Sleaford Mods à La Gaité Lyrique

Le duo de Nottingham Sleaford Mods a bien plus que le vent en poupe. Chacun de leurs albums est très attendu, comme le tout chaud English Tapas, et chaque concert s’annonce toujours comme un évènement. Leur espèce de post-punk sur fond électronique minimaliste associé à la prestation du chanteur Jason Williamson est bien parti pour retourner une Gaité Lyrique archi-blindée.

Avant Sleaford Mods, on a eu droit à deux premières parties hétéroclites: Massicot, trio féminin basse-guitare-batterie produisant un magma sonore assez noisy dans une transe arythmique, et avec très peu de chant. L’autre première partie ressemblait davantage à un intermède comique style stand-up, avec un mec complètement barge : Mark Wynn. Il joue des mp3 depuis son ordi en chantant par-dessus, en se rasant, en racontant sa life… Bon, on n’a pas vraiment su à quel degré prendre le truc, et le public est comme nous resté coi, sans vraiment trop de réactions.

Sleaford Mods


C’est enfin l’heure des Sleaford Mods. Le beatmaker du groupe, Andrew Fearn, arrive tranquillement et tout sourire sur scène avec son sac à dos. Il en sort un bon vieil ordinateur portable qu’il pose sur une caisse (vide) de bières. Il le connecte, fait tourner quelques secondes un beat: c’est bon, la balance est effectuée.

Andrew Fearn repart pour revenir accompagné par son acolyte Jason Williamson qui semble remonté comme un boxeur avant le combat. Le charismatique chanteur en impose direct, et la fosse hurle pour réclamer le début des hostilités. Voeu exaucé avec d’entrée ‘Army Nights‘, extrait de leur dernier album. Entre punk, rap, sprechgesang, postures insolentes, on retrouve avec bonheur leur arsenal d’éternels énervés.

Cette puissance simple va droit au but, sans atours, simplement sur fond de beat et basse lancés par Andrew Fearn, d’un doigt sur une touche de son PC. Lors des live, ce dernier a toujours la très lourde et unique charge d’appuyer sur une touche de son ordi pour lancer la bande sonore suivante. Sans doute afin de se reconcentrer avant d’appuyer à nouveau trois minutes après, il sirote d’une main une bière italienne, l’autre main plantée au fond d’une poche de son jogging. Il se dandine en souriant, parfois en fermant les yeux. Le spectacle est donc plutôt produit par ce diable de Jason Williamson, qui se courbe sur son micro dans des gestes épileptiques, et hurle en crachant sa haine des grands groupes industriels, des lobbys, de la société de consommation en général…

Le mec semble sur-vénère et en est même carrément hypnotisant. Le nouvel album est pas mal mis en avant avec des titres dark presques rap comme ‘Snout‘, ‘Cuddly‘ ou ‘Dull‘, sans oublier leur côté punk avec ‘Moptop‘. Mais peu importe les influences, leur côté brut est électrisant, et presque émouvant. Des morceaux plus anciens et au bpm plus soutenus enchaînent, comme l’énorme ‘Jolly Fucker’, qui fait s’égosiller le chanteur presque autant que le public. Ca y est, c’est le bordel.

Il faut tout de même attendre le rappel pour que les pogos dans la fosse s’enveniment vraiment, presque méchamment, par exemple sur le plus ancien ‘Tied Up in Nottz‘ et son gimmick de guitare new-wave lancinant, ou sur le très rapide ‘Tweet Tweet Tweet‘. Voilà, on est bringuebalé dans tous les sens, peut-être comme en fin de soirée dans un pub de Nottingham. Après l’ovation finale, on sort rincé, et finalement, on s’est pris autant de bière dans la tronche que de postillons de Jason Williamson.

Réclame

English Tapas, le dernier album de Sleaford Mods, est paru chez Rough Trade / Beggars
Sleaford Mods seront en concert à Dour et Rock en Seine
Lire le compte rendu de Sleaford Mods à La Route du Rock


Remerciements : Sébastien Bollet [Beggars]

Catégorie : A la une, Concerts
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Une réaction »

  • Baxter Dury au Trianon | Le Transistor :

    […] scène lors de la date à Londres quelques jours plus tôt… mais dommage, Jason Williamson, sans doute le plus fabuleux des frontmen actuellement, est absent ce […]

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