Entretien avec Glass Animals
Au FNAC Live, la programmation met beaucoup la musique française en valeur, avec parfois quelques petites perles britanniques qui brillent au milieu de l’affiche. Et dans la lignée d’un Alt-J il y a deux ans, le festival a déniché les Glass Animals. On retrouve d’ailleurs ce jeune groupe prometteur programmé au festival des inRocKs Philips à l’automne. Le Transistor a pu rencontrer Dave Bayley et Joe Seaward à l’Hôtel de Ville pour parler de leur premier album Zaba.
Glass Animals
Le chanteur et le batteur échangent à propos de ce premier album, Zaba, qui vient de paraître.
Dave : C’est un peu flippant, c’est comme un premier bébé, ou ton premier enfant qui part à l’école.
Joe : C’est comme son premier jour de classe en fait.
Dave : On lui a donné naissance, on l’a fini, et maintenant il est prêt à partir découvrir le monde. »
Glass Animals revient d’une tournée américaine, avec une étape à Austin pour le fameux festival SxSW.
Dave : On s’est bien marrés. Je crois qu’on a fait huit ou neuf concerts, et à chaque fois complet.
Joe : C’était cool de voir des villes dans lesquelles on n’aurait jamais mis les pieds comme Minneapolis ou Kansas City. J’avais jamais imaginé aller là-bas. Et finalement, c’était des endroits géniaux, avec des gens extra. C’était excitant comme expérience. Tout comme aujourd’hui, on s’attendait pas à voir autant de monde, parce qu’on jouait tôt. Donc ça se passe bien en ce moment, c’est cool. Notre enfant est en cours, il a des bonnes notes, il lit des bouquins, il apprend même le français. »
Pour ce Zaba, les Britanniques ont passé six semaines en studio en compagnie du producteur Paul Epworth.
Dave : On a passé un bon moment au final. On a fait un peu les cons en studio, on s’est bien amusés. C’est ce qu’il faut quand on fait de la musique, c’est obligé.
Joe : Le producteur venait passer une tête régulièrement, généralement le matin pour s’assoir et écouter ce qu’on avait fait. Ensuite, il donnait quelques idées, puis repartait bosser sur d’autres projets. Il était assez pris à ce moment-là : il était en Californie pendant bien trois semaines, donc il nous a laissé les clés.
Dave : Il nous donnait pas tant des conseils : il nous posait surtout des questions et nous laissait réfléchir par nous-mêmes. Ce qui était la meilleure technique pour nous : on a pu faire les erreurs qu’il nous fallait faire. On pouvait lui demander ce qu’on voulait, le pourquoi surtout : pourquoi faut-il le faire de cette façon ? Mais il nous faisait plus des suggestions qu’autre chose. »
Au passage, ce producteur est connu pour avoir contribué au succès de l’album 21 d’Adele.
Dave : Avant tout, il a produit beaucoup d’albums qu’on adorait plus jeunes. C’est lui qui a formé notre éducation musicale en quelque sorte. Son premier succès c’était The Futureheads, j’avais 12 ans.
Joe : C’est aussi lui derrière The Rapture, plus que James Murphy.
Dave : C’est une pierre angulaire de notre monde musical, il est donc responsable de notre amitié quelque part.
Joe : Oui, c’est ce mec dont le nom est marqué au dos des albums qu’on a partagés. »
Mais Glass Animals n’a aucune intention de décrocher un Grammy pour le moment.
Dave : Si on a choisi Paul, c’est pas forcément pour son palmarès, c’est surtout pour la liberté. Il nous a réellement laissé faire ce qu’on voulait, chance qu’on n’aurait pas eue avec n’importe quel autre producteur.
Joe : Mais c’est vrai qu’on aurait dû demander une close Grammy dans le contrat ! »
La légende veut que Paul Epworth soit venu à leur concert en 2012, et qu’après quelques verres, les ait signés sur son nouveau label Wolf Tone.
Joe : On a fait tout ça, mais ça veut pas dire qu’on n’a pas réfléchi. Il s’est écoulé du temps entre sa proposition de sortie sur son nouveau label et le moment où on s’est engagés.
Dave : Ce n’était pas le seul, beaucoup d’autres labels se sont pointés à ce concert. Quand on l’a rencontré, on venait à peine de sortir notre premier EP, on a plus pris sa proposition comme une validation de la part d’une personne qu’on respectait qu’autre chose. On était très excités, mais on s’est donné le temps de la réflexion. »
Les Glass Animals ont voulu prendre le temps de trouver leur son avant de se lancer dans la gueule de l’industrie musicale.
Joe : Ce qui est bien avec Paul, c’est qu’il a compris notre démarche. Parce que son but c’est d’aider à créer l’univers pour mettre ses artistes en valeur. Par exemple avec Adele, il a construit un écrin pour son chant. Sa tâche primordiale c’est de composer un paysage musical adapté. Il adorait ce que Dave avait composé, il s’est pas dit qu’il voulait produire absolument : il s’est juste dit qu’il avait envie d’aider.
Dave : Il était réellement excité à l’idée de réaliser notre album. C’est une sublime opportunité que d’avoir le soutien de quelqu’un qui cherche à nous aider à créer notre son, et pas l’utiliser comme base pour le sien.
Joe : Et ça nous a donné l’occasion de sonder son expérience. C’était une chance exceptionnelle d’avoir des retours d’une personne comme lui. Ca nous a permis de nous perfectionner, mais à notre rythme, à notre manière. »
Leur patte, en l’occurrence, c’est d’incorporer beaucoup d’éléments sonores étrangers à leurs compositions.
Dave : Ce qui s’est passé dans la plupart des cas, c’est que j’étais en train d’écouter la chanson qu’on venait de composer, avec juste le chant et la guitare, et d’un coup je visualisais le son dans ma tête. Donc je me mettais à chercher pendant des heures sur des synthés pour réussir à reformuler ce son. Il faut juste savoir reproduire les sons qu’on a en tête, et réussir à les combiner ensemble. J’ai passé tellement de temps à soigneusement choisir les sons qui se marieraient parfaitement.
Joe : C’est un aspect de notre musique qui est très important pour nous. On passe énormément de temps à trouver le bon son.
Dave : On essaie de créer un monde où plein de choses bizarres existent, mais des choses qui ne seraient pas bizarres en soi. Elles paraissent étranges pour nous, mais sont naturelles dans leur contexte. Tous les éléments sont bizarres, mais ensemble ils créent un monde qui fonctionne. En fait, quand on est dans la bulle, tout va bien, mais dès qu’on quitte la pièce, on se demande ce qui vient de se passer. »
La recherche de ce son parfait peut s’avérer quelque fois un peu frustrante et pourtant bénéfique.
Dave : Parfois on se retrouve à poursuivre un son en particulier, et on se retrouve avec autre chose qui correspond mieux en fait.
Joe : Le meilleur moment c’est quand on fait une erreur, et qu’on se retrouve avec quelque chose qu’on aurait jamais imaginé, qui sonne de manière extraordinaire. Cette sorte d’heureux hasard. Même si c’est limite à l’opposé de ce qu’on voulait, c’est encore mieux au final.
Dave : Du début à la fin, Zaba n’est qu’une somme d’accidents ! (rires)
Joe : Mon dieu, je viens de réaliser que cet album est une énorme erreur ! »
Réclame
Zaba, le premier album de Glass Animals, est paru chez Wold Tone/ Universal.
Glass Animals sera en concert le 13 novembre à la Cigale pour le festival des inRocKs Philips
Remerciements : Pauline La Cadence
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Glass Animals
Evenement(s) : festival des Inrocks, Fnac Live
[…] manquer. Dans le match qui les oppose, les voilà déclarés ex-aequo… du moins pour le moment. Lire l’interview de Glass Animals Lire l’interview de […]
[…] scène Pression Live, Years & Years, alias les One Direction de l’indé ! Puis, on retrouve Glass Animals (lire l’interview), la réponse à Alt-J mais avec un réel jeu de scène, pendant que Gramatik fera danser les […]
[…] au slow-motion ! Le rock londonien de Otzeki est en effet très lent, nonchalant, languissant, un peu à la manière de Glass Animals. Mais ce duo est plus dans la provocation, n’hésitant pas à mimer la masturbation pour faire […]
Et toi t'en penses quoi ?
A lire aussi
Gallery