Entretien avec Arthur Beatrice
En 2012, Arthur Beatrice était annoncé au festival des inRocKs suite à la parution d’un seul single, ‘Midland‘. Mais le groupe a été obligé de décliner l’offre pour se consacrer à l’enregistrement de son premier album. Les Anglais tiennent pourtant leurs promesses et honorent l’invitation des inRocKs un an plus tard. C’est à cette occasion que Le Transistor a rencontré Orlando Leopard, Ella Girardot et les frangins Elliot et Hamish Barnes pour parler de ce fameux Working Out, qu’ils s’apprêtent enfin à sortir.
Arthur Beatrice
Le groupe avait repoussé un concert fin 2012, alors que finalement l’album était loin d’être prêt.
Hamish : Oui, mais ça avait déjà pris tellement de temps, qu’on voulait pas en rajouter en faisant ce concert à paris.
Elliot : C’est vrai qu’on s’est forcés à le finir cet album, mais il sort en février.
Ella : Et on en est très contents !
Orlando : On espère juste que cet album va nous racheter pour tout le temps où on était supposément cachés… Alors qu’on était juste en train de composer ! »
Les membres du groupe se connaîssent depuis longtemps et se reposent autant sur leurs différences que leurs similarités.
Ella : Elliot et Orlando étaient dans un groupe ensemble. Ils se sont lancés tous les deux et Hamish est arrivé un peu après. Jusqu’à nos 18-19 ans, c’était pas très sérieux. Puis on est partis s’installer à Londres, et on a décidé de faire des démos, ce qui nous a permis de trouver un manager. De là, c’était parti !
Elliot : Mais quand on s’est retrouvés à Londres, ça faisait bien trois ou quatre ans qu’on s’était pas vus.
Hamish : Et puis entre 15 et 22 ans, nos goûts évoluent vachement ! On bouge du collège à la fac, on vit seul à Londres, on écoute des groupes différents… Elliott et Ella aimaient la dance, je préfère le r’n’b, et Orlando était plus branché classique.
Orlando : Mais quand on jouait ensemble à l’adolescence, c’était plus pour s’amuser, on n’était pas très doués…
Elliot : oh ben parle pour toi !
Orlando : Non, mais rassure-toi : tu t’améliores avec le temps ! »
Ce premier album a pour thème les questions qu’un jeune adulte se pose au sortir de l’université. « Pour un jeune groupe de nos jours, il n’y a pas de culture de rébellion, il n’y a pas de révolution possible, parce que les gens ont déjà vu ça par le passé, ils l’ont même déjà faite eux-mêmes. Et cet album parle de trouver sa place, d’envisager sa position dans l’avenir, en tant qu’être humain.
Hamish : Il s’agit de répondre au dilemme : Est-ce que tu veux suivre la voie toute tracée, c’est-à-dire grandir, avoir un boulot et construire une famille ; ou tu veux faire des choses qui t’intéressent, mais sans être sûr de pouvoir joindre les deux bouts financièrement ? »
Si Arthur Beatrice a mis autant de temps à sortir cet album, c’est parce qu’ils sont exigeants. « On avait fait des démos dans nos chambres, mais on avait pas forcément envie de les publier. Sauf qu’on venait de trouver un manager et il a commencé à faire écouter nos morceaux à ses contacts de l’industrie, ce qui fait qu’on a commencé à parler de nous avant qu’on sorte quoi que ce soit.
Orlando : Tout le monde a pensé que c’était parce qu’on voulait jouer nos mystérieux, alors qu’on avait une bonne raison de pas publier nos démos. On était pas prêts à les publier, parce qu’on ne voulait pas sortir quelque chose qui n’était pas à la hauteur de nos attentes. Et ça nous a pris pas mal de temps pour réaliser ce qu’on avait en tête. On voulait être paré à tout, parce qu’on l’a fait en auto-production et on n’avait jamais réalisé d’album auparavant.
Elliot : Et on a jamais deux chances de faire un premier album. »
Le quatuor a bien demandé de l’aide autour de lui, mais en vain ! « On avait une idée bien précise de ce qu’on attendait de cet album, et ce dès le début ! Et à chaque fois qu’on a tenté de collaborer, on n’est jamais arrivé à ce que l’on avait en tête : c’était toujours quand on le faisait nous-mêmes qu’on s’en approchait le plus. Avec chaque producteur, ça sonnait super bien, mais c’était pas ce qu’on cherchait. C’était pas qu’on pouvait le faire mieux, mais on savait que seuls on arrivait mieux à approcher ce qu’on voulait vraiment.
Hamish : Dès le début, on a senti qu’on avait trouvé la bonne combinaison, même si ça nous a toujours été compliqué de l’exprimer. C’est pour ça qu’on a du mal avec les producteurs : on a bien essayé d’expliquer ce qu’on cherchait, mais sans résultat. Donc on a décidé que ce serait plus simple de le faire seuls. »
Au final, cette auto-production est un peu dans leur état d’esprit depuis le départ. « On a jamais ressenti le besoin de travailler avec des personnes en dehors de notre petite famille, parce que ça marche très bien de cette façon. Même en matière de concerts, on a monté nos propres soirées à Londres, ce qui nous permettait de choisir les groupes avec qui on voulait jouer. C’était souvent des groupes peut-être un peu plus electro que nous, tout simplement parce que ça nous plaît aussi. »
Le groupe s’est alors reposé sur Orlando pour la production. « J’ai fait des études d’ingénieur son, mais c’était quand bien avant, quand j’avais 18 ans. Et puis il faut se faire la main, c’est de l’entrainement ! Sans compter que faire des erreurs, ça fait partie du processus.
Hamish : C’est pas des fausses notes ou autres mais des erreurs de production, d’enregistrement en studio…
Orlando : Si encore on avait déjà fait une vingtaine ou trentaine d’albums, ou si j’avais été un producteur plus expérimenté, on aurait pu le boucler en un mois ; j’aurais pas eu besoin de faire toutes ces erreurs.
Elliot : Mais au moins cette fois, c’est ce qu’on avait en tête. Et c’est comme ça qu’on voulait qu’il sonne.
Orlando : en espérant que l’attente en valait la peine ! »
Réclame
Working Out, le premier album de Arthur Beatrice, paraît le 24 février chez Maison Barclay.
Arthur Beatrice sera en concert le 15 février à la Flèche d’Or pour le fireworks! festival
Remerciements : Emilie (Maison Barclay)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Arthur Beatrice
Evenement(s) : festival des Inrocks
Production(s) : Maison Barclay
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