Entretien avec Moodoïd
De passage aux Rencontres Trans Musicales de Rennes, Le Transistor a renouvelé son carnet de découvertes. Attirés par un nom bizarroïde et surtout un single ‘Je Suis la Montagne’ très alléchant, nous sommes allés rencontrer le piquant Moodoïd. Qui est en fait loin d’être un nouveau venu sur la scène musicale française puisque derrière le masque pailleté se cache Pablo Padovani, le guitariste de la ravissante Melody’s Echo Chamber, croisée l’année précédent au même festival.
Moodoïd
Une chose qui étonne, c’est que Pablo Padovani aime à comparer la musique et la cuisine. « Je vois beaucoup plus de liens dans la préparation et l’élaboration que entre la peinture et la musique par exemple. Et puis c’est très esthétique : c’est plein de couleurs, plein de textures, avec plein de choses qui peuvent venir de partout… »
Ce projet Moodoïd, Pablo Padovani le couve depuis quelques temps déjà, avant même d’intégrer le groupe de Melody’s Echo Chamber. « J’avais déjà fait un EP tout seul, et je l’avais mis en ligne sur internet : c’est par ce projet que j’ai rencontré Melody. Et en parallèle de sa tournée, l’an dernier, j’ai enregistré cet EP avec Adrien Pallot, un producteur parisien (qui a travaillé notamment avec La Femme(interview) et Fauve (interview)). Ensuite, j’ai cherché quelqu’un pour le mixer, j’ai essayé avec plusieurs personnes, et à chaque fois j’étais pas satisfait du résultat ». Finalement, Pablo Padovani a pensé à contacter Kevin Parker de Tame Impala, qui avait réalisé l’album de Melody’s Echo Chamber. « Ca a pris beaucoup de temps. Peut-être dans un sens parce que ma musique est un peu barge, mais surtout parce que Kevin a eu une année 2013 assez intense. Je lui ai envoyé mes sessions d’enregistrement en Australie, et il a fait le mixage entre ses tournées. En plus, il a pas de téléphone portable, donc je lui écrivais un mail et j’attendais des mois avant de voir arriver un mix. Au bout de huit mois, j’ai vu qu’il passait par Paris, donc je l’ai chopé et on a fini le mixage ensemble en trois jours. »
Au début, Moodoïd s’était lancé en auto-production, jusqu’à ce que ses réalisations attirent l’attention de labels. « En créant ce groupe, j’avais produit le premier clip ‘Je Suis la Montagne’, et c’est là que le label Entreprise (qui dépend de Third Side Records) s’est montré intéressé… Ils m’ont contacté pour faire un EP, donc j’ai été obligé de garder le clip secret et d’attendre d’avoir la version définitive du morceau pour le sortir. Donc pendant un an, j’avais toute la matière et je pouvais le montrer à personne ! » Encore une fois, il lui a fallu faire preuve de beaucoup de patience… « C’était pas stressant, mais un peu frustrant. Personnellement, j’ai un besoin fou de communiquer, d’aller sur scène, de chanter mes trucs, et du coup, le fait que cette sortie soit un peu retardée… On sait que ça va arriver, mais il faut savoir rester zen et confiant. Ce qui a été génial en plus, c’est que au final, ça s’est super bien passé, parce que le clip a été vachement vu, et le titre passe en radio. Ça se passe mille fois mieux que ce que j’avais imaginé. »
Au premier abord, Moodoïd semble un projet psychédélique, mais Pablo Padovani le définit comme barge… « Ce que je veux dire c’est qu’en studio en tous cas, ce projet sort un petit peu de certaines conventions, dans le sens où je suis un peu un excessif. En ce moment, ce qui est à la mode c’est des trucs beaucoup plus minimalistes, alors que dans Moodoïd, y en a de partout, y a dix mille instruments ! Kevin Parker m’a fait remarquer que certaines choses étaient un peu disproportionnées. Du coup, maintenant quand j’entre en studio, j’arrête de vouloir mettre plusieurs sons ‘au cas où’. Mais c’est vrai que ça fait partie de l’esthétique de Moodoïd… » Et bien entendu, Pablo Padovani s’amuse à mélanger des instruments d’horizons variés. « J’ai travaillé avec un musicien turc qui s’appelle Gilles Andrieux : qui joue du saz et du kemençe. Et j’aime bien détourner ces instruments : comme de faire faire des trucs chinois à des instruments de musique arabe. Brouiller les pistes en quelques sortes au sujet de cette image orientale, que l’on fantasme totalement en tant qu’Européens. Je trouve ça marrant qu’on ait un regard si ethno-centré : on mélange tout ! De même, j’aimerais bien mêler des vrais cuivres et des faux cuivres fait avec des claviers, que les gens ne puissent plus décerner le vrai du faux. C’est un peu ma passion en ce moment… »
Tous les morceaux qui composent l’EP sont des compositions très spontanées. « J’entretiens vraiment un rapport ultra intime avec toutes ces chansons, et c’est la première fois que ça m’arrive de ma vie de musicien. J’étais un peu en solitaire, et c’est venu en réaction à des trucs que j’avais vécus. Il n’y a pas eu de grand processus de réflexion : j’ai juste pris ma guitare et me dis directement mis à chanter. C’était des émotions qui pouvaient provenir de moments heureux, d’amour, ou de moments tristes, mais surtout des moments vrais que j’avais vécus avec d’autres gens. »
Et sur scène, Pablo Padovani a la particularité de choisir exclusivement des musiciennes. « L’idée d’être avec ces filles aussi, c’est parce qu’il y a une part énorme de ma propre féminité dans cette musique. C’est pas qu’une question d’interprétation et de sensibilité plus prononcé chez les filles. C’est aussi que même moi, en tant que mec, quand je suis en salle de répet ou en voyage, et que je suis entouré de filles, je suis différent que si j’étais avec les potes. Et je pense que l’humain dans un groupe, ça a un impact énorme. » Mais ce n’est pas qu’une question de genre qui définit cette formation. « Il y a un truc qui me séduit moi aussi en tant qu’interprète, parce qu’à chaque fois elles me surprennent. Et même hors scène, dans la vie de tous les jours, dans le bus ou autre, je me suis jamais autant amusé de ma vie en tournée ! Elles sont dingues, et puis moi je suis, ça y est je commence enfin à refaire des blagues salaces… Mais en même temps y a quand même un truc qui est différent, parce qu’il y a des choses que je peux pas faire ou que je vais faire différemment. Et ça c’est hyper agréable. »
Réclame
Lire le live report de Moodoïd aux Trans Musicales
Remerciements : Trans Musicales de Rennes
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Moodoïd
[…] réveiller de tout ce psychédélisme et shoegaze ambiant, après un set un peu mou de Moodoïd, The John Spencer Blues Explosion est la solution ! A trois sur scène, ils font plus de bruit que […]
[…] Malgré la chaleur, Moodoïd n’a pas renoncé à son lourd costume à paillettes. Ses musiciennes (au nombre de quatre désormais) arborent elles aussi les masques dorés, tenue de scène règlementaire. Brillant de milles feux, Pablo Padovani pousse des cris suggestifs sur son single ‘Je suis la Montagne’. On le sent plus à l’aise dans son rôle, Moodoïd est moins scolaire dans ses chansons, et prend manifestement beaucoup de plaisir sur scène. Et ce qu’on aime dans son psychédélisme, c’est cette extravagance dans le mélange des genres, cette liberté qui se dégage de ses chansons pourtant savamment construites. Lire l’interview de Moodoïd […]
[…] 26 septembre, ça commence gentiment à 20h30 avec le psychédélisme à paillette de Moodoïd (lire l’interview), suivi de la pop lumineuse des Ecossais de Tuff Love. Ensuite on danse avec Christine and the […]
[…] lire l’interview de Moodoïd lire le live report de Frànçois & the Atlas Mountains à la Boule Noire […]
[…] Pablo Padovani essaie tant bien que mal d’être un showman, mais peu assuré encore, il en fait trop. Heureusement, Moodoïd finit son set avec ‘De Folie Pure’ qui reste bien en tête, et finit par convaincre quelques sceptiques – les autres ayant déjà quitté la salle. Lire l’interview de Moodoïd […]
[…] assez fascinante, et sans réellement chanter, arrive à faire danser sur sa dub-pop. Mais seule sa bassiste, Clémence (qu’on a vu dans Moodoïd) est réellement stylée dans cette affaire. Certains s’excitent sur ces morceaux sans rythme… […]
[…] a déjà bourlingué avec des groupes comme Melody’s Echo Chamber, Moodoïd (lire l’interview) ou Marietta, et a même écrit récemment pour le chanteur Christophe. Des titres entêtants comme […]
Et toi t'en penses quoi ?
A lire aussi
Gallery