Pitchfork Festival – troisième jour
Dernier jour du Pitchfork Festival à la Grande Halle de la Villette… On commence à accuser le coup, mais on a très envie de continuer à découvrir tous ces groupes en live ! Au menu : les percutants Cloud Nothings, les précieux Purity Ring, le magnétique Twin Shadow, les violents Liars, les séduisants Breton et les indécis de Grizzly Bear. On a malheureusement pas eu l’énergie nécessaire de rester jusqu’à Simian Mobile Disco…
Au passage, on a loupé Isaac Delusion mais on les avait déjà vus en première partie de Cold Specks.
Cloud Nothings
Les petits jeunes de l’Ohio font rugir leurs guitare et mais se font bientôt supplanter par la batterie. Le chant est anecdotique, et les trois guitares déchaînées ne font clairement pas le poids face à la batterie. Le set est, comme leur deuxième album Attack On Memory, assez indécis : on commence en punk-rock, on part ensuite sur des terres plus post-rock, on revient à du metal puis évoluer vers du grunge. Mais l’ensemble reste efficace, puisque les slams éclosent bien rapidement.
Purity Ring
Le jeune duo originaire de Montréal n’est pas venu les mains vides : ce doit être un des seuls groupes à jouer aussi tôt qui décide de décorer la scène. Sous des lampes roses, la jolie Megan James chante pour Corin Roddick qui illumine ses percussions en rythme. Le chant robotisé fait parfois penser à Björk sur Homogenic, mais la demoiselle ne semble pas oser projeter sa voix : comme sur l’album, elle chantonne pour elle-même. L’ensemble est séduisant, mais sonne un peu creux.
Twin Shadow
La thérapie de George Lewis Jr. est assez difficile, car il faudrait oublier avant de confesser. Néanmoins, Twin Shadow défend ses paroles avec conviction, aussi simplistes soient-elles sur ‘Five Seconds’. Sa voix de crooner permet à elle seule d’assouplir le son étrangement rigide de la basse et la froideur placide des synthés laser. Il donne même du relief à cette batterie déterminée plus que déterminante.
Par contre, y’a un côté très glam rock qui traîne dans ses sons, des faux airs de Springteen dans son jeu de scène, des enchaînements dignes de Jon Bon Jovi assez dérangeants… Remarquez, ça fonctionne : il a même réussi à faire se déshabiller quelques bellâtres dans la salle pour faire tourner les sweat-shirts et autres pulls aux armes de cervidés !
Liars
Les lumières s’éteignent, une musique rappelant un film avec Fred Astaire monte, mais se retrouve cassée dans son élan ‘Brats’. Une vidéo se déroule en fond de plateau, un plan fixe animé par les allers et venues des membres du groupe. Sur scène, ils sont tous habillés de manière ridicule : des nattes pour Julian Gross, un style épouvantail pour Aaron Hemphill et toujours ce look à la cousin machine pour Angus Andrew.
Si le nouvel album WIXIW est moins aliénant que son prédécesseur Sisterworld, il y a un côté inquiétant à voir le chanteur se lancer dans une choré incohérente sur cette indus. Le prédicateur a fait place à un pantin désarticulé, les chœurs doucereux sont achevés par des cris déchirants de coyote, et les percussions macabres sont cassées par la voix de fausset… On est partis pour un concert de décérébrés.
Le public a l’air soit apathique, soit déjà sourd à cause du volume sonore… Mais c’était sans compter sur la fameuse ‘Scarecrows in a Killer Slant’ avec ses vocalises foireuses mais jouissives. La vidéo s’excite sur ‘Flood to Flood’ puis ‘No. 1 Against The Rush’ survient, monte, mais ne libère rien… Que s’est-il passé pour qu’un groupe aussi fracassant devienne aussi calme ? Où est passé le mal-être qui prenait à la gorge ?
Un tremblement de terre : le groupe s’énerve enfin sur ‘Plaster Casts of Everything’, paru en 2007 sur Liars. Une petite comptine est perturbée par des jappements, une répétition obsessive transforme le morceau en exutoire frustrant. On finit ce set bien trop court par ‘Broken Witch’, d’un de leurs premiers albums, pour laquelle Angus imite un poulpe pendant que la musique scie tranquillement le crâne de l’auditoire.
Breton
Pour la Gaîté Lyrique, le collectif s’était un peu reposé sur ses acquis. Ca faisait plaisir de les voir se motiver, comme ayant envie de prouver quelque chose : de faire une impression dans la programmation d’artistes émergents. Au passage, Roman Rappak en profitera pour remercier aussi la foule, car, sans le public français, Breton n’aurait pas évolué aussi rapidement. Il est vrai que les Trans Musicales ont été un des premiers gros festivals à leur faire confiance quand le groupe faisait encore les premières parties de Tom Vek et Is Tropical.
Grizzly Bear
Avec le nouvel album Shields, Grizzly Bear voulait montrer qu’ils étaient loin d’être des barbus tout calmes. Aussi, aidés de jeux de lumières très colorées, ils se décarcassent pour faire bouger la foule, gardant ces lourdes intros et outros très solennelles. Ils n’en sont pas plus électriques pour autant, voire certaines de leurs compos tombent dans une facilité FM, comme ‘A Simple Answer’. On apprécie pourtant ‘Yet Again’, sur laquelle la batterie révèle toute la complexité de la ballade (même si ça rappelle un peu du Coldplay par moments).
Malgré tous leurs efforts, les fans restent des inconditionnels des promenades dans les bois à la Veckatimest, des chœurs inspirés menés par une voix vaporeuse comme ‘Foreground’… Ces mélodies teintées de romantisme comme ‘Cheerleader’, ces murmures à l’oreille comme ‘I Live With You’, cette puissance de chants qui se mêlent… Deux semaines plus tôt, Grizzly Bear avait brusquement quitté la scène jugeant leur public trop sage, voire trop vieux ! Mais ce soir, comme pour s’amender, c’est qui en rajoutent niveau remerciements.
Après le fameux ‘Two Weeks’ (qui avec ce piano trahit un petit penchant pour Lilly Allen), la batterie essaie de tirer tout le monde de sa torpeur en donnant tout ce qu’elle a sur ‘Half Gate‘ qui explose en rock très Brian Wilsonien. Puis le public est victime d’une prise d’otage lumineuse et sonore avec des accords dissonants au piano pour la latente ‘Sun In Your Eyes’. Au moins, ils ont gardé le côté psychédélique…
Réclame
Attack on Memory, le deuxième album de Cloud Nothings, est paru chez Pias.
Shrines, le premier album de Purity Ring, est paru chez Beggars.
Confess, le deuxième album de Twin Shadow, est paru chez Beggars.
WIXIW, le sixième album Liars, est paru chez Mute.
Other People’s Problems, le premier album de Breton est sorti chez FatCat Records.
Shields, le quatrième album de Grizzly Bear, est paru chez Warp.
Remerciements : Melissa Promotion
Catégorie : A la une, Concerts
Artiste(s) : Breton, Cloud Nothings, Grizzly Bear, Isaac Delusion, Liars, Purity Ring, Twin Shadow
Salle(s) : Grande Halle la Villette
Evenement(s) : Pitchfork Music Festival
Production(s) : Beggars, FatCat, Mute, PIAS, Warp
Ville(s) : Paris
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