Entretien avec Maissiat
Maissiat c’est Amandine. Une demoiselle qui sous ses airs doux cache un caractère indomptable – ou l’inverse. Intrigué par ses compositions classiques au piano contrastées par des paroles plus que moderne, Le Transistor a voulu se mesurer à l’artiste. Rendez-vous à l’Hôtel, dans le VIe arrondissement de Paris, où malgré le décor classieux, on tombe sur une nana rock’n’roll. Difficile à cerner vous avez dit ?
Maissiat
Amandine est passé du groupe de rock à la formation piano-batterie. Un changement quelque peu radical ! « J’ai trouvé encore plus gros, c’est pratique ! C’est vrai qu’on bouge avec une guitare, enfin elle bouge avec nous plutôt. Tandis qu’avec un piano, on peut toujours essayer… »
Avant de se lancer en solo sous le nom de Maissiat, Amandine officiait dans le groupe Subway. « A l’époque de l’album L’Intranquille avec Subway, il était déjà question que je fasse un album solo. Finalement j’ai arrêté le groupe parce que j’étais arrivée au bout de certaines limites dans la manière de faire la musique et de la penser. Et quand on sent qu’on peut plus aller plus loin, qu’on bute contre un mur… C’est pas pour ça que je fais pas de la musique. »
Une fois cette décision prise, Amandine s’est affranchie de plusieurs codes. « Disons qu’avant, si même inconsciemment j’avais encore une sorte de filtre entre ma pensée, ma plume et le fait qu’on le joue avec d’autres personnes, aujourd’hui c’est sûr j’en ai plus aucun. J’ai me suis sentie extrêmement libre : en fait c’est ça le départ, c’était la liberté – comme après une rupture. » Pour Maissiat, un groupe d’apparente à une relation amoureuse. « On partage un quotidien, on vit des choses ensemble tous les jours, des choses fortes, on a un métier commun, on a une passion commune… C’est très fort tout ça, donc quand ça s’arrête, c’est douloureux. Et encore, finalement personne ne m’a mis le couteau sous la gorge, mais j’ai ressenti une bouffée d’air. »
Amandine s’est alors plongé dans l’écriture de Tropiques. « J’ai passé trois ans à travailler sur ce disque, en commençant par… ben par tout en même temps ! J’ai tout fait toute seule au départ : les pianos, la rythmique, les batteries, les chœurs, tous les arrangements… Et autant tu fais ce que tu veux mais t’en fais toujours un peu trop aussi. Je pouvais faire ce que je voulais et personne n’était là pour me dire stop. » Une fois tout jeté sur le papier, Amandine s’est mis en quête de trouver les bonnes personnes. « Parce que c’est bien beau de dire je travaille seule, je suis libre ! mais on peut pas bien travailler seule si on est pas bien entourée. Et pour ça il faut choisir des personnes à qui on fait confiance aveuglément. Quelqu’un à qui on confie ses chansons, c’est pas n’importe qui. »
Au fil des rencontres, Maissiat a réussi à trouver les personnes de confiance. Tout d’abord Vale Poher de Mensch : « Ca fait très longtemps qu’on se connaît, c’est une des personnes qui a toujours su et m’épauler et me conseiller. Elle fait partie des gens qui sont capable de, alors que tu le sais déjà, te faire accoucher de ce que t’es en fait. Je pense qu’on sait les choses, on sait ce qu’on vaut, on sait à peu près où on va, et ensuite on s’entoure pour essayer que l’accouchement soit le plus fidèle possible. » Et ensuite Katel pour la production : « Je savais que j’allais trouver des oreilles et aussi un cerveau qui étaient capables d’envisager ce que les morceaux étaient à ce moment-là. Moi je les entendais déjà dans leur finalité, alors qu’ils étaient encore à l’état de brouillon. Je savais qu’elle était en mesure de les sortir telles que moi je les entendais, voire en mieux, puisque c’est aussi le but de travailler avec quelqu’un. »
Comme toujours, il a fallu faire des choix en chemin. « S’en est suivi la période de travail sur ces chansons, il a fallu faire un tri, revoir les arrangements. Et c’est là qu’on a proposé d’enlever tout ce qui était… y’avait beaucoup de cordes, beaucoup de cuivres, plein d’ingrédients. Et on a décidé de revenir à la base c’est-à-dire les claviers. » Des pianos, des synthés, des batteries électroniques ou non… mais avant tout au service du chant. « On a commencé par enregistrer les voix, je crois que ça se fait assez rarement : d’habitude on enregistre d’abord l’habillage avant de poser le chant. Mais pour cet album, c’est exactement ce qu’il fallait, parce que ça allait dans le sens dont il avait été pensé. Au service du texte, et de la mélodie aussi. C’est la voix qui guide et pas l’inverse : c’est la personnalité, le corps de la personne qui les interprète et qui les porte. »
Maissiat a choisi de chanter en français, ce qui fait qu’on la catégorise parfois en variété. « On a du mal avec tout ! La variété française a un côté péjoratif et la chanson française on s’imagine tout de suite Brassens avec sa guitare. A la limite, la pop française c’est l’exemple dans lequel je me reconnais le plus parce que oui quand on me parle d’Etienne Daho ou Dominique A, ça me dérangerait pas d’en faire partie. Je trouve que ça colle plutôt avec ce que j’ai en tête, avec ce que j’aime, avec ce que je fais aussi. » Sans aucun parti pris, Amandine ne se réclame de rien. « Moi ce qui me ferait plaisir c’est que la variété retrouve ses lettres de noblesse. Aujourd’hui je vois personne à la hauteur de Michel Berger ou Véronique Sanson à l’époque. Je trouve qu’il y a une case vide et je comprends pas forcément pourquoi. Alors je dis pas que j’ai voulu la remplir, pas du tout, c’est ni mon envie ni ma prétention. Mais j’adore Alain Souchon, Alain Bashung, c’est des gens qui ont bercé mes périodes de composition et d’écriture aussi. Mais comme Radiohead, comme PJ Harvey ou Rodriguez… »
Quant à son expérience au sein d’un groupe entièrement féminin… « On sait qu’on le refera plus jamais ! »
Réclame
Tropiques, le premier album de Maissiat, est paru chez 3e Bureau/Wagram.
Maissiat sera en concert le 4 avril au Café de la Danse.
Remerciements : Melissa (who else ?)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Maissiat
Production(s) : 3eme Bureau, Wagram
[…] confondre avec AV !), Tomorrow’s World (pour les fan de Air), Mai Lan (la sœur), Hugh Coltman, Maissiat (interview), et Folfox qui se paie la première partie d’Axel Bauer ! rien que ça […]
[…] Pour cette date intimiste dans les salons de l’Hotel de Ville, Maissiat a dû délaisser la batterie et c’est Katel qui l’accompagne à la guitare. « Mais quelle moiteur » s’exclame Amandine de manière sensuelle, et il est vrai que cette chaleur est le climat parfait pour son album intitulé Tropiques. Cela dit, cette version minimaliste fait ressortir sa voix, changeant la manière d’aborder les morceaux, et le classique rappelant Schubert doit laisser la place à des chansons qui frisent la variété par moments comme sur ‘Havre Caumartin’. Petit à petit, on cède face à la mélodie de ‘Trésor’, et on choisit alors de se concentrer sur les paroles de ‘Le Départ’. On a hâte de voir comment ça rend en formation complète le 19 novembre prochain à la Maroquinerie. Lire l’interview de Maissiat […]
Ben ce qui est dommage c’est que la poésie de ses paroles ne sont que des amalgames de jolie mots et belles phrases mais totalement dénués de sens…
Ce qui reste pour moi d’une chanson, c’est le sens. Soi je parle une autre langue qu’elle, soit l’envoutement n’est pas assez puissant pour me faire oublier que je me sens arnaqué d’être emporté nulle part finalement.
Bien dommage, car j’aime les musiques et l’univers sonore du couple voix/musique de cette artiste.
Tu ne trouves aucun sens ? Moi ça me parle énormément…
” Oh lourdes peines, oh serments décimés / Je vous hais de vous avoir tant aimé” Le Depart
“Au hasard des étendues, nos bras repus d’efforts / Et de malentendus” Trésor
enfin, on va pas faire une explication de texte hein…
[…] le premier album de Maissiat, est paru chez 3e Bureau/ Wagram. Lire l’interview de Maissiat Lire l’interview de Mina Tindle Voir la session avec Bertrand […]
Et toi t'en penses quoi ?
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