Entretien avec VKNG
A la manière d’un cheveu sur la soupe, VKNG débarque avec son Illumination. Entre des beats discos et une ferveur bien rock, ce premier album détonne dans le paysage musical français. Or ces vikings n’en sont pas à leur première invasion, puisque Thomas de Pourquery est un saxophoniste récompensé aux Victoires du Jazz, et Maxime Delpierre un guitariste qui s’est illustré aux côté de Rachid Taha, Médéric Collignon, Vincent Courtois et bien d’autres. Rencontre à Rock en Seine avec les deux amis d’enfance qui s’amusent follement à déjouer les codes de la pop.
Pour ces deux cracks du jazz, ce projet VKNG a des airs d’excentricité.
Thomas : On a toujours une envie de fantaisie. Sur tous les projets !
Maxime : Je pense qu’on est fantaisistes par nature.
Curieusement, sur scène, les deux VKNG ont opté pour des costumes très sobres.
Thomas : Nous, on a le maquillage intérieur ! Il y aura peut-être des masques un jour, mais tu sais c’est tout bébé encore comme projet. Notre tout premier concert, c’était à Jazz à la Villette, on a ouvert l’année dernière pour le concert de Har Mar Superstar. Et ensuite on a été programmés au Trans Musicales…
Maxime : C’est aussi parce que quelque part je crois qu’on a pas envie de se déguiser. Finalement le fait d’afficher cette esthétique sobre, ça veut aussi dire quelque chose. Et je crois qu’on a juste envie d’être nous-mêmes.
Thomas : Et être nous-mêmes, c’est pas mettre des cornes de viking !
Maxime : Ca n’empêche que ça viendra je pense, quand même faut pas déconner ! Mais faut trouver les bons costumes parce que s’habiller en viking ça sert à rien. C’est vite ringard, on a pas envie d’être ringards. On s’appelle déjà VKNG, or on a quand même envie que ce soit un peu classe notre musique. On a une exigence par rapport à notre esthétique, qui fait que parfois, on préfère ne pas faire plutôt que de mal faire.
Thomas : Limite porter des fringues fluo, quelque part ça aurait plus de sens pour nous que de se déguiser en viking tout simplement parce qu’on s’appelle VKNG.
Maxime : On en parlé plein de fois, évidemment, on a essayé des choses et c’est pas facile. Les costumes de scène c’est quand même un délire.
Thomas : C’est pas une interview, c’est une séance de coaching en fait !
Le mélange des deux jazzmen en mode disco est assez étonnant, à se demander quelle collaboration les a influencés (Rodolphe Burger, Oxmo Puccino, Damon Albarn, Jeanne Added, François and the Atlas Moutains, Metronomy… pour ne pas les nommer).
Thomas : On se connaît depuis très longtemps, et quand on s’est retrouvés, on s’est découvert Maxime producteur et moi songwriter. C’était comme un coup de foudre entre deux vieux potes. On a eu envie de faire des chansons ensemble et c’est sorti comme ça. Très naturellement, on a rien forcé.
Maxime : On n’a pas cherché à partir sur un style prédéfini. Enfin si, au début. Mais c’est le contraire qui s’est produit : on voulait vraiment faire un projet lo-fi et on pensait pas du tout que ça allait donner VKNG. Du coup on s’est étonnés nous-mêmes à pas faire du tout ce qu’on avait décidé !
Thomas : On écoutait Ariel Pink, des choses comme ça…
Maxime : Et on s’est dit qu’on allait faire de la musique sur ordinateur. On s’est imaginé sur scène à débarquer seulement tous les deux avec un ordinateur, à se contenter d’appuyer dessus.
Thomas : C’est le truc qu’on a jamais fait, parce que nous on est vraiment des mecs de la scène, avec des musiciens, et donc du coup ça nous impressionne vachement quand on voit ça !
Maxime : Et en fait rien. Naturellement on a discuté, on s’est mis à écrire ensemble, à produire, et à passer un temps infini en studio…
Ce dont on pouvait être sûr venant de Supersonic et Limousine, c’est que le format soit libre.
Maxime : Après c’est certainement aussi un défaut, j’en sais rien… Mais on a jamais fait ce que nous on attendait de nous-mêmes. Et ce quel que soit le projet en fait, finalement à chaque fois qu’il y a un nouveau projet, on part sur de nouvelles pistes.
Thomas : C’est pas volontaire non plus, on va pas chercher non plus à aller là où on nous attend pas. C’est juste qu’à chaque fois on répond à des désirs, suivant les rencontres.
Maxime : Et ça correspond à un manque en fait.
Thomas : Exactement. Quand Max fait Limousine, c’est parce qu’il a eu envie de faire du post-jazz, et quand j’ai eu envie de faire un Supersonic, ça répondait à une envie de monter mon groupe de free jazz.
Avec leurs groupes respectifs, Thomas de Pourquery et Maxime Delpierre ont contribué à enlever les toiles d’araignées du jazz.
Maxime : On n’a pas du tout le sentiment d’avoir révolutionné quoi que ce soit. On a vraiment l’impression qu’on fait ce qu’on peut : on aime le jazz, on aime la disco, on aime le rock donc on en fait autant qu’on nous laisse en faire et qu’on nous donne des possibilités. Et on est hyper chanceux de pouvoir le faire en fait.
Thomas : Ce qu’on espère surtout c’est pouvoir faire de la musique le plus longtemps possible.
Maxime : Bien sûr, peu importe ce qu’il se passe avec Illumination, il y aura toujours la possibilité d’envisager d’autres projets et des collaborations mais pour le moment c’est VKNG qui nous fait rêver.
Thomas : On est à ce moment quand tu regardes l’horizon, et que tu n’envisages pas l’après.
Maxime : Mais ça nous empêchera pas de faire d’autres trucs comme un disque de free jazz avec Limousine ou autre : il est hors de question que ça n’arrive pas !
En fin de compte, les deux musiciens sont très sérieux au sujet de VKNG !
Thomas : Ca nous prend tout notre temps.
Maxime : Et notre tête. C’est un plaisir on se marre bien, sinon on le ferait pas. C’est pas qu’on est pas travailleurs, parce qu’on est quand même des bosseurs, on est même un peu vénères dans ce domaine-là, mais par contre on a pas du tout envie de se faire chier. Ca, c’est sûr, on a pas envie d’être avec des gens avec qui on se marre pas.
Thomas : C’est pas possible, ça c’est pas notre vie !
Réclame
Illumination, le premier album de VKNG, paraît le 2 octobre chez Naïve.
VKNG sera en concert le 9 octobre au Plan de Ris-Orangis, le 16 octobre au MaMA Event, le 21 à la Dynamo de Banlieues Bleues de Pantin, le 10 novembre à la Maroquinerie.
Lire l’interview de Viva and the Diva
Lire le live report de Limousine à la Gaîté Lyrique
Lire le live report de Rachid Taha au Trianon
Remerciements : Marion [Ephelide]
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : VKNG
Evenement(s) : Rock en Seine
Production(s) : Ephélide, Naive
Ville(s) : Paris
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