LeTransistor Entretiens We Have Band

We Have Band

Publié le 1 May 2010
Réalisateur : Benjamin Lemaire Rédacteur : Agnès Bayou

We Have Band était au Festival de Bourges et en a profité pour caler un concert –blindé– au Nouveau Casino dans le weekend. Leur premier album WHB est sorti le 5 avril chez Naïve, un label Français pour un groupe des plus britanniques.

We Have Band

Ils bossaient tous les trois chez EMI. Que leur a apporté cette expérience ? « Si on bossait pour un label, c’est simplement parce qu’on voulait que notre vie tourne autour de la musique. On a tous bossé au back catalogue et donc tous les vieux trucs et les reéditions genre Human League, Mickael Field, Sex Pistols… C’est cool: on va à plein de concerts, on écoute de la musique toute la journée, on côtoie des artistes, les collègues jouent tous dans des groupes, beaucoup sont des promoteurs, donc c’est dans la suite logique. » Ont-ils profité de ce réseau pour aider leur groupe ? « En fait on a eu de la chance de pas avoir eu besoin d’activer notre réseau : tout est arrivé si vite, on a jamais eu besoin de demander de l’aide. »
Pour Dede, il s’agit plus d’une question d’éthique : « Je pense pas qu’on aurait eu le sentiment d’avoir accompli quelque chose si on avait demandé une faveur à quelqu’un… J’aurai eu l’impression de tricher, je ne me serai pas sentie à l’aise, voire pathétique. »

Etant en contact direct avec l’industrie de la musique, ils ne se sont jamais sentis découragés par la compétitivité du milieu ? Il n’y ont jamais pensé.
Dede : « Je n’avais jamais joué, je n’en avais même jamais eu l’envie. Quand on a commencé à faire de la musique tous les trois, on avait même pas l’idée de jouer nos chansons en live. »
Thomas : « Quand le groupe a commencé, je faisais de la musique de mon côté, mais je le sentais plus… C’est pour ça que Dede, ma femme, m’a proposé de monter un truc ensemble pour essayer de retrouver l’envie de faire de la musique. »
Dede en a ensuite parlé avec son ami Darren qui a proposé de les rejoindre.
Thomas : « On a rien planifié. Un soir, on dînait tous les trois, puis on a passé un bon moment à jouer de la musique, c’est pour ça qu’on a décidé de recommencer l’expérience. A la base, c’était juste pour que je retrouve mon mojo… »
Dede : “On avait pas prévu de les faire écouter, puis les collocs de Darren nous ont poussé à faire un concert. On a juste contacté le programmateur du club du coin de la rue, et de fil en aiguille, un tourneur nous a repérés, puis un manager. Tout s’est passé en dehors de notre réseau. Je n’aurais pas pu jouer devant mes collègues, je me serai sentie jugée.”

Ils m’annoncent avoir beaucoup bossé, mais il semble que tout se soit déroulé sans qu’ils aient à faire quoi que ce soit. « Il y a eu plusieurs stades… au début, on faisait de la musique sans trop se soucier de rien. C’est lors des concerts, qu’on a rencontré des gens qui nous ont proposé d’autres dates, puis des festivals, puis des remixes… Ensuite un manager s’est proposé et une fois que la machine s’est mise en marche, on a commencé à bosser… d’autant plus que c’est tout ce qu’on avait. On avait quitté nos jobs pour partir voyager. Et quand on est revenus, le groupe était déjà bien lancé, on s’est dit qu’on se devait de laisser une chance au groupe, de tenter le coup. »
Dede : “On a fait 140 concerts l’année dernière ! C’est beaucoup de boulot ! On a fait plus de show que ce qu’on pouvait se permettre financièrement – on avait aucune rentrée d’argent.”
Thomas : “La tournée était agréable, mais ça peut être fatiguant de voyager autant, parce qu’au bout du compte on a pas vraiment le temps de visiter.”
Darren : “Un groupe, c’est comme avoir un bébé… Avant la naissance, c’est tranquille et dès que ça naît, ça part dans tous les sens : il faut le nourrir, il faut le changer, ça pleure tout le temps ! C’est comme ça que ça s’est passé pour nous. ”

Ils n’ont rien planifié mais ils se sont quand même retrouvés avec Gareth Jones comme producteur, qui s’est occupé de Grizzly Bear et de Depeche Mode. « On est pas des fanas de producteurs, c’est notre manager qui nous a proposé Gareth Jones, mais on connaissait pas bien son travail. Au final, il n’a fait qu’un mix parce que l’album était déjà fini. Il a juste fait les chœurs sur Divisive, c’est tout. » Ils ont l’air de vouloir contrôler beaucoup de choses dans le processus créatif. « Ca fait du bien de prendre un peu de recul maintenant grâce au label, mais en 2009, c’était nous qui nous chargions de tout. Par exemple, quand les gens nous faisaient une commande de t-shirt en ligne, c’est nous qui allions nous même les poster. On l’a encore fait cette semaine, avant de partir. »

Et qu’en est-il de la dynamique du groupe quand on travaille avec un couple ? « On était amis avant de commencer ce projet, et quand on s’est connus Dede et Thomas étaient déjà mariés. Ca aurait été différent si on avait été amis avant qu’ils ne se mettent ensemble, mais la dynamique n’a jamais changé. » Et en tant que couple, ce n’est compliqué de travailler avec son conjoint ? « Ca ne marcherait pas pour beaucoup de couples, mais on travaillait au même endroit avant, on allait déjeuner ensemble, on a passé tellement de temps ensemble. »

Est-ce que le fait d’être en couple au sein d’un groupe ne pose pas de problème pour dire les choses ? « Rien d’important n’est jamais passé sous silence. On est bon pour être honnêtes les uns avec les autres. Il suffit de respecter l’autre. »
Dede : “Si y’a un truc que j’aime pas au niveau musical, je vais essayer de le regarder sous un angle différent, essayer de comprendre pourquoi lui l’aime. Et de toutes façons, je préfère savoir que tout le monde est heureux plutôt que le groupe soit disque d’or.”
Thomas : “Dans beaucoup de groupe, la chose la plus importante dans leur vie est le groupe. Mais pour nous, la chose la plus importante reste notre mariage. Le groupe est mis en perspective par notre mariage : si le groupe pose un problème quelconque, on arrête le groupe.”
Darren : “On est des gens très pragmatiques… Mais c’est mieux que de se rencontrer par des annonces et de se rendre compte après 6 mois qu’on connaît pas les autres membres du groupe.”

Remerciements : Ivox

Catégorie : Entretiens, Sessions
Artiste(s) : We Have Band
Production(s) : Ivox
Ville(s) : Paris