Entretien avec Superorganism

Superorgansim c’est un nouveau type de pop. C’est un collectif britannique bien de notre temps, qui se nourrit d’influences diverses et bariolées. C’est naïf, c’est blindé de sons de la vie geek courante, et ça vous rentre dans l’oreille sans vouloir jamais s’en échapper. C’est addictif, comme tout ce que la vie numérique nous promet. Le Transistor les a poursuivis une partie de l’année pour réussir à leur mettre la main dessus à La Route du rock. Rencontre avec B et Harry.

Superorganism

Les influences de ce groupes viennent des quatre coins de la terre – Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Etats-Unis, Angleterre…
Harry : Soul a plus de connaissances en sixties, Orono connait pas mal de J-Pop que nous ne connaissions pas, B a grandi en Nouvelle-Zélande, et moi j’ai été à l’école en Nouvelle-Zélande aussi…
B : donc oui on a ça en commun : la musique kiwi !
Harry : mais en général, on gravite tous autour de la pop. C’est clairement dominant, mais dans une vision bien élargie on va dire… “

Au début, pour apprendre à se connaître, chacun a contribué à une immense playlist.
B : Il y avait clairement des trucs que j’avais jamais entendus ! Heureusement, parce que ça aurait été ennuyeux si on écoutait tous la même chose.
Harry : Si c’était que des morceaux de Pavement par exemple ! Parce que oui, on est tous fans, c’est notre tronc commun.
B : Dans la playlist, il y avait un chouette équilibre, entre des trésors à découvrir, et beaucoup de choses en commun quand même. On a une palette très large de genres musicaux, mais avec cette chance d’être sur la même longueur d’onde.
Harry : Ca permet d’établir une confiance au départ, d’avoir plusieurs points d’ancrages, sur lesquels tout le monde tombe d’accord. Comme Pavement, les Beatles ou peu importe. Je sais que Soul adore ‘Strawberry Fields’, donc je vais me montrer plus ouverts d’esprit quand il me fait écouter des trucs psychés des années 60 : je fais confiance à ses goûts musicaux.
B : On s’est tous liés grâce à certains choix musicaux… Orono et moi on s’est découvert une passion commune pour Pavement, et je me souviens avoir été aussi obsédée qu’elle par ce groupe quand j’avais son âge. Ca permet de tisser des liens, cette playlist, c’est une bonne base d’alchimie pour pouvoir parler de musique ensemble.”

Les deux dernières années ont été assez mouvementées pour Superorganism.
B : c’était pas dur mais plutôt excitant ! On a visité tellement de nouveaux endroits, ca été extraordinaire !
Harry : on était bien occupés, ça c’est sûr. Mais c’est très cool, parce qu’on a fait plein de rencontres géniales. Les gens ont l’air d’apprécier notre musique ! Et depuis la sortie de l’album, l’accueil et les réactions sont de plus en plus chaleureux.
B : maintenant le public est rassuré, on est pas seulement un one-hit wonder ! (rires) Je sais que ça m’arrive de me poser la question parfois sur d’autres groupes !
Harry : mais oui ! Sans arrêt ! C’est difficile de savoir s’il y a plus qu’un tube ! Le problème c’est que quand la première chose qu’on fait, ça marche, la pression commence à s’accumuler… Nous c’est clairement ce qui nous est arrivé ! La toute première qu’on a écrite ensemble, on la sort et d’un coup, toute l’attention se porte sur nous… et la pression qui va avec ! Soudain c’est la crise à se demander ce qui plaît aux gens dans cette chanson.
B : Si on se pose trop de questions, on se retrouve dans une seule dimension, parce qu’on a l’impression qu’il faut refaire la même chose : logique, puisque ça plaît aux gens !”

La force de Superorganism c’est que les huit membres représentent une palette d’âges et d’horizons différents.
Harry : Nous on a de la chance parce qu’on est huit, avec tellement d’expériences différentes, et d’influences musicales mélangées, donc on avait beaucoup plus d’inspiration à tester. On a pu s’isoler du monde extérieur. Alors qu’une personne seule…
B : Je pense que l’un d’entre nous aurait pu écrire ‘Something For Your M.I.N.D’ tout seul, mais… le truc c’est que cette personne n’aurait pas pu créer l’album tout seul. Ne serait-ce que pour le travail que ça représente !
Harry : Un album comme celui-ci a besoin de toute la diversité qu’un grand groupe de personne est en mesure d’apporter.
B : C’est le reflet des relations entre les différents membres du groupe.
Harry : Car en fait, on est pas le même quand on est avec nos grands-parents, ou avec les potes au pub. On est la même personne, mais c’est un personnage différent suivant les situations. Or un groupe c’est un peu le même fonctionnement ! C’est comme une famille : certaines facettes de notre personnalité ressortent suivant les combinaisons de personnes. Je pense que c’est comme ça que l’album s’est construit. Et c’est comme ça qu’on a réussi à éviter de devenir ce groupe qui sort une seule chanson et puis disparaît.”

Les relations ont beaucoup évoluées depuis la sortie de ce premier titre ‘Something For Your M.I.N.D’ au début de l’année 2017.
Harry : Certains d’entre nous vivaient déjà ensemble et d’autres ne s’étaient jamais rencontrés. Par exemple B n’avait pas rencontré Orono.
B : A cette époque, trois d’entre nous ne l’avaient jamais rencontrée…
Pour la petite histoire, la jeune Orono était fan de l’ancien groupe de Harry, ils se sont rencontrés quand ils étaient en tournée, au Japon, où elle leur a servi de guide.
Harry : Quand on bossait sur l’album, Soul habitait en Australie et Orono était encore aux Etats-Unis.
B : Pour finalement se retrouver sur les routes ensembles ! On vient de faire plus de 3 mois de tournée avec quelques jours de pause seulement. Donc on part avec des gens qu’on a jamais rencontrés !
Harry : Bien évidemment, ça change la dynamique. Mais heureusement tout le monde s’entend bien. Et Soul et Orono qui étaient les derniers à se rencontrer, sont désormais probablement les plus proches.
B : Comme certains d’entre nous se connaissaient plutôt bien, on faisait confiance à ceux qui nous présentaient les nouveaux. Je savais que j’adorerais Orono parce Harry l’adorait – et je le connais depuis longtemps ! Donc on faisait confiance aux amitiés pré-existantes.
Harry : C’est génial parce qu’on est tellement nombreux, donc il y a des dynamiques différentes ! Trois d’entre nous peuvent bouger, et on sait qu’on ne va laisser personne tout seul.
B : Le tout dans une atmosphère détendue : on peut partir seul dans son coin si on en éprouve le besoin.”

Pour composer, même au sein de la même maison, chacun s’isole et les échanges se font d’abord par ordinateur interposé, avant d’en discuter ensemble.
B : Ca nous paraissait logique de continuer comme nous avions commencé, quand nous étions éclatés aux quatre coins de la terre.
Harry : Dans le cas d’une nouvelle collaboration, c’est facile de manquer de confiance en soi, on a pas forcément envie de lancer la première idée. Si je reçois un fichier d’un des membres qui me demande une partie de synthé, ça me donne du temps. Ca peut prendre 10 minutes avant de trouver une super idée, mais des fois je vais rester une journée entière, je vais bouger, me balader, ré-écouter la partie, me poser, essayer quelques idées, jusqu’à trouver le bon état d’esprit.
B : Ca nous donne l’espace dont on a besoin, sans avoir d’impératif, créée par l’immédiateté. Et c’est pas mal pour un jeune groupe d’avoir ce type d’espace pour réfléchir seul, pour laisser l’idée venir naturellement.
Harry : Récemment, on était à Chicago, chez des amis pour quelques jours, et enfin on s’est retrouvés dans la même pièce à jammer. Ca nous a permis d’accélérer notre méthode, parce que maintenant les gens se connaissent, se sentent plus à l’aise les uns avec les autres.”

Réclame

Superorganism, le premier album de Superorganism est paru chez Domino.
Superorganism jouent à Rouen le 1er novembre et Lille le 2 novembre
Voir les prochains concerts de Superorganism
Lire le compte rendu de Superorganism à la Route du Rock


Remerciements : Max Lecerf

Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) :
Evenement(s) :
Production(s) :
Ville(s) :

Une réaction »

Et toi t'en penses quoi ?