Entretien avec Flat Worms
Flat Worms c’est un groupe que certains iront jusqu’à qualifier super-groupe. Car au sein de ce trio, on retrouve des membres de The Babies, Thee Oh Sees ou Kevin Morby. Après ces expériences, Will Ivy et Tim Hellman ont décidé de monter leur propre groupe et là-dessus Justin Sullivan s’est un peu incrusté… pour le meilleur ! Rencontre avec le Flat Worms pour discuter de leur influences punk engagé, de leurs projets, et de l’enregistrement de leur premier album avec Ty Segall.
Flat Worms
La tournée européenne de Flat Worms a son lot d’anecdotes.
Will : Quelqu’un est venu nous chercher à l’aéroport, et quand elle vu nos flycases et nous a entendu parler de festival, direct elle nous a demandé si on était des DJs. C’est la première chose qui lui est venue à l’esprit ! Au lieu de se dire qu’à 3, il y avait plus de chances qu’on soit un groupe !
Justin : Désormais, tout le monde est DJ ! Et certaines personnes sont encore étonnées qu’on ait choisi la guitare…
Tim : Mais j’espère que les gens vont continuer à choisir la guitare, pour longtemps, pour toujours !”
C’est à Swell Maps que l’on doit ce nouveau projet… à guitares donc !
Will : En gros, je m’étais pris un mur sur tout ! Donc je voulais essayer quelque chose de radicalement différent. Et là, Swell Maps passe à la radio, donc j’ai texté Tim genre direct, alors que la chanson jouait encore, et je lui ai proposé de se lancer dans un groupe noisy rock pour l’été !
Tim : On avait déjà joué ensemble dans des groupes. L’idée c’était de faire quelques concerts chez les potes, pour s’amuser.
Will : Et quand Justin nous a entendu en parler… il nous a rappelé qu’il jouait de la batterie !
Tim : C’était plus genre “j’en suis” ! Il a pas demandé ! (rires)
Will : C’était génial. Et quand on a commencé à jouer ensemble, on a réalisé qu’on travaillait super bien. On se répond bien, on fonctionne bien, c’est facile d’échanger des idées.”
Les musiciens se sont rencontrés au gré de concerts et d’affiches partagées.
Will : Nos anciens groupes ont joué ensemble ! Justin était dans un groupe qui s’appelle The Babies. Et nous c’était Wet Illustrated.
Justin : C’est comme ça qu’on est devenus potes. Et un an après, ils ont dit qu’ils allaient jouer ensemble. Et c’est vrai, ils m’ont pas proposé de les rejoindre, mais j’y suis allé quand même. Jusqu’à présent ça va ! (rires)
Will : C’était parfait en fait, parce qu’on avait pas d’idée arrêtée non plus. Il a montré son intérêt, donc c’était un choix assez évident.
Tim : Et c’est pas comme si on avait le choix parmi les batteurs, mais on est très contents !
Will : Il y a deux pénuries à Los Angeles : l’eau et les batteurs ! On va finir à sec !”
Comme dans toute bonne équation, tout s’est déroulé très simplement.
Will : Chaque groupe est un produit de circonstances, inhérents aux gens qui en font partie. Il y certaines personnes avec qui j’ai joué, je ne peux pas imaginer refaire un groupe avec eux. Si ça s’est fini c’est pour une raison.
Tim : Mais c’est aussi une question de personnalités, de goûts musicaux, d’idées qui se retrouvent. Je pense pas qu’on cherchait à faire du punk par exemple. C’est surtout une combinaison d’influences. On avait une seule direction : celle de jouer très fort !
Will : Contrairement à tous les autres projets dont j’ai fait partie, je me disais que quelque chose de spécial était en train de se passer. Et ça suit son chemin : on ne fait pas beaucoup de promos, on n’a pas de réseaux sociaux, ou très peu, mais c’est juste que les gens aiment venir à nos concerts, on aime jouer, ça se développe seul. C’est cool, et ça doit le rester.”
Tout naturellement, leur premier album est paru chez Castle Face Records, le label de John Dwyer (Thee Oh Sees).
Will : Ils nous ont approché pour travailler sur l’album. On va pas refuser.
Tim : Surtout qu’on aime ce qu’ils font…
Will : Mais rien ne dit que sur le prochain album…
Tim : C’est surtout qu’on a rien de prêt pour le moment ! (rires)
Will : En plus Tim arrête pas de voyager ! Il faut que je l’attache à un radiateur ! (rires)
Tim : Mais dès que je suis en ville, on répète ! Mais oui, c’est vrai, avec l’autre groupe, on tourne beaucoup donc je suis souvent parti.
Will : Mais il a une éthique de travail incroyable ! Dès qu’il rentre de tournée, il arrive direct pour venir répéter. Je pense pas qu’il connaisse beaucoup de jours de repos.
Tim : Ca m’arrive assez souvent oui… Au retour d’une série de concerts avec l’autre groupe, je prends pas le temps de repasser chez moi, je débarque de l’aéroport.“
Cet album a été enregistré en une seule journée… par Ty Segall.
Justin : C’était sur le moment ! On a enregistré dans son jardin !
Will : Il doit y avoir quelque chose, parce que ça marche pour nous, cette immédiateté. On a enregistré avec Ty Segall, qui est très axé sur le live.
Tim : On est pas trop tatillons sur la question de la prise parfaite. Souvent c’est la première qui est la bonne.
Will : On peut en faire d’autre mais l’énergie initiale est la meilleure.
Tim : On a essayé d’aller en studio. Mais tout le monde était enregistré séparément, et ça sonnait insipide. C’était pas pour nous.
Will : Ca nous paraissait déconnecté. Or, on est un groupe : on joue ensemble !
Justin : Chez Ty Segall, on a tout enregistré en live, avec très peu d’arrangements. Il mixe même directement : il joue avec les boutons pendant que la chanson est jouée. Sans aucun ordinateur ! Ce qui rajoute un autre élément live.
Tim : Depuis qu’on a commencé à bosser de cette manière, je me demande pourquoi ça devrait prendre plus de temps que ça ? (rires)
Will : J’ai assisté à tellement de sessions où ils sortent les shakers, les tambourins, et ils essaient toutes les combinaisons possibles. Toutes les idées possibles et imaginables ! Et je me dis qu’ à un moment, ils perdent le fil. Alors que nous essayons de communiquer exactement ce que nous sommes.
Tim : Et puis Ty est un très bon juge esthétique. Il sait capturer ce genre de choses.
Will : Son style nous correspond, on peut expérimenter des trucs ensemble.
Tim : De notre côté, on essaie de ne pas apporter de notre obscurité personnelle. Car ce mec est une preuve du pouvoir du positivisme !”
Justin : Et tellement humble avec ça ! C’est un mec bien, vraiment !”
Influencés par la poésie punk, Flat Worms crée un univers apocalyptique avec des paroles traitant de société, de politique, d’environnement.
Will : Un de mes groupes préférés c’est The Fall, mais j’ai aussi grandi en écoutant Patti Smith, je l’ai toujours beaucoup aimée. Et récemment j’ai écouté en boucle John Cooper Clarke, Sleaford Mods et tout ça.
Tim : Il y a quelque chose d’immédiat dans notre manière de travailler, dans ce que l’on fait, et je pense que c’est là l’intérêt.
Will : On aime jouer fort et rapidement, j’écris les paroles rapidement, je pense que la première pensée est importante, si on part dans ce sens, c’est pour une bonne raison. C’est comme une prise de conscience du moment présent. Les paroles parlent de ce que j’observe au quotidien.
Tim : Toutes nos paroles ne sont pas non plus sombres, elles ne sont pas toutes négatives, on parle de la situation environnementale, politique, mais on a aussi écrit une chanson d’amour.
Will : Peu importe ce qui nous vient à l’esprit.
Justin : En vrai, on est pas sombres, on est juste un groupe de mecs sympas, qui chantent sur la fin du monde.” (rires)
Réclame
Flat Worms, le premier album de Flat Worms, est paru chez Castle Face Records
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Remerciements : Marion Seury
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Flat Worms
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