AaRON
Quatre ans après la découverte de ‘U-Turn (Lili)‘, AaRON nous livre une suite à son Artificial Animals Riding On Neverland, certifié disque de platine. A peine remis de sa longue tournée, le duo atypique est retourné en studio. Simon Buret, apparu récemment dans Tout Ce Qui Brille, et Olivier Coursier, ancien musicien de Mass Hysteria, parlent de Birds In The Storm.
AaRON définit l’identité de leur nouvel opus en quelques mots. « Le premier album était construit comme une route qui avançait sans fin. Celui-ci on le voyait plutôt comme une journée qui commence et qui se termine, comme un cycle permanent. Du lever du soleil jusqu’à la nuit profonde. »
Birds In The Storm a été réalisé en toute intimité. « On a tenu à faire cet album dans les mêmes conditions que le premier, que tous les deux. C’était aussi une manière de s’affranchir de toute pression. Quand on a dit au label qu’on se remettait à la composition, ils nous ont dit de prendre le temps qu’il fallait. A partir de là, on peut pas être plus direct dans les sensations et dans la liberté. » Le résultat est à la hauteur de leurs attentes. « On a réussi à poser vraiment ce qu’on avait en tête sur l’album. On a réussi à faire quelque chose sans concessions. Par rapport à tout ce qu’on pouvait croire. Qu’on impose à un groupe ou qu’on s’impose à soi-même. Comme par exemple de pas oser aller trop loin, de pas oser faire des expériences… de pas être libre. »
En effet, le poids du disque de platine aurait pu empêcher le duo de composer. « La pression c’est aujourd’hui, quand l’album est sorti et nous appartient plus. On commence à avoir les premiers retours… C’est là que tu réalises qu’il existe ! Avant, la phase de création prend toute la place dans notre esprit. La seule pression que tu te mets, c’est d’arriver à dire ce que tu veux dire, mais pas ce que les gens vont en penser. » Ils ne s’en sont pas laissé imposer. « On voulait pas du tout partir dans la direction de contenter les fans. Quand t’es quelqu’un de créatif, tu poses tes obsessions, tes pensées, tes bonheurs -ce que t’es en somme- sur une bonne sonore, sur une toile, sur un papier. C’est d’abord à toi que tu penses, c’est assez égoïste. Notre album on va vivre avec toute notre vie. Chaque morceau est comme un polaroid de notre état d’esprit. Cet album compte dans nos vies à nous avant de faire partie de quelqu’un d’autre. »
Le maître mot de cet album est donc la liberté. « On a un home studio, la liberté vient aussi de là. On peut poser notre musique comme on veut, on dépend pas d’un ingénieur du son ou d’un producteur… On est aussi libre grâce au succès de Artificial Animals Riding On Neverland, mais si y’a pas de succès, t’es d’autant plus libre puisque tout le monde s’en fout. C’est toi qui la cherche ta liberté, tu la trouves comme tu veux. »
Tout l’Artwork a été pensé, réfléchi. « Pour la pochette on cherchait une poésie du quotidien, un instant suspendu. Cette pochette est tellement impressionnante, mais les gens ne sont pas conscients que c’est pas un montage. On a trouvé cette photo à la suite d’un reportage qu’on avait vu. La symbolique de la photo, c’est quelqu’un qui était au bon endroit au bon moment, et qui a su saisir un instant. Déjà graphiquement elle est ultra puissante et cette force là englobait complètement notre univers. » Les couleurs aussi ont une signification. « Là où y’a beaucoup de lumière, y’a beaucoup d’ombre aussi. C’est con mais c’est vrai. Tout est une question d’équilibre en fait. Dans le malheur, y’a du bonheur. Chaque chose a son reflet. »
Le titre de l’album Birds In the Storm appelle à une seconde lecture. « Les oiseaux dans la tempête porte des couleurs et des sensations de chaque autre morceau de l’album ; d’où sa construction et sa forme un peu étrange. Le titre exprime une extrême fragilité au milieu d’une toute puissance. C’est notre condition en tant qu’humains : passer d’une extrême puissance à une extrême fragilité en un claquement de doigts… et inversement : les sentiments, quoi ! Je pense que c’est profondément naturel. C’est très difficile d’intégrer au quotidien que tu fais partie d’un tout. Et pas une entité parmi d’autres, solitaire. »
Le clip de ‘Seeds of Gold‘, une fois de plus réalisé par Vanessa Fihlo, rappelle celui de Radiohead pour ‘Just‘. « Oui, ça fait appel à l’imagination. Tout le monde a une réponse différente et c’est ça qui est intéressant. Y’a pas besoin d’avoir une réponse. Ce sont des questions qu’on se pose tout le temps : Qu’est-ce que tout le monde regarde ? Où on va ? Nous les premiers, on court mais on sait pas dans quelle direction ! On est plus attiré par l’inconnu, on est plus des caractères à se projeter vers la suite plutôt que de regarder en arrière. T’évolues, c’est tout, on verra bien où ça mène. Je crois. »
La tournée a été longue mais diversifiée. « On a fait des concerts en symphoniques, mais on s’était aussi amusés avec des chœurs, avec un quatuor… La musique c’est vivant, et tu peux lui donner différentes vies à travers les concerts. C’était une bonne expérience : on l’a composée à deux en acoustique, et d’un coup tu te retrouves à la jouer avec soixante personnes. C’est des sensations que tu retrouves nulle part ailleurs, tu te sens porté par l’énergie. Tu communiques vraiment avec le public. C’est rare ces moments où toutes les sensations sont condensées. » Simon est extatique de cette première expérience. « Quand t’es sur le route, les deux heures où t’es sur scène rachètent tous les moments qui peuvent être épuisants autour comme le quotidien à voyager et vivre dans un bus… Mais tous les soirs, d’avoir deux heures de cette électricité, c’est ça qui te fait planer en tant qu’artiste. Après, j’adore la poésie de la route : les aires d’autoroutes, la route qui défile, les gens, les villes que tu traverses, les paysages… c’est magique. C’est une vie particulière même si sur la longueur c’est sûr c’est épuisant. »
Cette tournée a pourtant bloqué le processus d’écriture. « J’avais besoin de clore un chapitre, celui du premier album, de la première tournée, pour passer à autre chose. Pour pourvoir imaginer, j’avais besoin de plus avoir de planning, de plus savoir où je serais dans un mois. Pour retrouver une certaine forme de liberté. En Juillet 2009, on a fait notre dernier concert en Allemagne. Quelques semaines après j’ai commencé à ressentir cette envie de recommencer à composer, alors qu’on s’était dit qu’on se donnerait un peu de temps. Et bizarrement c’est revenu assez vite, ça nous démangeait vraiment. » Autant qu’elle s’est révélée une source d’inspiration. « Durant la tournée, j’avais beaucoup de choses qui me venaient, mais je les gardais. On cherchait à tendre l’arc pour tout lâcher d’un coup. J’ai accumulé des idées, mais pas vraiment consciemment : ça venait par phases, je notais des trucs qui me plaisaient. Mais j’avais peur de trahir les morceaux qu’on jouait en concert – j’avais envie de vivre la tournée pleinement. Mais je pensais pas que ça me reviendrait aussi fortement dans la gueule au moment où on s’est arrêté. Que la composition serait nécessaire à mon quotidien. »
Réclame
Birds In The Storm est déjà disponible chez Cinq7
AaRON les 14 et 15 décembre au Casino de Paris
Remerciements : Rachel (Ephelide) et Eric (Cinq7)
Catégorie : Entretiens
Artiste(s) : AaRON
Production(s) : Cinq7
Entretien avec AaRON @le_transistor [Article] AaRON – http://www.letransistor.com/3062-entreti…
Intéressant cet entretien et la formule de “la poésie de la route” je la trouve particulièrement belle.
@NotSoBlonde : merci. Oui, Simon avait l’air très exalté en parlant de sa tournée 🙂
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