Entretien avec Dark Dark Dark

Dark Dark Dark était de passage à Rock en Seine pour présenter son tout nouvel album, Who Needs Who. Le troisième album du groupe de folk sombre semble être un journal intime de leur dernier hiver. Avant de monter sur la scène Pression Live, Nona Marie Invie et Marshall LaCount ont accepté de répondre à quelques questions, même si l’enthousiasme n’est pas une seconde nature chez eux.

Dark Dark Dark

Une bribe de conversation qui fait sourire en guise d’introduction…
Nona : J’aime bien ces festivals parce que je peux réaliser mes fantasmes d’adolescente. Comme de voir Placebo ce soir.
Marshall : oh regarde, il porte un t-shirt Dark Dark Dark
Nona : oh non ! mais quel nerd !
Marshall : Ah ah ! c’est notre tour manager en fait ! »

Dark Dark Dark  (c) Tod Seelie

Dark Dark Dark (c) Tod Seelie

Même si ça ne se voit pas forcément, Marshall affirme être très excité à propos de cet album. « Qu’est-ce que tu veux savoir ? Il a été enregistré à la Nouvelle Orléans, en avril et mai dernier, on a travaillé avec le même ingénieur. On a beaucoup tourné et voyagé l’année dernière, donc Nona a trouvé du temps pour écrire en hiver. Et on s’est retrouvé au printemps pour South By Southwest, puis on a fait une grosse tournée européenne en mars, et on est directement allés en studio pour enregistrer. »
Dark Dark Dark a donc profité du festival américain pour tester certaines chansons en live. « On avait pas encore enregistré l’album. On a joué la moitié des chansons en live, et on a laissé l’autre moitié pour entretenir le mystère, le mystère du studio. Mais on avait déjà une idée assez précise de ce qui allait arriver en studio. Elles sont pour la plupart déjà prêtes, mais il y a toujours de la place pour les arrangements et pour les autres instruments, comme ça il peut se passer des choses. »

Les chansons de l’album sont très dramatiques, presque douloureuses.
Marshall : On n’essaie pas d’écrire des chansons tristes… c’est juste intuitif, c’est naturel. Ca arrive tout seul. Quand on essaie d’écrire des chansons de dance party, ça marche pas. Pareil pour les chansons de rap.
Nona : Les chansons sont surtout composées au piano. C’est peut-être la raison pour laquelle c’est dramatique. Parce que l’instrument en lui-même est…
A l’écoute des paroles, on reconnaît l’histoire d’un couple qui s’est séparé. Mais le duo ne souhaite pas en parler. En fait, Nona explique que l’écrite de Who Needs Who s’est faite sur plusieurs années. « On a travaillé progressivement dessus, pour monter l’ensemble petit bout par petit bout. Quand j’ai écrit ‘Daydreaming‘, qui était sur le dernier album… C’était en fait la dernière chanson composée pour Wild Go. Et après ça, j’ai continué à écrire des chansons, donc ça commence à remonter maintenant. Mais c’est dur d’écrire pendant la tournée. Parce qu’on a pas le temps ou si peu… »

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Les fans se sont inquiétés un moment : une rumeur courrait comme quoi le groupe était en pause. « Non il n’a jamais été question d’arrêter le groupe. C’est juste qu’on avait beaucoup voyagé et on avait besoin d’une pause. C’est pas très marrant de voyager pendant l’hiver en règle générale. A part si on va en Australie bien sûr ! Mais comme on vit tous dans des villes différentes, on peut faire notre travail personnel, composer de notre côté et l’amener ensuite au groupe. »

La formation a tout de même beaucoup évolué depuis les débuts du groupe.
Marshall : Ca fait maintenant deux ans qu’on tourne avec ce groupe. On est solides, on s’amuse, et je ne vois pas pourquoi quelque chose de dramatique nous arriverait. Mais tout est possible dans un groupe. Les gens changent… on est six avec l’ingé son, les choses évoluent sans arrêt.
Nona : il n’y a pas de tensions, on s’adore tous. On s’entend bien. »
Le rythme soutenu des tournées ne semble pas les atteindre.
Marshall : je pense qu’on a les mêmes problèmes que ceux qui ne bougent jamais. Personnellement je n’ai pas de lit, donc peu importe où je me couche, c’est là mon lit. Mais Nona a un chez-elle. Moi j’ai pas de studio, je peux travailler partout. Mais aussi ma manière de penser change au bout d’un moment à ce train-là.
Nona : tout le monde a une zone de confort, et toutes les personnes qu’on rencontre devienne notre famille. Le groupe devient notre espace personnel, on a appris à créer une bulle autour de nous pour se réfugier quand on a besoin. »

Leur seul souci : quand la composition vient les démanger.
Marshall : par contre on a besoin de s’arrêter de voyager pour pouvoir composer. Je viens de me poser à Berlin pour un mois, et j’avais bien de bonnes idées. Sauf qu’on a recommencé à tourner. Donc les idées sont retournées sur une étagère. Elles attendront ou alors elle partiront. Si elles restent, c’est qu’elles sont bonnes.
Nona : c’est bouleversant d’oublier certaines idées. Mais on poursuit pas la perfection… J’aime pas parler de la perfection dans ce sens. En fait, on poursuit plus la beauté, les belles choses, les choses les plus parfaitement belles.
Marshall : la perfection n’est pas intéressante. Si on l’atteint, on se retrouve au chômage.
Nona : et là je pourrais habiter sur la plage et jouer du piano toute la journée.
Marshall : comme Philip Glass
Nona : il habite pas à New-York ?
Marshall : j’ai vu un documentaire, il a une maison sur la plage dans le Maine, et il jetait des idées géniales sur une partition.

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Autrement, Nona est au centre de ce groupe, comme leur artwork semble le souligner.
Nona [les larmes aux yeux] : j’ai l’air d’une géante sur cette photo !
Marshall : arrête, c’est pas du tout ça. C’est parce que tu es le centre de ce groupe
Nona : quand j’ai bu du café, mon jugement est un peu altéré
Marshall : je pensais à la première femme chef d’entreprise. Et quand j’ai commencé à penser à Nona, je l’ai comparée dans ma tête à ces femmes à la tête de grosses d’entreprise. C’est pour ça qu’on l’a habillée d’un blazer sur un trottoir du centre-ville.
Nona : je suis le boss !
Et pendant les tournées, Nona est la reine… ou pas.
Marshall : on rote, on pète, on fait des blagues pourries.
Nona : non c’est pas vrai, ils font tout ce que je veux toute la journée. Ils vont me chercher des sodas, ils me font mes sandwichs, ils me portent jusqu’au van, ils me coiffent, me font des tresses, ils me brossent les cheveux cinquante fois chaque matin. C’est tout ce dont j’ai toujours rêvé !

Réclame

Who Needs Who, le troisième album de Dark Dark Dark, est sorti le 1er octobre.
Dark Dark Dark sera en concert le 2 décembre à la Maroquinerie.


Remerciements : Melissa !

Catégorie : A la une, Entretiens
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