Entretien avec Teleman
Au festival des inRocKs, en première partie de Suede, le Transistor tombait sous le charme d’un groupe pop aux chansons acidu-lescentes. Depuis novembre dernier, Teleman n’a pas chômé puisqu’il a fini son premier album Breakfast. Désormais signés sur le label Moshi Moshi, les Britanniques faisaient une soirée de présentation à la Flèche d’Or en compagnie de Tom Vek. Le Transistor en a profité pour discuter avec Thomas Saunders de Bernard Butler, de Pete & the Pirates, et de méditation…
Teleman
En guise d’introduction, Thomas Saunders explique ne pas être très doué pour les interviews. C’est peut-être pour ça qu’il s’applique aussi soigneusement. « Je déteste les interviews par téléphone parce que je déteste parler au téléphone, peu importe la personne à l’autre bout du fil. Je déteste Skype encore plus ! J’espère ne jamais m’engager dans une relation à distance. Je supporterais pas tous les coups de fil ! »
Afin de le mettre à l’aise, Le Transistor lui laisse choisir la première question. « Commence par quelque chose qui n’a rien à voir avec la musique. » Parlons donc du banc qu’il est en train d’étudier pour réussir à le refaire chez lui. « Bon, c’est tout de même lié à la musique… mais on a déménagé dans un studio l’année dernière. En fait, c’était surtout une pièce bien salle qui tombait en lambeaux. Alors on a commencé à monter des cloisons, ajouter des lumières, refaire le plafond, ce qui fait qu’on commence à s’y connaître en bricolage. C’est pour moi la même satisfaction qu’en musique : travailler très dur à un projet, sans être jamais sûr de si ça marchera ou non. » Finalement, retaper le studio et enregistrer l’album leur aura pris autant de temps. « Dans les deux cas, si on avait su ce qu’on faisait, ça aurait pu être plus rapide. Parce qu’on apprend en faisant. C’était nouveau pour nous, de travailler ensemble, et avec ce producteur. On était en apprentissage. »
Pour Teleman, l’expérience au sein de Pete & the Pirates ne compte pas. « On a pas juste changé de nom comme certains le pensent. On a clôt Pete & the Pirates, ce qui signifie qu’on ne refera jamais de musique avec ce groupe. Par la suite, avec Johnny et Pete on a recommencé à faire de la musique. C’est là qu’on a monté un nouveau groupe : Teleman, qui n’est pas une deuxième version de Pete & the Pirates. Et puis ce ne serait pas juste pour Hiro… » Leur batteur Hiro Amamiya est le seul nouveau membre du groupe. « Avant l’arrivée de Hiro, on jouait avec une boite à rythme, mais on s’amusait juste, c’était pas sérieux. On avait pas vraiment de nom. Et Hiro est arrivé au moment où on était en train de devenir Teleman, au moment où on venait de décider d’enregistrer un album. »
Au-delà de la formation, Teleman a plus d’ambition que Pete & the Pirates. « Je pense que certains des membres étaient là pour la balade. C’était pour eux une occupation comme une autre. Il faut admettre que c’est plus facile d’être dans un groupe que dans un emploi de bureau. Bien sûr il y a la partie travail sans relâche, qui fait qu’on est tout le temps crevé. Mais parfois, on a juste énormément de temps libre : on peut avoir plusieurs jours avec rien à faire, à se poser dans le parc au soleil pendant que les autres sont au boulot. » Thomas Saunders est tellement motivé, qu’il culpabilise dès qu’il ne travaille pas. « Je suis pas très doué à ne rien faire. Si je passe deux heures à lire un livre ou regarder un film, je me dis que je ferais mieux de travailler. Car j’ai toujours une liste de chansons qui ont besoin d’être finies. Et j’adore ça en plus : cette culpabilité c’est par rapport à moi-même uniquement. Je pense que j’aime faire de la musique plus que tout. Tiens, ça pourrait être l’accroche de l’interview ! »
Pour son premier album Breakfast, Teleman a travaillé avec l’ancien guitariste de Suede. « Bernard Butler aimait beaucoup ce qu’on faisait, donc il a accepté de produire notre album gratuitement. On n’était pas signés, mais on cherchait pas vraiment activement un label non plus. Quand l’album a commencé à prendre de l’ampleur, on était tous excités par ce projet, Bernard le premier même si on le payait pas. Par contre, au bout de six mois, il a commencé à perdre patience sur la question du paiement. Mais il avait confiance en nous, sinon il l’aurait pas fait. » Heureusement, le groupe a reçu une bourse du Performing Rights Society, la Sacem britannique. « Je déteste être impliqué dans les questions d’argent, j’essaie plutôt de m’en cacher. Certains sont obsédés par l’argent, mais c’est plus un obstacle qu’autre chose : ça gâche la musique. En plus, on n’en a pas besoin de nos jours : tu peux faire de la musique dans ta chambre à partir de rien. Et de la bonne qualité en plus ! On a plus besoin de studios d’enregistrement. Quoi qu’il arrive, les oiseaux continueront de chanter, donc la musique continuera d’exister. »
Les paroles de l’album Breakfast parviennent à un juste équilibre entre innocence et érotisme. « Il y a des paroles qui me viennent spontanément, sans procédé de réflexion particulier, c’est comme d’ouvrir un robinet. Le moment que j’apprécie le plus dans la composition, c’est quand on a l’impression que la chanson t’a été livrée toute prête. C’est cool, quand ça arrive ! Mais parfois rien ne vient. C’est un état d’esprit à mon avis : il faut se relaxer pour que ça vienne. » Thomas Saunders compare l’exercice de la composition à celle de la méditation. « En ce moment j’essaie d’apprendre la méditation. C’est très dur de se concentrer sur une seule chose, sans que l’esprit ne s’égare, ne se laisse distraire. Ca paraît facile, mais c’est pratiquement impossible. Et pour la composition… Attends, je cherche une tournure de phrase qui ne sonnera pas cliché : tes émotions ont besoin d’être allumées. On peut pas être apathique, parce que sinon, rien ne se passe. »
Il réfléchit, à demi-rêveur, et ajoute comme pour lui-même : « Mais même si tu penses ne pas être influencé par ton entourage, on l’est toujours d’une certaine manière. Pourtant… j’essaie toujours de n’écrire pour personne. Ca c’est une bonne citation ! »
Réclame
Breakfast, le premier album de Teleman, est paru chez Moshi Moshi / PIAS
Teleman est actuellement en tournée britannique
Lire le live report de la soirée Moshi Moshi avec Tom Vek
Lire le live report de la soirée du festival des inRocKs avec Suede
Remerciements : Clément Le Borgne
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Teleman
Production(s) : Cooperative Music, Moshi Moshi, PIAS
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