Entretien avec Holidays
Au tout début juin, alors que le soleil se faisait clément, Le Transistor rencontrait Holidays. Originaire de Rome, ce groupe de dream pop était venu faire une tournée à Paris pour présenter Young Love, leur premier album. Une interview un peu décousue, à cheval entre trois langues et quelques bières avec Luca le chanteur et Ale le guitariste.
Holidays
Premiere réflexion au débotté : le nom est super dur à rechercher (surtout sur Google). « Oui c’est un nom générique : Holidays ça peut être tout et n’importe quoi. C’est ce qu’on aime, comme ça notre musique peut prendre toutes les formes qu’on veut. »
Holidays est un tout jeune groupe, mais affirme avoir une longue histoire. « En fait, nous deux on jouait d’autres groupes, ce n’est qu’après qu’on a rejoint Holidays. Parce que le groupe existait déjà depuis deux ans, mais c’était un autre style de musique. Le groupe a splité et le label nous a rassemblés parce qu’ils se sont dit que ça pourrait marcher. C’est le label qui n’a pas voulu changer le nom. » Leur son est donc un mélange de deux influences. « Holidays avait un son plus synthétique, et tournaient un peu plus washed out. On a bien aimé leur tournant, donc on a ramené plus de guitares, parce qu’on vient de la britpop. Et quand j’écoute notre musique, j’entends notre histoire. »
Le groupe ne suit donc pas le schéma des potes de lycée. « On faisait partie de la même scène, sans plus. Je me souviens de la première fois… quand on s’est retrouvés au studio pour jouer, on a commencé par échanger des idées, pour apprendre à se connaître. Et je me suis dit que ça pouvait marcher parce qu’en tant que personnes et en tant que musiciens ça collait. » Malgré tout, ils n’ont aucun problème à jouer ensemble. « On est devenus comme des frères. Et maintenant c’est comme si on habitait ensemble. Je pense qu’avant de devenir un groupe, il faut d’abord former une famille. On s’engueule beaucoup, mais on se respecte. C’est la base de la famille. »
Une petite minute émotion philosophique : « On a ressenti que si les chansons étaient bonnes, on pourrait tourner ensemble, parce qu’on serait heureux de les jouer. Parce que quand on partage la musique, on partage nos émotions donc ça veut dire qu’on fonctionne bien ensemble. »
Rapidement ils se sont attelés à enregistrer un album. « On a commencé à enregistrer, parce que notre mémoire était pas assez bonne, on se souvenait pas de ce qu’on avait composé. C’est pas une blague ! On avait besoin de le marquer quelque part, donc autant l’enregistrer. » Ils ont donc bricolé tout ça chez eux. « Au début, on a écouté des milliers de fois chaque chanson et on a beaucoup débattu, mais ça sonne bien, on a rien besoin de plus. Ca sonne comme nous.
Ale : Et notre bassiste est un très bon ingénieur du son. C’est un magicien !
Luca : Oui, quand t’as un bon ingé son, on peut partager les idées, et ça prend forme plus facilement. »
Même une fois enregistrées, les chansons ont continué à évoluer. « Les premières chansons qu’on a enregistrées n’ont rien à voir avec la version sur album. Mais l’histoire c’est qu’on les a écoutées en boucle, et au fur et à mesure, on les modifiait ensemble. ‘Child’ par exemple, ça nous a pris deux semaines à parfaire. Un jour on enlève le synthé, puis on le remet…
Luca : Franchement, on serait encore en studio si le label avait pas tranché !
Ale : En tous cas, il va rester frais pendant longtemps cet album ! Parce qu’il y a plein de détails à chaque fois que tu le ré-écoutes ! Et la réverb c’est pas parce qu’on sait pas jouer, hein, parce qu’on sait jouer !
Luca : Moi c’est juste que je suis pas sûr du titre, Young Love… »
Les paroles des chansons ont été écrites il y a plusieurs années… à part ‘Holes’. « On l’a mise en dernière minute parce qu’on avait pas de paroles ! On avait l’instrumental, c’était parfait, mais on était frustrés parce qu’on trouvait pas des paroles à mettre dessus.
Ale (en français) : Mais comme on était pressés de la finir, parce qu’on voulait absolument la mettre sur l’album. Et au final, on est contents. (retour à l’anglais) Et puis pour les paroles, personne ne les écoute, regarde Sigur Ros, personne ne les comprend et c’est pas grave ! C’est pour ça qu’elles sont en anglais nos paroles, c’est juste que ça sonne mieux.
Luca : Certaines paroles sont quand même importantes : Sleepless parle de cauchemars. J’avais l’impression de mourir, et quelque chose m’a transcendé…
Ale : Elles sont profondes les paroles.
Luca : J’essaie pas d’être un poète, j’essaie de montrer des images aux gens. J’essaie de créer un espace. Il faut donner de soi dans la musique, même si les paroles parlent pas de nous. »
Comme on a des Italiens sous la main, parlons de la scène musicale italienne. « Elle est en train de grandir. Mais comme tu lis pas l’italien, tu peux pas savoir !
Ale : Y’a plein de bons groupes : A ClassiC Education par exemple, qui sont en tournée américaine. Et Porcelaine Raft ! Casa Del Mirto aussi qui a fait un remix…
Luca : Chez nous l’underground est bien plus profond qu’ailleurs. En France, l’underground ça peut limite être mainstream.
Ale : En Italie on tourne beaucoup, mais y’a que quelques groupes italiens qui arrivent à l’échelle européenne pour les tournées, surtout pour ce style de musique.
Luca : En Italie, ce qu’on fait est considéré comme arty, alors qu’ici c’est normal.
Du coup, tourner en France revient à s’exposer à plus de compétition pour eux. « On aime les challenges. Je préfère faire partie d’un grand mouvement, au lieu d’être un des dix groupes qui marchent en Italie… c’est mieux pour partager des idées !
Ale : Ca nous tire vers le haut, ça nous force à donner plus. Il faut se comparer à quelque chose de mieux, pour s’améliorer. Comme ça on peut faire de notre mieux.
Luca : Je veux pas me plaindre mais on trouve pas d’autres groupes, d’autres styles de musique, d’autres idées.
Ale : Quand on tourne, c’est nos amis qui viennent. Ils nous adorent, mais c’est parce qu’on est potes, pas pour la musique. C’est pour ça qu’on aime bien sortir de Rome, parce que même quand on va dans le sud de l’Italie, personne nous connaît. »
Réclame
Young Love, le premier album de Holidays, est sorti chez KIY Records.
Holidays prévoit de revenir sur nos terres en 2013
Remerciements : Le seul et l'unique Michele
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Holidays
Production(s) : KIY Records
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