Mogwai au festival Days Off
Depuis Rave Tapes, les Ecossais ne nous avaient glissés qu’un petit EP prometteur mais sans le développement espéré. Avec leur label, ils font un peu ce qu’ils veulent, donc cette fois-ci c’est une bande-son qu’ils sortent. Pas de film ou de série, comme pour Les Revenants, mais d’un documentaire. Après Zidane, Mogwai change de cap avec Living in Dread and Promise de Mark Cousins sur l’énergie nucléaire. Ainsi, au festival Days Off, c’était en formation ciné-concert qu’on découvrait le nouvel album Atomic.
Tout commence avec ‘Ether’, sur des macros symbolisant la naissance : des cellules qui se dédoublent, des papillons qui éclosent, et sur une montée épique, la vie prend corps, des fonds marins aux arcs-en-ciel, pour finir sur une échographie, et des sourires d’enfants. L’espoir, et le bonheur des choses simples. Mais les hommes ne se sont pas contentés de ces petits plaisirs ils sont partis explorer la terre et la matière : hommage aux scientifiques comme Marie Curie et Albert Einstein sur le sentencieux ‘SCRAM’.
C’est là que tout bascule. A partir d’images du British Film Institut, Atomic nous plonge dans l’enfer d’Hiroshima. Trois semaines seulement après le premier essai, sans aucune connaissance des conséquences, la première bombe s’abat sur le Japon. Sur une longue déflagration, les regards inquiets des enfants voient le nuage en forme de champignon repousser les nuages. Tout vole en éclat, ne reste que des corps sans vie. Ces images on les connaît par cœur, mais les frissons surviennent sur ces manifestants si joyeux à Londres, qui militent pour le désarmement tout en se préparant comme ils le peuvent à une potentielle riposte.
Le documentaire n’est absolument pas chronologique, on passe des protestations à Greenham Common, en 1981 pour empêcher l’installation de missiles nucléaires en Angleterre, à la crise de Cuba en 1962. Les politiciens se succèdent à signer des accords, des débats sur l’absurdité d’avoir recours à l’armement nucléaire s’ensuivent… Quand soudain survient la catastrophe de Tchernobyl. En toute dignité, les images montrent une mère qui pleure son fils, des femmes inquiètes de devoir laisser leur village, et des pêcheurs inconscients du danger.
Le documentaire captive, mais par moments la musique reprend le dessus… lorsque sur ‘Weak Force’, les souvenirs récents de Fukushima font irrépressiblement remonter les larmes. En guise de conclusion, Atomic souligne que la radioactivité était censée nous guérir, venir à bout des tumeurs – rappelant au passage que c’est grâce au CERN qu’on a développé la technologie du World Wide Web.
Le constat, à coup de chiffres d’explosions nucléaires… sans compensation des victimes pour la plupart, est alarmant. Comme pour souligner l’importance capitale de ces informations, Stuart Braithwaite finira ‘Fat Man’ (surnom donné à la bombe qui détruisit Nagasaki) seul sur scène, à côté de son ampli, à genoux.
Réclame
Atomic, le nouvel album de Mogwai, est paru chez Rock Action / PIAS
Mogwai sera en concert au Montreux Jazz Festival, et au Barbican center de Londres le 15 septembre.
Lire l’interview de Mogwai
Lire l’interview de Minor Victories, le nouveau projet de Stuart Braithwaite avec Slowdive et Editors – en concert à la Route du Rock
Catégorie : A la une, Concerts
Artiste(s) : Mogwai
Salle(s) : Cité de la Musique, Philharmonie
Evenement(s) : Days Off
Production(s) : PIAS
Ville(s) : Paris
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