The Hives
Notre groupe préféré est de retour. Depuis 1997, ils secouent l’Europe de leur garage punk et enchaîne les tubes ultra-énergique. Une fois signés chez une major, Universal s’est empressé de sortir une sorte de compilation, Tyrannosaurus Hives (2004), pour les révéler au monde entier. Mais depuis leur Black and White Album en 2007, des rumeurs circulaient qu’ils étaient en pause. Pas de panique, The Hives ont repris les chemins du studio.
Qui ne tente n’a rien, n’est-ce pas ? Quand j’ai demandé à interviewer The Hives lors de leur passage aux Eurockéennes de Belfort, j’avoue que je n’y croyais absolument pas. On me promet un créneau dix minutes dans le planning très serré, j’essaye de garder les pieds sur terre. L’interview est repoussée aux petites heures du matin, je me résous plus ou moins. Mais une fois dans les loges après leur concert, plus moyen de reculer.
Leur planning ne permet pas plus de dix minutes, mais Chris Dangerous, le batteur et Howlin’ Pelle Amlqvist, le chanteur, tiennent à me raconter leur périple, les larmes – de rire – aux yeux. “En fait, c’est un weekend maudit. Ça a commencé avec Nicholaus Arson qui pouvait pas assurer le show à cause d’une intoxication alimentaire le jour même du concert. Le seul qui nous est venu à l’esprit pour nous sauver, c’était Wolverine B. mon roadie guitare de longue date. Il devait partir en vacances, et on l’a quelque peu forcé à remplacer Nicholaus au pied levé. Genre on lui a fait louper son avion pour qu’il vienne avec nous à la place. On l’a convaincu que c’était la chose à faire en lui donnant beaucoup d’argent (rires) Une fois le remplaçant à bord, on se met en route pour l’aéroport en Suède, mais dans le pire bus dans lequel on n’ait jamais voyagé. On pouvait pas dormir parce que les couchettes étaient trop petites. C’était l’horreur !
On s’est réveillés à l’aéroport ce matin et pour s’envoler pour Munich, mais là notre avion pour Zurich est annulé. Il a fallu les convaincre de nous trouver un autre vol, mais ils voulaient nous faire partir au milieu de la nuit, et on aurait raté notre concert. Et après plus de cinq heures d’attente à l’aéroport, et sans rien à manger… Bref, on arrive ici, et notre bus a même droit à l’escorte de police, ce qui est vraiment putain de cool ! Mais en fait il a fallu s’habiller sur le trajet : on n’arrêtait pas de tomber, de se cogner partout (rires) Et quand enfin on arrive et qu’on commence à jouer… il se met à pleuvoir des trombes !
Donc c’était un weekend un peu brutal et bizarre à la fois.”
Je m’étonne qu’ils n’aient pas de meilleures conditions de transport. Pelle me résume alors la situation des majors en deux coups de cuillère à pot : “Oublie ! les labels ont plus du tout d’argent… Plus personne n’achète d’album depuis dix ans, tu serais contente s’ils t’offraient une tasse de café ! Les bières là, c’est tout ce qui nous reste et c’est le festival qui les paie, parce que les gens vont encore en concert !” J’aurais pas dit mieux.
Que s’est-il passé depuis le dernier album ? “A chaque fois qu’on finit une tournée, il semblerait qu’on se retrouve avec un procès au cul et ça nous prend du temps à nous en dépêtrer. Donc on était au milieu d’un démêlé judiciaire, c’est pour ça que ça nous a pris plus de temps. On passe pas mal de temps à la cour de justice…” J’aurais aimé approfondir la question, mais on me fait des grands signes, le temps m’est compté.
Parlons donc de Tarred & Feathered (le goudron et les plumes), leur EP de reprises. “On cherchait quelle orientation prendre pour le nouvel album : voir ce qu’on aimait, ce qu’on voulait faire. Mais ça faisait des siècles qu’on n’avait pas mis les pieds dans un studio d’enregistrement ! Et comme on estimait que les chansons qu’on avait préparées était pas encore au point, on a d’abord décidé de ré-apprivoiser le studio en enregistrant quelques reprises. On s’est marrés à les a jouer et au final on a vraiment aimé le résultat. Et puis c’était enregistré, c’était là, pourquoi pas le faire écouter au gens ?
C’était pas non plus un plan d’attaque : on n’essaye pas de camoufler le fait qu’on est en retard pour le nouvel album. Ces reprises sont comme un puits d’inspiration. C’est comme un indice de ce qui va bientôt sortir. Ca représente un peu le son qu’on recherche, et ce qu’on cherche à exprimer.”
Ce soir ils ont joué de nouvelles chanson, le nouvel album est donc en chantier. “On est encore en train de tester différentes techniques d’enregistrement. On a presque fini d’enregistrer trois chansons pour le prochain album. Et elles sont géniales. Maintenant il nous reste plus qu’à en trouver neuf autres qui seront aussi bien.
On a très envie de retourner sur les routes, mais pour cela il fallait un bon album. Il y a tellement d’albums médiocres qui sortent chaque jour et tellement peu de bons… et faire un bon album, ça prend du temps. Il y a des milliers de chansons déjà écrites – il faut donc en trouver des qui A) n’ont pas encore été écrites, et B) qui sont vraiment bonnes. Et c’est un putain de boulot !”
Pelle sent que je suis un peu stressée. Il demande à la journaliste qui attend si elle est pressée. On lui apprend qu’il a plus que dix minutes pour boucler les deux interviews… Mais non, il décide de m’accorder encore quelques questions.
Alors on sort un peu de leur recherche de son pour une recherche de contrat : Pourquoi avoir quitté Universal pour Sony ? “Avec Universal, on avait un deal pour deux albums, avec une option pour le troisième album. Mais au moment de la reconduction du contrat, les ventes d’albums physiques avaient chuté d’environ 80% : ça leur aurait coûté tellement d’argent qu’ils ne pouvaient pas se le permettre. Ils avaient les finances, mais ils savaient qu’ils n’étaient pas gagnants dans l’équation. On est toujours sur Universal Scandinavie, donc on travaille toujours avec les personnes qu’on connaît depuis le début. Et ça ne change pas grand-chose, au final on fait un album et on garde la licence.” Pelle se permet un trait de sarcasme : “Les nouvelles personnes en charge ont l’air plutôt excités à l’idée de s’en charger. Et c’est cool ! A la fin, Universal était plus si excité, à cause de tous l’argent qu’ils ont perdu.” Il sourit, philosophe : “Shit happens. Nous on est heureux tant qu’on fait de la musique.”
Question bonus un peu bête mais j’avais envie de la poser. Pourquoi Pelle a ce besoin de crier – est-ce parce que la Suède est un pays très calme ? “Dans un sens un peu plus philosophique, t’es pas loin du compte. Les hivers sont très longs en suède, donc il faut vraiment trouver quelque chose à faire. Et faire du bruit avec des instruments et crier, je pense que c’est vraiment marrant. En plus, quand on a démarré, pendant les répètes, on avait le micro de merde avec le plus petit ampli au monde, donc il fallait bien que je crie si je voulais qu’on m’entende !”
Remerciements : Julien Emery
Catégorie : Entretiens
Artiste(s) : The Hives
Evenement(s) : Eurockéennes de Belfort
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