Entretien avec Totorro
En 2011, Totorro émergeait avec All Glory To John Baltor, un premier essai instrumental post-hardcore avec des touches de screamo, mais sans aucune agressivité. Trois ans plus tard, nos jeunes Rennais signent avec Recreation Center, le label de Yelle et le tourneur Kongfuzi et passent à un math-rock plus pop. C’est au Petit Bain, avant leur concert, que les quatre musiciens ont accepté de digérer leur raclette en papotant de leur premier album Home Alone.
A noter que Jonathan taquine sur le choix du nom du Transistor… Sauf qu’ils sont mal placés pour vanner à ce sujet !
Bertrand : C’est pas moi le responsable du nom Totorro. Je suis arrivé après !
Christophe : C’est bon, on est pas obligé de s’attarder sur des erreurs de jeunesse…”
Parce que Totorro a vu le jour en 2004, quand Christophe et Jonathan étaient encore au lycée à jouer du neo-metal.
Jonathan : On s’est rencontrés au collège et on faisait de la musique nulle. Et en classe de terminale, on a rencontré Xavier qui faisait de la basse.
Christophe : C’est là qu’on s’est mis à faire de la musique instrumentale.
Xavier : Des trucs symphoniques un peu chiants (rires)
Jonathan : On écoutait un peu In Flames et des trucs pas bien…
Christophe : A l’université, il y a eu Bertrand qui faisait de la batterie
Xavier : et qui avait un passé superbe dans un groupe de punk-hardcore.
Bertrand : Quand je suis arrivé, on a commencé à écrire de la musique et à jouer en Europe de l’Est, sur les circuits DIY genre tournée des squats. C’était pendant les vacances scolaires de nos études sup’, donc une semaine par-ci par-là. C’est à ce moment qu’on a fait All Glory To John Baltor.”
Difficile à croire que le label de Yelle, Recreation Center ait signé un groupe post-hardcore.
Bertrand : Non, c’est vraiment vrai ! Ils sont de St Brieuc, à côté de Rennes. Ils nous ont vus en concert dans un bar pour le Art Rock festival, et ils ont décidé de produire l’album.
Jonathan : Ils avaient envie de lancer un groupe depuis longtemps, et ils ont eu un coup de cœur même si c’est pas du tout le style qu’ils font d’habitude.
Bertrand : Mais tant mieux pour nous, ça nous permet de sortir un album avec une promo et une grosse tournée derrière. Maintenant, c’est vrai que c’est étonnant.”
Leur premier album Home Alone, beaucoup plus pop, éveille des soupçons quant à l’implication de leur nouveau label.
Christophe : On a écrit ces morceaux-là avant que le label de Yelle ne nous voie.
Jonathan : Donc c’est bon, arrête avec tes insinuations ! Qu’on soit pas accusés de calibrer les morceaux ! (rires)
Bertrand : Non c’est juste qu’on a commencé à écouter des trucs plus pop, donc on a commencé à prendre cette direction, mais quand le label nous a vus, c’était déjà écrit.”
L’histoire c’est que Totorro se nourrit enocre beaucoup de nouvelles influences au fil des rencontres.
Jonathan : On est des vendus, on fait un peu la musique des gens qu’on rencontre.
Christophe : Pour Home Alone, on venait de rencontrer les gars de Fago Sepia, et de passer pas mal de temps avec Ghislain qui compose tout dans Mermonte. Et pour l’album d’avant, on avait enregistré chez Amaury Sauvé, et on fréquentait Birds in Row…
Jonathan : On aime toujours les trucs comme Cult of Luna, mais c’est juste que pour cet album, on avait envie de faire de la pop.
Christophe : Après, ça peut encore prendre une autre direction, on est un peu des électrons libres ! (rires) Oui, j’aime bien les phrases choc !”
D’ailleurs, Totorro admet ne pas vraiment écouter de post-rock au quotidien.
Jonathan : Plein de gens me parle de groupes auxquels Totorro leur fait penser, et à chaque fois je réalise que j’y connais rien.
Xavier : En gros, on a écouté les groupes les plus connus.
Christophe : Mais quand on est dans le van et que l’ambiance commence à chauffer parce qu’on en a marre d’être les uns sur les autres, on met genre un And So I Watch You From Afar ou un Mogwai et ça calme tout le monde.
Xavier : On a quand même gardé des influences screamo qui sont flagrantes sur le premier album.
Bertrand : Mais maintenant on est beaucoup plus math-rock.”
L’artwork de Home Alone en lui-même indique un changement d’influences.
Bertrand : Juste après notre premier concert au Point Ephemère, on s’est fait le tatouage de la maison. Avant d’être un artwork, c’était un tatouage en fait, et on savait pas que ça allait être la pochette en fait.
Xavier : C’était il y a deux ans. On venait d’arrêter les études, et on rentrait en coloc tous les quatre… Ce tatouage c’est comme un contrat de confiance !
Christophe : Au début, on voulait refaire une pochette dans la même veine que le premier album, mais le label trouvait ça un peu surchargé. Et d’un coup, ils ont proposé la maison, avec ce graphisme ultra simple !”
Ce premier concert au Point Ephémère, c’est Christophe Ehrwein de Kongfuzi qui leur avait proposé.
Bertrand : On était tout excités à l’idée d’aller jouer au Point Ephémère avec Caspian !
Jonathan : Et surtout de rencontrer le tourneur de Paris qui bookait tous les groupes qu’on kiffait à l’époque.
Bertrand : Le contact était bien passé, et puis un an s’est passé avant qu’il nous fasse repasser au Point Ephémère. C’est à ce moment-là que ça s’est un peu concrétisé et on est parti pour une tournée de 40 dates pour l’album ! Après c’est surtout que Kongfuzi, ses gros Ricains, il a pas trop de mal à les faire tourner, mais quand il prend des jeunes projets en développement, c’est pas dit qu’il leur assure une intermittence.
Jonathan : Mais il nous a montré qu’il avait un super réseau.
Bertrand : Et du coup, les réseaux Konfuzi et Yelle se complètent. C’est super, on est pas loin d’avoir l’intermittence avec Totorro ! Jamais on aurait imaginé !
Xavier : Sachant qu’avant on avait jamais touché un cachet.
Christophe : On a dû faire 110 dates avant de faire une date déclarée.
Xavier : Mais ces dates dans les squats et skate park c’était vachement rigolo !
Christophe : Et puis les tourneurs et labels se seraient jamais intéressés à nous. c’est tout un cheminement…”
En octobre dernier, le fondateur de Kongfuzi nous quittait.
Bertrand : Comme beaucoup de gens, on a été hyper affectés par… En plus on était en tournée à Lorient. On avait une date le lendemain à Laval donc on dormait à l’hôtel. On était avec Jean Jean au petit dej à 10h du mat… On a rien vu venir.
Christophe : En tous cas, c’est trop cool que ça continue…
Bertrand : Finalement, il laisse un bel héritage.”
Réclame
Home Alone, le premier album de Totorro, est paru chez Recreation Center.
Remerciements : Bertrand James
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Totorro
Salle(s) : Petit Bain
Production(s) : Kongfuzi, Recreation Center
Ville(s) : Paris
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