I Blame Coco

Petit à petit, I Blame Coco fait son chemin. Après ‘Caesar‘, le tube en duo avec Robyn, et ‘Selfmachine‘, le single repris –entre autres- par La Roux, I Blame Coco sort enfin sont premier album, The Constant. De son vrai nom Eliot Pauline Sumner, la jeune femme de tout juste 20 ans ne sort pas de nulle part non plus. Rencontre avec une « fille de » pas comme les autres …

I Blame Coco

I Blame Coco

Commençons par le commencement : son nom de scène. Le surnom Coco n’est clairement pas un diminutif. « Ma mère m’a donné ce surnom, comme Coco le clown. Les clowns me paraissent toujours très tristes, ils essaient de créer de la joie, mais ce n’est qu’un masque. Comme ces personnes qui cachent leur douleur en faisant des blagues à tout bout de champs. Et je pense que je peux me retrouver dans cette définition. C’est ma théorie sur mon surnom… » Pourquoi se blâmer elle-même ? « C’est pour se moquer des slogans britanniques qui rejettent la faute sur tout et n’importe quoi. C’est toujours la faute à quelque chose d’autre. Donc je me suis dévouée même si  je ne sais pas encore pourquoi, mais la réponse va m’apparaître sûrement un de ces jours… c’est une blague qui ne marche peut-être pas forcément hors contexte je crois. »

Certains enfants d’artistes célèbres choisissent de garder le nom de leurs parents. « Déjà, je voulais pas avoir mon nom en entier. Je vois pas l’intérêt, c’est juste un manque de créativité quand le nom de scène est le même que l’état civil. Donc pourquoi pas I Blame Coco. » A-t-elle peur de la comparaison avec son père ? “Non on est des personnes complètement différentes, on a chacun notre style.
Difficile de savoir si c’est un handicap ou un avantage d’avoir Sting pour père. « Dans ce jeu, c’est plus dur. Je crois que j’ai encore beaucoup de batailles qui m’attendent. Mais j’ai déjà réussi à faire mon album, et à faire en sorte que les gens l’écoutent, et peut-être y réfléchissent à deux fois. » Pourtant, les connexions peuvent aider. Car à 17 ans, c’est Island Records qui l’a approchée pour la signer. « J’ai été embauchée comme songwriter/musicienne. J’ai pas écrit pour d’autres, mais je jouais avec des groupes de reggae à Londres. On jouait dans des bouges la nuit, on faisait des jams de minuit à trois heures du matin pour qui voulait bien nous écouter. »

Le titre de l’album, The Constant, a-t-il quelque chose à voir avec la personnalité de la musicienne ? « C’est un terme très mathématique en fait. C’est comme une œuvre, la mécanique de la musique. Ca représente bien la manière de penser des humains… La musique c’est juste des maths, une fois qu’on en comprend le schéma, on peut faire ce qu’on veut. Mais The Constant ça peut vouloir dire quelqu’un qui attend quelque chose, ça peut vouloir dire tout et n’importe quoi. » Rien que dans son explication, elle nous livre une partie d’elle-même. « Ca a quelque chose à voir avec la constance du temps. C’est à raprocher de la chanson Please Rewind, qui traite de l’anxiété – un concept qui m’est familier malheureusement. C’est comme quelque chose qui tape constamment sur mon cerveau, et qui me rend folle. Et quand ça s’arrête, j’ai l’impression que je suis morte, parce que je vois pas d’autre issue. »

Ce premier album a été enregistré en Suède. « Je voulais aller quelque part où je me sentirais comme un extraterrestre. Je cherchais à me sentir à l’aise dans la gêne, en quelque sorte. Donc je suis jetée à corps perdu dans une ville où je ne connaissais personne, où je n’aurais aucune distraction, pour pouvoir me concentrer sur mon travail et me créer une famille à moi au fur et à mesure. »
Pourquoi la Suède en particulier ? « Je suis pas sûre, j’ai décidé de faire tourner le globe, et mon doigt s’est posé sur la Suède. Donc je suis partie à Stockholm voir ce qui s’y passait. Je voulais quelque chose de différent. Les Suédois semblent avoir une formule magique pour les mélodies pop. Ils interprètent la langue anglaise d’une manière différente, donc quand ils chantent, leurs paroles n’ont pas vraiment de sens, mais ça crée un langage à part. »

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C’est là qu’elle a rencontré le producteur Klas Ahlund. « Je suis arrivée en Suède, je connaissais personne. Et dans un bar, on m’a indiqué que c’était Klas des Teddybears. Je suis une réelle fan des Teddybears, donc je me suis dit qu’il fallait absolument que je le rencontre. J’ai commencé à lui parler musique, je lui ai proposé qu’on prenne des guitares et qu’on joue ensemble. C’est ce qu’on a fait, et on s’est mis à composer ensemble. » Comment s’est passé la rencontre avec Robyn ? « Klas me l’a présentée, parce qu’il co-écrit et produit ses albums. Justement on était à ce moment là en train de plancher sur ‘Caesar‘. On lui a joué une démo très basique, très crue, où on entend à notre chant qu’on est bourrés. Elle a aimé et s’est proposée pour chanter le chorus. Ca créée un gros contraste avec ma voix, mais ça colle bien je trouve. »

Caesar‘ avait pourtant été écrit pour faire un pied de nez à la maison de disque. « Pas vraiment, c’était plutôt de la frustration. En gros on a reçu un email du label qui nous demandait de leur produire un single qui serait un hit. Donc on a fait Caesar, pas pour les provoquer, mais c’était une blague, c’était histoire de leur envoyer quelque chose. C’était moi, bourré, qui chantait un peu ce qui me passait par la tête. On a décidé d’écrire n’importe quelle vieille chanson de punk pourrie… Et en fait ils l’ont adoré –alors que c’était pas du tout l’effet désiré. Mais si la chanson a marché, je vais dire que c’est de la faute de Robyn. »

Tous les remix de Selfmachine, très clubbing – pourtant ce n’était pas l’intention de la jeune femme. « Les jeunes de mon âge écoutent pas mal de dub-step et de drum& bass et j’en écoute aussi. Et c’est pas mal d’avoir cette perspective sur les chansons. Mais j’aime pas trop les boîtes, je suis rapidement fatiguée. Je m’assoupis facilement s’il y a beaucoup de bruit… Je peux faire le concert, boire un verre ou deux, puis je pars me coucher généralement. Par exemple les festivals je peux pas, ça me rend extrêmement anxieuse. »

Si elle ne supporte pas le bruit, comment gère-t-elle les concerts ? « J’ai beaucoup plus d’énergie sur scène. Je réverbère les vibrations de la foule. Ca me rend hyperactive, mais j’adore. » Elle joue la plupart des instruments sur l’album, mais pas en live. « Sur scène, le groupe prend le dessus et je reste au milieu, à danser comme une idiote. Enfin je sais pas si on peu appeler ça danser, c’est un peu genre j’essaie de garder le rythme avec tout ce qui se passe autour de moi. Mais j’adore, même si c’est embarrassant. »

Effectivement, Coco n’a pas l’air à l’aise avec son image. « Je peux pas regarder une photo de moi ou capturer un reflet de mon visage dans un miroir, c’est horrible. » Alors pourquoi accepter de figurer dans les vidéos et sur la pochette ? « Je crois que c’est supposé être comme ça… pour le label. Mais c’est un sacrifice que je dois faire pour pouvoir faire de la musique. Ca fait partie du boulot… Je ferai n’importe quoi pour pouvoir faire de la musique. Et j’aime ce que je fais… Je travaille avec des personnes super, des personnes en qui j’ai confiance et que j’aime. Ca me permet de faire des tournées et la scène est mon endroit favori. »

Réclame

The Constant sort le lundi 11 octobre chez AZ (Universal)


Remerciements : Damien (Ivox)

Catégorie : Entretiens
Artiste(s) :

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