est leur style donc ils ont pas à faire de compromis… Ou alors ils pèsent tellement pour la maison de disque, qu’on les laisse faire ce qu’ils veulent. Si Radiohead était signé maintenant, on les laisserait faire. Mais nous on vend pas des millions d’albums, donc c’est plus difficile. »
Ce deuxième album serait, pour certains, plus difficile à aborder. « C’est d’autant plus compliqué avec les labels si t’essaies d’écrire quelque chose de différent, quelque chose de moins évident à appréhender. Moins évident que le premier c’est-à-dire. Mais on a décidé que le plus important c’était la musique, pas la gloire. » Les Does It Offend You Yeah? ont mûrement réfléchi ce pas dans leur carrière. « Le mieux c’est d’écrire la musique que tu as envie d’écrire, et que tu aurais envie d’écouter. On a eu plein de superbes critiques sur cet album, mais il y aura toujours ceux qui veulent retrouver leur chanson préférée déclinée sur tout un album. Mais si ton deuxième album est comme ton premier, tu n’auras pas de troisième album de toute façon. Donc on a pris le parti de faire un truc un peu plus bizarre, comme ça, ça ouvre la voie pour un troisième album. Ca nous laisse le champ libre, ça pourrait être n’importe quel style. »
On retrouve leur son dans beaucoup de séries et de jeux vidéo. « On a de la chance parce qu’on a un son bizarre, et quelques show ont besoin de musiques bizarres comme la notre. Les groupes qui réussissent à avoir leur musique à la télé sont des groupes comme Sigur Ros par exemple. Quand tu écoutes leurs compositions, tu as automatiquement des images qui te viennent à l’esprit. » Leur humour britannique prend alors le dessus. « Donc tous les documentaires avec de belles scènes évocatrices, ils collent un morceau de Sigur Ros. Mais si tu fais une course de caisses comme dans Fast & Furious, ou L’Agence Tous Risques, on est là pour vous !! On fait les meilleurs films, vraiment ! » Malgré tout, le groupe garde un joli souvenir d’une synchro. « Notre grand moment a été pendant les Oscars. Ils ont projeté un animé avec Wall-E, et dans le film, le robot écoutait notre musique. Trop beau ! »
Pour Does It Offend You Yeah?, les groupes qui font des pubs sont de moins en moins stigmatisés. « Les gens, en général, n’achètent plus d’albums, c’est un fait. On récupère plus d’argent sur les pubs, à moins d’être Aerosmith ou Lady Gaga… Avant, quand on entendait un groupe utilisé pour une pub, on avait l’impression qu’ils avaient vendu leur âme. Mais maintenant c’est de plus en plus accepté, parce qu’on a pas vraiment le choix. » Pour eux, toute la manière de voir la musique a changé. « On te donne £50.000, t’as rien à faire, on va juste prendre un bout de ta musique… et cet argent est essentiel à la survie d’un groupe ! Sans ça, le groupe peut pas continuer : si tu trouves un job, tu pourras plus tourner, donc tu peux pas faire marcher le groupe. Les pubs, c’est accessoire, et même c’est pour le mieux, parce que ce qu’on veut réellement c’est jouer notre musique en live. »
Does It Offend You Yeah? sont désormais chez Cooking Vinyl. Et se retrouvent du coup sur le même label que The Prodigy, leur idole. « Quand on a fait le premier album, The Prodigy était clairement une influence, et on était tous fans. Et quand The Prodigy nous ont découverts, ils ont aimé notre son et ont demandé de l’aide à James [Rushent, le chanteur] pour certaines de leurs chansons, il a co-produit ‘Invaders Must Die’ et ‘Omen’. C’est bizarre ! Maintenant pour nous c’est plus des rockstars inatteignables, c’est des potes qui nous encouragent avant les concerts. Même si Maxim fait quand même un peu peur. »
Remerciements : Bérengère
Catégorie : Entretiens
Artiste(s) : Does It Offend You Yeah ?
Production(s) : Bérengère Promotion
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