Entretien avec Alt-J
En mai dernier sortait An Awesome Wave, prenant tout le monde au dépourvu. Le premier album d’Alt-J captive, jusqu’à faire basculer. Au festival FNAC Live, Le Transistor a rencontré Joe Newman le chanteur et Gwil Sainsbury le bassiste à l’humour tordu. On n’a pas parlé franc-maçonnerie (leur nom est le raccourci clavier pour le symbole Delta), mais cinéma, triolisme, et péristaltisme…
Alt-J
Les Britanniques ont été submergés de demandes d’interviews sur ce festival.
Joe : C’est encore nouveau pour nous – parce que sur beaucoup de concerts on ne fait pas du tout de promo. On est pas encore habitué à en faire plein d’affilée.
Gwil : Promis on va donner de bonnes réponses.
Le Transistor avait déjà croisé le chemin des Alt-J à la Flèche d’Or.
Gwil: Oui, c’est incroyable le monde qu’il y avait.
Joe : Mais on est pas un groupe à la mode, on veut pas juste passer : on est là pour rester, au moins deux ans.
Gwil : Au moins …
Joe : Mais si ça se trouve, notre deuxième album va être merdique.
Depuis leur apparition dans le champ musical, les rumeurs vont bon train sur la toile.
Gwil : Les blogs racontent tout et n’importe quoi. Et le problème c’est que c’est repris après, mais comme une citation ! Y’a une rumeur qui dit qu’on a enregistré notre album à Cambridge, et c’est pas vrai !
Notamment que les paroles auraient été écrite sous l’influence d’hallucinogènes.
Joe: Non, c’est pas vrai. Comment est-ce qu’on peut écrire sous hallucinogènes ?
Gwil : Tu peux, mais elles seront probablement merdiques
Joe : On prend pas de champignon ou d’acide. Une fois, j’ai pris des champis, mais c’est tout. Ce que ça m’a fait, c’est que j’ai changé ma manière de voir la musique.
Gwil : Mais il était déjà doué pour composer avant d’essayer les champis.
Joe : Je sais pas… j’étais à la fac, il y a eu plusieurs facteurs qui ont contribué à ce changement. Effectivement, les champis en font partie. C’est à cette période que j’ai changé ma manière d’écrire…
Il se dit aussi que la chanson ‘Tesselate’ fait référence à une expérience de triolisme.
Joe : C’est ouvert à interprétation mais non.
Gwil : C’est plus comme tetris, mais avec un pénis. C’est à propos de sexe mais pas à propos d’un ménage à trois.
Joe : Mais si jamais quelqu’un écoute ‘Tessellate’ pendant un truc à trois, ça nous dérange pas.
Gwil : Au contraire, faudrait nous tweeter pour nous prévenir.
Joe : Par contre, ça va, t’es pas obligé de nous tweeter pendant, tu peux attendre que ce soit fini.
Gwil : Tu pourrais tweeter avant, mais on sait jamais, si à la fin ça se fait pas…
Joe : Et pendant, les autres risquent d’être jaloux si t’es pas à 100% dans le truc…
Gwil : Remarque y’a toujours des moments plus calmes.
An Awesome Wave fait beaucoup référence au cinéma… Comme la chanson ‘Matilda‘ écrite pour l’héroïne du film Leon par Luc Besson.
Joe : On écrit sur ce qui nous intéresse… D’ailleurs, on ne devrait écrire que sur ce qui nous émeut.
D’ailleurs avant, le groupe s’appelait Films, peut-être dans un but de composer de la musique à l’écran.
Joe : Je pense qu’on voulait surtout écrire pour nous-mêmes. A la base, on écrit les uns pour les autres : on écrit pour s’impressionner les uns les autres. C’est juste une coïncidence si ça s’accorde bien avec des films. J’ai grandi en regardant beaucoup de films, le cinéma est probablement mon art préféré. Donc j’ai sûrement été grandement influencé par l’aspect visuel : à quel point un paysage peut devenir magnifique grâce à une composition, la manière que la caméra a d’absorber toutes les idées créatives…
Gwil : On s’est pas mal inspirés de films en effet et on les a traduites en musique. Mais je pense que ce serait difficile de ne pas composer de la musique qui aurait un aspect cinématique quelque part. Il y aura toujours, dans ce qu’on fait, une sorte de narration, ou de voyage. Pour moi il n’y a pas d’autre manière de faire de la musique que dans un but cinématique.
Quant au titre de leur album An Awesome Wave, c’est en rapport avec American Psycho, mais le livre de Breat Easton Ellis, pas le film de Mary Harron.
Joe : c’est par rapport à un passage très spécifique. C’est au début, quand il dit à tous ses amis de venir dans un restaurant. Ce restaurant est très populaire, probablement déjà blindé, y’aura pas de table de libre. Et même s’il a pas réservé, il se dirige vers le maître d’hôtel et demande une table pour sept. Il s’attend à ce qu’on lui réponde « Vous un des meilleurs restaurants de New-York, vous pensiez vraiment que vous pourriez venir sans avoir réservé à l’avance ? » Donc il est nerveux, il va se sentir humilié devant ses amis qu’il a invités. Mais le maitre d’hôtel répond « Bien entendu, nous avons une table pour vous monsieur, juste ici, pour sept personnes. » Et là il raconte que le soulagement le submerge comme une vague impressionnante.
Gwil : La plupart des phénomènes physiologiques opèrent par vagues.
Joe : Oui, c’est vrai… mais c’est cru.
Gwil : Comme quand tu as la nausée, l’envie de vomir vient par vague. Pareil pour quand tu vas aux toilettes…
Joe : tout ce qui touche aux intestins en fait…
Gwil : mais l’éjaculation aussi !
Joe : les tripes quoi.
Gwil : ouais, un peu comme les émotions.
Réclame
An Awesome Wave, le premier album de Alt-J est disponible chez PIAS.
Alt-J seront au festival des Inrocks le 8 novembre prochain.
Remerciements : Ophélie Surelle (FNAC) et Valérie Talagas (PIAS)
Catégorie : A la une, Entretiens
Artiste(s) : Alt-J
Evenement(s) : Fnac Live
Production(s) : PIAS
Ville(s) : Paris
[…] Parfois la batterie renverse la vapeur, semblant puiser sa puissance dans les Highlands d’Ecosse. De naifs lalala de ‘Fitzpleasure’ se transforment alors en incantation, et on reste bouche bée devant la multiplicité des détails et des labyrinthiques constructions. On finit sur l’obsédante ‘Breezeblocks’, sur laquelle le chant est à peine discernable et pourtant si prenant. Laissés sur le parvis, on reste ébahis que le monde reprenne son cours après ce set… Lire l’Interview de Alt-J […]
[…] Lire l’interview d’Alt-J […]
[…] An Awesome Wave, le premier album de Alt-J, est paru chez PIAS. Alt-J sera en concert à SxSW, à Coachella, aux Eurockéennes de Belfort, au Main Square, au Bilbao BBK Live, et à l’Olympia le 2 octobre. Lire l’interview de Alt-J […]
[…] impressions à venir Lire l’interview de Alt-J […]
[…] intrus de la programmation plutôt variété de cette année : Glass Animals. Après avoir révélé Alt-J au grand public il y a deux ans, le festival suggère leurs petits frères : des Anglais qui aiment à bidouiller les textures et […]
[…] Heureusement, en live, les nouveaux postulants sont bien moins coincés… ou ont pris ce qu’il faut en substances pour être à la hauteur des attentes. Parce que oui, la foule est venue en masse pour les voir, les cris retentissants dès les introductions. Dave Bayley met tellement de ferveur à défendre ses chansons qu’il en deviendrait presque agressif, et la sensualité de Alt-J commence à manquer. Dans le match qui les oppose, les voilà déclarés ex-aequo… du moins pour le moment. Lire l’interview de Glass Animals Lire l’interview de Alt-J […]
[…] A minuit, il est temps de se faire un petit Ariel Pink, voire Death From Above 1979. Pendant qu’Alt-J (lire l’interview) lâche des vibrations sensuelles sur la grande scène, Jon Hopkins fait danser tout le monde et […]
[…] ce sera The Chemical Brothers !! En attendant, on pourra se déhancher voluptueusement au son de Alt-J (lire l’interview). Enfin, puisqu’il en faut pour tous les goûts, les alternatives proposées aux deux frères pros […]
[…] dans tous les sens, le jazz énergique d’Adia Victoria et Thom Sonny Green – alias le batteur d’Alt-J (lire l’interview). Au Badaboum, on découvre l’enfant sauvage Skott, puis l’élégant Jordan Rakei et les autres […]
Et toi t'en penses quoi ?
A lire aussi
Gallery