Entretien avec Wraygunn

Wraygunn, à l’origine de l’excellent Ecclesiastes 1.11 (l’album, pas le verset !) est de retour. Après quelques années de projets parallèles, le groupe portugais – mené d’une main de maître par Paulo Furtado, aussi connu sous le nom de The Legendary Tigerman-, présente l’Art Brut. Le Transistor a rencontré Paolo, Raquel et Selma qui aiment à terminer les phrases les uns des autres.

Wraygunn

Quelques mots de Paulo pour résumer ce cinquième album, L’Art Brut : « Les albums précédents étaient plus directs, un peu dans-ta-face. Et celui-là te permet d’aller plus en profondeur dans les chansons. Il y a beaucoup de nous à l’intérieur. »

Wraygunn (c) Andre Cepeda

Wraygunn (c) Andre Cepeda

Le dernier album de Wraygunn s’appelle Shangri La, le nouveau l’Art Brut, ces noms semblent avoir été piochés dans une discothèque parfaite.
Paulo : j’adore The Shangri-Las, j’aime aussi Art Brut mais pas autant. En fait, parfois on a besoin de regarder de belles choses…  Parce qu’on a fait plein d’albums ensemble, et moi-même avec mes projets parallèles, du coup on avait besoin de revoir quelque chose de toujours naïf, de vrai, où des artistes feront juste de l’art. Et l’Art Brut c’est un dernier paradis perdu ! Maintenant, bien sûr on fait pas de l’art brut nous-mêmes,
Raquel : du moins pas suivant la définition première,
Paulo : c’est plus une inspiration pour rester fidèle à notre manière de faire de la musique. Parce qu’il y aura toujours des labels qui te demanderont un single, et y’aura toujours des interviews, du marketing et tout ça… on essaie de garder, autant que possible
Raquel : l’essence de la musique
Paulo : et quand on compose un album, on ne laisse personne, on aime garder tout en cercle fermé, autant que possible. On a voulu chercher là où ça a été respecté : dans l’art brut.
Raquel : et on puise à l’intérieur de nous. »

L’Art Brut est beaucoup plus posé que le rock pêle-mêle au son garage auquel Wraygunn nous avait habitués. « On aurait pu rester pour toujours dans le punk gospel… personne ne le faisait à l’époque et personne ne le fait nulle part d’ailleurs. Mais on a ressenti le besoin de faire autre chose. Je déteste quand les groupes trouvent une formule et se contentent de jouer la même chose. On est différents de ceux qu’on était quand on a fait Ecclesiastes… » Raquel souligne qu’ils sont sept au sein du groupe, ce qui explique l’album à tendance multidirectionnelle. « Tout ce qui formait Eclesiastes 1.11 est toujours là mais c’est plus riche, on a rajouté du tango rock dedans, y’a du doo-wap aussi, parce qu’on aime tous des choses différentes.  Je pense que cet album est très égoïste parce qu’on a pensé qu’à ce qu’on avait envie de faire. Peut-être qu’il y a cinq ans, les chansons les plus calmes, on les aurait mises de côté pour privilégier des chansons plus rock. Mais pas cette fois-ci… et puis on a suffisamment de chansons rock ! »

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Après plusieurs années sans jouer ensemble, leur méthode de composition a quelque peu évoluée.
Raquel : Quand on a décidé de faire un autre album, Paolo a essayé de nous faire écrire des chansons… Et je suppose que j’étais la première à présenter mon travail, mais je pense que Paulo avait déjà des chansons…
Paulo : oui, j’ai beaucoup de chansons
Raquel : oui, il a du stock ! Mais pas moi. Et j’ai été la première à jouer une de mes compos au groupe pour cet album et maintenant, c’est à eux de raconter…
Paulo : à ce moment-là, j’étais pris par Femina sur The Legendary Tigerman, mon projet parallèle. On avait fait quelques répètes avec Wraygunn, et on essayait de se remettre à composer ensemble, mais il n’y avait pas de déclic… Jusqu’à ce que j’entende cette chanson !
Raquel : c’était juste un enregistrement complètement basique de ‘Track You Down
Paulo : malgré la qualité de son, c’était beau ! C’est à ce moment-là qu’on a trouvé notre direction. Ensuite Selma a écrit les paroles et Raquel a composé d’autres chansons… Parce que d’habitude, c’est moi qui compose la plupart des chansons, et là j’en avais un peu marre, je voulais d’autres contributions, je savais qu’elles avaient des chansons…
Raquel : oui, qu’il y avait des chansons cachées à l’intérieur de moi, qui ne demandaient qu’à sortir. »

Pour Selma, cette première pierre à l’édifice d’Art Brut reste un souvenir émouvant. « Je me souviens encore la première fois que Raquel a chanté ‘Track You Down’, Paolo m’a demandé ce que je voulais faire avec cette chanson… mais en fait, moi je voulais pas y toucher ! Ensuite j’ai trouvé un refrain, mais en fait je voulais juste l’écouter. » Pendant les concerts, ‘Track You Down’ ressort clairement du set de par sa douceur. «  Quand on joue, la plupart des chansons sont énergiques, et cette chanson crée une pause, un moment spécial… Parce que parfois, on chante les chansons un nombre de fois… les paroles au bout d’un moment ne veulent plus dire grand-chose, on ne ressent plus la chanson, ça arrive. Mais pas pour cette chanson, et j’espère que ce sentiment va durer.
Paulo : c’est une chanson qui prend des risques et c’est ce qui me plaît.
Raquel : Quelque chose va se passer, mais tu sais pas quoi… »

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Ce nouvel album est moins énergique mais plus imagé.
Paulo : j’ai des images très claires de ces chansons, surtout ‘That Cigarette Keeps Burning’. Je voulais faire un tango, il est bizarre mais ça reste un tango. C’est des paroles très fortes, très personnelles.
Selma : Je pense que cette facette de Paolo, en tant que réalisateur et passionné de cinéma, le fait composer de cette manière, naturellement avec plein d’images.
Pour Wraygunn, l’Art Brut est le plus autobiographique.
Paulo : on raconte beaucoup d’histoire sur cet album. Et les images paraissent réelles parce que
Raquel : c’est pas de la fiction.
Paulo : on les a vécues ces situations, on les a détestées ou aimées, suivant la chanson.
Raquel : donc on les chante avec la bonne intonation,
Paulo : la bonne émotion. »

Pour conclure, Wraygunn nous assure que l’intensité scénique du groupe reste percutante !
Selma : Quand on est sur scène, on est toujours les mêmes Wraygunn. Certains ont peut-être peur parce qu’on a vieilli, qu’on ne danse plus… mais en live, on revient à ce qu’on a toujours été, ce pour quoi on est connus. Et c’est un album de passionné mais sur scène, c’est
Raquel : la même énergie. »

Réclame

L’Art Brut, le cinquième album de Wraygunn est disponible chez Jive/Epic (Sony).
Wraygunn sera en concert pour le MaMA Festival le 25 octobre au Divan du Monde


Remerciements : Anne, Stéphanie et Antoine (Jive/Epic)

Catégorie : A la une, Entretiens
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