Entretien avec Fragments
Né de la rencontre entre F. Hiro et The Last Morning Soundtrack, Fragments faisait au Printemps de Bourges une de ses premières apparitions en live. Avec un premier EP sorti en début de mois, le trio avait tout à prouver lors des sessions des Inouïs. De la musique instrumentale contemplative sur Landscape, ressort un post-rock puissant, prenant en concert. Le Transistor a tenu à rencontrer Sylvain Texier, Benjamin Le Baron et Tom Beaudoin pour savoir ce qu’il fallait attendre de ce nouveau projet.
Fragments
Dans le nom Fragments, il résonne comme une intention de réparer quelque chose… Mais Benjamin refuse de s’épancher ! « Oui, c’est notre activité annexe : pour arrondir les fins de mois, on répare tous les appareils électriques. »
Sylvain semble plus à même de raconter l’élan poétique qui se cache derrière leur nom. « Fragments c’était un peu cette idée de rassembler des bribes d’émotions, de les empiler les unes aux autres, et donner une musique. Parce que c’est aussi comme ça qu’on travaille : on a des sons qu’on aime bien, on les assemble les uns aux autres, jusqu’à ce que ça donne un morceau. Généralement c’est comme ça qu’on arrive à faire s’envoler la composition donc finalement ça tombait plutôt bien comme nom. »
Aux débuts de Fragments, il y a deux ans à peine, c’était Sylvain et Benjamin. « On voulait juste faire ça pour le plaisir : on avait chacun d’autres projets et on avait envie de tester de nouvelles choses. On s’est retrouvé sur pas mal de groupes qu’on aimait bien, comme Apparat ou Sigur Ros… Et comme j’avais pas forcément envie d’écrire de textes ou de chanter, on a opté pour de la musique instrumentale électronique très épurée, très éthérée. » C’est pour la transposition scénique que Tom est entré en jeu. « Ensuite on a fait des maquettes, qu’on a présentées à des amis, et des professionnels aussi, qui nous ont encouragés à faire de la scène. C’est là qu’on s’est dit qu’on arriverait pas à le faire à deux sur scène : on voulait pouvoir explorer plus de terrain. Et Tom est arrivé au moment aussi où on avait tous envie de pousser notre electronica un peu plus vers le post-rock. »
Cette vocation d’exploreur musical chez Sylvain est née d’une découverte de Nils Frahm. « Avec mon projet personnel, je commençais à réfléchir à d’autres sonorités. Et ce piano solo très épuré faisait partie des choses que j’avais envie de tester. J’ai décidé de me lancer, et Benjamin était d’accord, donc on a commencé.
Benjamin : Sous la menace ! Non, c’est vrai qu’on s’est rencontrés via des amis en commun, et on a commencé à parler musique, donc ce projet est effectivement c’est un peu né de soirées arrosées… »
Quant à l’influence de Tom pour le post-rock, ce n’est pas uniquement dû à sa stature imposante. « Je pense que c’était vraiment une envie commune. Parce que sur scène, il faut aussi donner de la matière et on s’est très vite rendu compte que si on restait à deux, non seulement on n’allait pas pouvoir tout faire, mais en plus il y aurait eu une dimension peut-être un peu trop… aérienne.
Sylvain : Parce qu’on voulait pas travailler avec de la vidéo : on veut pas donner d’indice aux gens. On veut essayer, vu que c’est de la musique instrumentale, de faire en sorte que les gens se fassent leurs propres images plutôt que de proposer un truc figé sur musique… Du coup quand Tom est arrivé, l’idée de post-rock c’était déjà là. »
Malgré tout, avec Fragments, on est loin des schémas expérimentaux aux structures alambiquées qu’on pourrait prêter au post-rock.
Sylvain : Je pense qu’il y a un petit côté pop aussi dans ce qu’on fait. On a aussi écouté de la pop, on s’en cache pas.
Benjamin : Ah bon ? Moi, tous mes disques de rock, je les passe deux fois moins vite exprès pour que ça fasse post-rock !
Sylvain : C’est pareil au niveau des longueurs de morceaux : on fait pas du 10-15 minutes, on est encore dans des formats pop. Ca dépasse rarement cinq minutes, ou alors c’est deux morceaux qui sont couplés, comme les deux derniers morceaux de l’EP : c’est deux choses différentes et en même temps ça se suit.
Benjamin : C’est là que ça se voit aussi qu’on écoutait la pop, parce que ça nous vient instinctivement. Quand on fait un morceau, on se lance pas dans une composition à rallonge sous prétexte qu’on fait du post-rock. Notre format court, c’est parce qu’on aime que ce soit concis, simple, efficace.
Sylvain : Et puis je pense qu’il y a encore plein de trucs à explorer, que ce soit en termes de sons ou de structure. On pourrait très bien faire des morceaux post-rock avec le même schéma qu’un truc de Godspeed You! Back Emperor avec des montées, mais condensé en trois minutes. Je pense que c’est possible de faire vivre les mêmes émotions en condensé. »
Ce mélange de post-rock et d’electronica n’empêche pas de laisser la place à la spontanéité.
Sylvain : Même si c’est carré, et millimétré, finalement comme je joue pas au clic, ça respire quand même.
Tom : Et nous, on écoute la batterie de Sylvain avant d’écouter le sample. Je pense que ça joue aussi sur le côté organique de la musique. On essaie de trouver des petites astuces pour
Sylvain : que ça reste naturel.
Tom : Dans les moments ambiants, y a des interludes un peu en mode expérimental.
Sylvain : Et c’est important de les garder, ces moments un peu plus libres.
Tom : Et puis maintenant, avec toutes les résidences qu’on a faites, on peut vraiment se concentrer sur l’interprétation, et justement c’est ça qui est intéressant !
Sylvain : Oui, les nuances ! C’est vraiment important pour nous : c’est une musique fine, on essaie d’être délicats, et d’avoir de la dynamique quand même. On aimerait envoyer quelque chose à la Mogwai par moments et de très très fin à la SayCet sur d’autres passages. On y est pas encore, on se compare pas à Mogwai du tout.
Benjamin : C’est sûr ! Ils font même leur propre whisky ! »
Réclame
Landscape, le premier EP de Fragments, est paru le 7 avril 2014.
Lire le compte rendu du concert de Fragments aux Inouïs du Printemps de Bourges
Lire l’interview de Mogwai
Lire l’interview de Jonsi
Lire le live report de Apparat au Primavera festival 2013
Lire le live report de SayCet au Café de la Danse
Remerciements : Pauline Le Tallec
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Fragments
Evenement(s) : Inouïs du Printemps de Bourges, Printemps de Bourges
Production(s) : Patchrock
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