Entretien avec Team Ghost
On reprend du début pour ceux du fond qui ont pas suivi ! 2001, Antibes : Anthony Gonzalez et Nicolas Fromageau montent M83. 2004 : Nicolas Fromageau quitte le groupe. 2007 : Nicolas monte Team Ghost avec Christophe Guérin, rapidement rejoints par Benoit de Villeneuve. 2010 : sortie de deux EP sur le label anglais Sonic Cathedral. 2012 : passage aux Trans pour préparer la sortie du premier album Rituals. Ca y est ? Vous avez révisé ? On plonge.
Team Ghost
Pour se débarrasser, Le Transistor pose directement la question d’être défini par rapport à M83 : « C’est normal, parce que quand on veut résumer le projet en quelques mots, c’est le premier truc qui vient à l’esprit. C’est un raccourci qui revient souvent, mais y’a aucun problème, c’est assumé. » Ca c’est fait.
Si leur style est qualifié de Cold-Gaze, le résultat n’est pas aussi sombre qu’annoncé. « On aime des trucs qui sont qualifiés de classic rock ou pop, voire même mainstream. Ca nous parle vachement même si on a des bases un peu tordues… On est vraiment ambitieux donc on aimerait bien faire ce truc de pop mais un peu décalé.
Benoit : Tous les gens qui font de la musique ou du cinéma personnel, n’ont pas forcément envie d’être dans un truc névrotique ou dark. C’est juste une vision esthétique qui rencontre un public ou non. »
Pourtant le premier clip, ‘Dead Film Star’ est très noir. « C’est le premier clip qu’on faisait, et on avait quand même cette grosse envie de rendre hommage à certains films de genre des années 70 comme les Dario Argento… Ce clip pourrait limite être une suite à Massacre à la Tronçonneuse : ce serait l’histoire de la seule meuf qui s’en sort et qui se met à tuer quelqu’un juste parce qu’elle est devenue dingue.
Nicolas : Personnellement le morceau, je le trouve assez enjoué. Et c’est ce décalage entre une chanson assez pop assez solaire et un clip hyper sombre, ça nous a plu. »
Au lieu de foncer dans les brancards, Team Ghost aime à prendre des chemins sinueux pour tromper l’auditeur. « On aime vraiment les contrastes. Même dans ce qu’on aime en musique, ce sera à la fois de l’ambiant donc des trucs avec des synthés très planants, mais aussi une musique très abrasive de rock, de punk rock, de noise, plein de dissonances. Après c’est un mix entre tout ça. Donc forcément, ça va pas dans le même sens…
Benoît : L’idée c’est vraiment ce mélange entre les textures, les synthés et puis des choses dissonantes vraiment plus pop-rock.
Christophe : On n’aime pas que ce soit évident. On veut que ce soit surprenant à chaque fois.
Nicolas : Ecoute les paroles… Si tout va dans le même sens c’est pas intéressant ! Même dans un film : si dès le début tu comprends l’intention du scénario, y’a aucun d’intérêt. Il faut susciter un peu de mystère, de curiosité jusqu’à la fin d’un morceau. »
Gardant cette envie en tête, ‘Pleasure‘ a l’air d’être le morceau le plus abouti en termes de confluence des genres. « C’est un des morceaux les plus modernes qu’il y ait sur l’album. Et qu’on adore tous, parce qu’il est représentatif : c’est vraiment un mélange entre le guitare noise et une batterie vraiment rock, avec en même temps une production, des effets sur la voix qui sont…
Nicolas : un peu Justin Timberlake !
Christophe : Et le pire c’est qu’on n’est pas ironiques quand on dit ça.
Nicolas : On aime vachement les producteurs hip hop. Moi j’ai grandi avec Dr Dre, des types comme ça. Même si j’écoutais du noise, je jetais toujours une oreille sur ce qui se passait en production hip hop. Et le fait est qu’à l’orée des années 2000, tout a basculé avec les albums d’Alia Alya et Missy Elliott – pour citer les plus connus – qui ont commencé à essayer de faire quelque chose de bien. Et du coup, puisqu’on aime ce style, pourquoi pas l’incorporer dans notre musique. Même si après c’est pas évident… mais pourquoi pas, il faut y aller ! »
Pour arriver à ce résultat, chacun met sa patte. Tout commence par Nicolas Fromageau. « A la base, c’est moi qui fait les petites démos, les squelettes qui ont vraiment une touche particulière mais restent limitées parce que je fais ça chez moi avec mon matos et mes petits pétards en calbute quoi. Après, on se pointe avec Chris chez Benoit qui est vraiment à bloc de synthés et qui a un réel talent de production. Et là, à partir de mes petits bouts de chansons, on essaie de faire des vraies chansons. Le but c’est qu’à la fin, il y ait tout le groupe qui le joue.
Christophe : Quand on a un morceau qui peut être au départ vraiment noise, avec des dissonances, on aura envie de mettre un truc r’n’b dessus, avec une rythmique hyper pop… et puis en fait ça marche !
Nicolas : Et ça vient hyper naturellement : on se dit pas qu’il faut faire un morceau un peu Timberlake ou un peu Sonic Youth, ça coule de source en fait, vraiment.
Christophe : Alors qu’au départ t’as pas réfléchi. C’est vraiment juste des envies, des désirs.
Nicolas : C’est sincère, on réfléchit pas plus que ça. On se dit, voilà sur ce morceau on a envie d’un vocodeur, on se fait plaisir…
Benoit : C’est pas un vocodeur… c’est du traitement de voix !
Réclame
Rituals, le premier album de Team Ghost, sortira le 18 mars sur wSphere(le nouveau label de Wagram).
Team Ghost sera en concert à la Maroquinerie le 28 mars.
Lire le live report de Team Ghost aux Trans Musicales 2012
Remerciements : Julien Tanguy
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Team Ghost
Evenement(s) : Trans Musicales de Rennes
Production(s) : Wagram, wSphere
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