La Route du Rock 2016 – dimanche
Dernier jour au Fort Saint-Père pour La Route du Rock 2016. Et donc quatrième jour de festival, mais il n’est pas question de plancher, puisque c’est la journée la plus rock ! Après les effluves pychédéliques de Morgan Delt, et les réminiscences nineties de Lush, on fait les cons en mode punk-pop avec Fidlar, on s’en prend plein la gueule avec les Fat White Family pour finir aussi psychotiques que le chanteur de Sleaford Mods.
Morgan Delt
Le soleil tape encore à 18h, donc on démarre la journée en douceur. Morgan Delt ouvre son set sur un nouveau morceau, issu de son album Phase Zero à paraître à la fin août : ‘I Don’t Wanna Know What’s Happening Outside’. Sa petit pop psychédélique est parfaite pour se laisser aller tranquillement. Il s’énerve soudain sur ‘Chakra Sharks’, mais fausse alerte, on ondule bientôt sur ‘Barbarian Kings’ de manière insouciante.
Heureusement la batterie tente une percée sur ‘The Age of the Birdman’, car on s’éclate bien plus quand Morgan Delt passe la troisième. D’ailleurs, plus on avance dans le set, et plus les guitares rugissent et la batterie s’emballent. Les mélodies se font plus riches en harmonies et plus rebondissantes. On se laisse tranquillement happer par l’amplitude du son, on est prêts à danser.
Lush
Pendant que Lush prend ses quartiers sur la scène du Fort, il se murmure des vannes sur les cosmétiques. Ce groupe a été un des premiers à donner dans le shoegaze, mais après le décès de leur batteur en 1998, le projet s’est arrêté. L’année dernière, les Britanniques ont décidé de se reformer, mais ce retour n’a pas eu le retentissement escompté. Tout au long de leur set, on baigne dans une ambiance nineties pas totalement remise au goût du jour.
Pourtant, le groupe fait beaucoup d’efforts. La chanteuse Miki Berenyi tente d’échanger en français avec le public, s’excuse pour le Brexit, propose des dédicaces, à sa famille, à Robin Guthrie des Cocteau Twins… Elle essaie même de chanter ‘Desire Lines’ en français, tout en jouant sur sa douze cordes. Leurs compositions sont vaporeuses, on se laisse prendre par ‘Breeze’ le temps d’un morceau. Mais c’est comme si Lush devait refaire ses preuves comme à ses débuts, c’en est décourageant.
FIDLAR
Les bras bien ouverts, Zac Carper accueille le public d’un chaleureux « Boooonjour » et en deux minutes c’est le boxon, grâce à leur reprise de ‘Sabotage’ des Beastie Boys. Les cris ont à peine le temps de se calmer, que FIDLAR enchaîne avec son hymne à la ‘Cheap Beer’, repris en chœur par le public. Ça slame joyeusement dans l’assistance, et Zac balance sa guitare derrière la tête, comme ça, en joyeux branleur.
Après le désuet ‘Max Can’t Surf’, qui se fout délibérément du batteur, Brandon à la basse, frappe chaque note de ‘No Waves’ de son corps. On part en mode Nirvana avec ‘White on White’, puis Zac Carper explose de rire sur ‘40oz. On Repeat’ tandis que la foule s’époumone sur les paroles « everybody’s got somebody, everybody but me ». Dans la bonne humeur, on reprend les lalalalas de ‘West Coast’, c’est un beau moment d’osmose du festival. FIDLAR fait ce qu’il veut de nous : même nous foutre à terre pour mieux sauter !
Fat White Family
Il y a deux ans, quand les Fat White Family donnaient leurs premiers concerts en France, c’était déjà le gros boxon. Pour leur deuxième passage à La Route du Rock, ils sont armés d’un des meilleurs albums de l’année, Songs for Our Mothers. Désormais programmés sur la scène du Fort, les Britianniques font leur entrée sur un chant en arabe. Deux morceaux dissonants et pourtant mélodieux plus tard – ‘Tinfoil Deathstar’ -, Lias Saoudi est déjà torse nu et descend dans la fosse pour se faire porter par la foule.
Sur le blues désaccordé de ‘Wild American Prairie’, il s’attrape les parties génitales puis une canette de bière qu’il renverse allègrement. Après leur single ‘Whitest Boy on the Beach’, il entre en transe sur les guitares électrisantes de ‘I Am Mark E. Smith’. Cependant quelque chose ne tourne pas rond, et comme on l’apprendra le lendemain via NME, le guitariste Saul Adamczewski a quitté le groupe.
Mais si les Fat White Family sont plus calmes que ce qu’on espérait, Lias Saoudi descend toujours dans la fosse pour gueuler son ‘Satisfied’, et se brise toujours en deux pour hurler sur la crissante ‘Auto Neutron’. Justement, leur musique est nécessaire pour exprimer les blessures, pour, sur un ‘Garden of the Numb’ foutraque et limite burlesque, éviter l’indifférence. Et danser de plus belle sur ‘Touch The Leather’.
Sleaford Mods
En parlant de Mark E. Smith (leader de The Fall), Jason Williamson de Sleaford Mods a la même manière de (non) chanter. En fait, c’est comme s’il crachait toute sa haine du système libéraliste, et déplorait toute l’Angleterre en crise sur des prod electro minimalistes. D’ailleurs son compère Andrew Fearn, qui a remplacé son prédécesseur au pied levé, ne fout pas grand-chose sur scène, faisant plus figure de soutien moral plus qu’autre chose.
Car il faut bien avouer que si cette posture rajoute à l’intensité du chanteur, Jason Williamson a l’air de souffrir de troubles du comportement (en fait pas du tout). Il s’accroche au micro comme pour s’empêcher de se frapper la tête – sans y parvenir. Mais après répété “all right” un nombre de fois incalculable, sans savoir trop ce qu’il racontait à cause de son accent à couper au couteau, on se retrouve, sans s’y attendre, à danser. Oui, ce soir, nous dansons sur « The Capital Machine » (dans ‘Face to Faces’), sur le quotidien des ouvriers anglais. Une certaine idée de décadence.
Remerciements : Maxime Lecerf
Catégorie : A la une, Reportages
Artiste(s) : fidlar, Lush, Morgan Delt, Sleaford Mods, The Fat White Family
Evenement(s) : La Route du Rock
Ville(s) : Saint-Malo
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