I’m From Barcelona
Pour I’m From Barcelona, tout a débuté un été. Emanuel Lundgren avait deux semaines de vacances, et a appelé ses potes pour jouer les chansons qu’il avait composées. Cinq ans plus tard, cette petite parenthèse estivale s’est transformée en réelle expérience musicale. Ils sont toujours 27 (ou 28 ?) au sein du groupe, ils s’éclatent apparemment toujours autant – voire plus, et ils sont sur le point de sortir leur troisième album, Forever Today.
Le titre de cet album, Forever Today, peut être pris comme une incitation à cueillir le jour. « Dans un sens, c’est vrai qu’on cherche tous à suivre une sorte de philosophie Carpe Diem, on essaye de profiter de la vie au maximum. Mais en fait, j’ai piqué le titre d’un bouquin et l’histoire est en fait très triste. C’est Clive Wearing, il était chef d’orchestre et il a perdu la mémoire. Pour lui, être dans l’instant, c’est l’enfer : il ne peut se souvenir que quelques secondes, et tout disparaît… Donc Forever Today, c’est une bonne chose dans le sens Carpe Diem, mais ça peut aussi être nocif si c’est la seule chose que tu as. »
Let Me Introduce My Friends, leur premier album, était jouissif, presque naïf. Mais Who Killed Harry Houdini?, le deuxième, avait surpris tout le monde par sa noirceur. « Tu sais pourquoi c’était différent ? J’ai dû agrandir le champ des possibles pour pouvoir être à l’aise en tant que compositeur. Quand j’ai commencé le groupe, je pensais pas que ça durerait plus d’un été. Ca a été un choc que ça devienne aussi gros. Et pour pouvoir respirer, il me fallait essayer d’autres choses, et ceux qui croient en nous nous suivrons, les autres peuvent trouver un autre groupe, mais j’avais besoin de cet espace. C’est plus facile de revenir ensuite au message positif dans lequel beaucoup pourront nous reconnaître. Mais pour moi, pour pouvoir continuer avec ce groupe, j’avais besoin d’agrandir les prospects musicaux. » Pour illustrer son propos, Emanuel prend l’exemple des Pet Shop Boys. « A leurs débuts, ils réalisent qu’ils ont commencé comme un groupe de synthé-pop, et tout le monde les connaît de cette façon, mais en fait, ils sont fan de heavy metal. Donc leur deuxième album est un album de heavy metal, parce qu’ils avaient besoin de montrer au public qu’ils avaient plus d’une facette. Si c’est notre vie, il nous faut faire et du heavy metal et de la synthé-pop. Donc leur troisième album, c’est un mélange des deux. C’est ma vision de la musique. Pour pouvoir me sentir moi dans ce groupe, il me fallait explorer d’autres facettes de notre groupe. Et si on perd des fans en route, peu importe, le plus important c’est d’être fidèle à soi-même. Et cet album n’a pas été très populaire, mais c’était pour moi. »
Forever Today est donc très positif comparé à Who Killed Harry Houdini?. « Oui, je pense que l’optimisme est revenu dans l’équation. De nos jours, les groupes n’ont pas la chance d’explorer ce qu’ils sont. Les Beatles ne se sont fait connaître qu’après quelques albums. Maintenant, il faut décoller dès le premier album. Mais nous apprenons à nous connaître, on commence à se sentir plus en confiance, on n’est plus aussi inquiets que sur le dernier album. Maintenant, on sait ce qui nous réussit, et que notre message est positif. On est des personnes optimistes. Si tu fais de la musique, d’abord tu le fais pour le groupe, avant de le faire pour le public. Et si t’as de la chance, ça plaira aux critiques. »
Le discours de l’album se veut rassurant, comme pour aider une personne dépressive à s’en sortir. « C’est peut-être notre message, une grande thérapie de groupe… Je chante pour les autres, mais quand j’écris, je me parle. C’est de l’auto-thérapie presque. C’est un monde si dur, et tout est si noir, si notre groupe peut être un point rose dans toute cette noirceur, je peux mourir heureux. Si je peux apporter quelque chose de positif dans cette merde qu’est le monde. C’est peut-être la raison de mon existence, d’apporter un peu de lumière dans cette obscurité. C’est tellement cool d’être ‘dark’. Maintenant, si tu veux être un rebelle, il faut apporter un message positif. Je pense que la musique est la chose la plus puissante qu’on ait eu depuis des milliers d’années. Utilisons la musique comme thérapie. »
Quant au single, Get In Line pourrait presque être un hymne hippy, clip communautaire à l’appui. « J’ai été choqué par le timing, parce que cette chanson parle de rébellion. Et ça peut être une rébellion à un niveau personnel ou contre la societe. Et quand la chanson sort, c’est au moment où le monde est renversé par des rébellions, à Tunis et en Libye. J’ai écrit cette chanson il y a un an, mais le message c’est qu’une personne est suffisamment forte pour renverser le pouvoir. Et ces rébellions ont renversé les tyrans, c’était tellement positif. Ils ont montré que le peuple est plus intelligent que ces dirigeants qui nous dictent notre conduite. Mais ça peut être aussi sur un niveau personnel. Seulement quand on explique une chanson, on diminue son impact… »
L’an dernier, le groupe a sorti 27 Songs, une compilation de chansons composées par les membres du groupe, offerte sur leur site. « J’ai écris les chansons pour le groupe et là c’était l’occasion de leur donner un espace d’expression. C’était à eux de s’exprimer cette fois-ci. Et que chacun ait sa chanson, c’est important de pouvoir donner son avis, sans les barrières du groupe. Et c’était pareil pour beaucoup de membres du groupe, on se cache toujours derrière le nom d’un groupe. » Cette démarche a changé leur méthode de composition. « Je pense que ce qui a changé avec 27 songs, c’est que j’étais peut-être plus ouvert au groupe. Toutes les chansons, je les ai envoyées par email au groupe. Le groupe a été mon A&R en quelque sorte. Quand j’avais 12 ans, je voulais pas chanter les chansons que j’avais écrites à mes parents. Donc faire écouter une chanson à 29 personnes, c’était horrible, mais cette fois-ci, j’avais pas peur. Cet album, c’est nous qui n’avons plus peur de ce que les gens vont penser, cet album c’est nous. C’est très honnête. »
Cette déclaration porte à penser que l’union fait la force. « Quand je suis avec I’m From Barcelona, c’est complètement différent. C’est plus que de la musique. Quand j’ai commencé, j’ai demandé à des amis, à des personnes que j’avais de prendre part au groupe. L’amitié est plus importante que la musique. C’est plus fort que le groupe. C’est des amis qui jouent le rôle d’un groupe. Mais on est des amis avant d’être un groupe. Dans 20 ans, on sera plus un groupe, mais on sera toujours des amis. C’est pas une histoire de carrière… l’amitié est la chose la plus importante dans nos vie. C’est plus qu’être populaire ou pas, c’est de l’amitié. »
Réclame
Forever Today, le troisième album de I’m From Barcelona sera disponible à partir du 28 mars chez EMI
Remerciements : Julien et Damien (EMI)
Catégorie : A la une, Albums, Entretiens
Artiste(s) : I'm from Barcelona
Production(s) : EMI
[…] ‘L.I.F.E.G.O.E.S.O.N’ repris en chœur par le public – avec le côté feel good qui rappelle I’m From Barcelona (interview). Oh et puis pourquoi se priver […]
[…] le groupe concept pour être vrai : dans le genre chansons joyeuses, on préfère Fool’s Gold ou I’m From Barcelona (interview)… Mais vu la bonne ambiance dans la salle, ces atours exagérés ont l’air d’en séduire […]
Et toi t'en penses quoi ?