Jonsi

Depuis 2008, la sortie de l’album Með suð í eyrum við spilum endalaust, les fans attendent impatiemment une suite aux aventures islandaises. Mais ce ne sera pas pour cette année : 2010 sera l’année de Jonsi. Après un album avec Alex Somers et plusieurs essais sous le nom de Frakkur, il se lance en solo avec son album Go.

Ces chansons n’ont en fait jamais été prévues pour le prochain album de Sigur Ros : « La plus vieille chanson a peut-être 10 ans. J’ai collectionné ces chansons au fil des années. J’ai été trop occupé pendant longtemps pour avoir le temps de m’y pencher… quand on y pense, ça fait déjà 16 ans que je suis avec Sigur Ros. »

Ce recueil de chansons a évolué d’une manière originale : « Quand j’ai commencé, j’ai écrit les chansons à la guitare, au piano et à l’harmonium. Donc j’avais l’image d’un album acoustique très minimal, j’avais même prévu de l’enregistrer chez moi. Même si je suis ravi du résultat, dans ma tête j’avais un album acoustique calme… jusqu’à ce qu’il explose ! » Avec Go, Jonsi voulait explorer de nouveaux territoires. « Je voulais quelque chose de différent de Sigur Ros, et c’est moins contemplatif : ça part un peu dans tous les sens. Si j’avais su, je l’aurai approché d’une manière différente : au final, c’est un crazy pop album. »

C’était en fait la première fois que Jonsi travaillait seul sur un album. « Quand on fait les choses par soi-même, ça peut être terrifiant. On doit prendre toutes les décisions, on doit faire semblant de savoir ce qui est dans l’intérêt du projet. On peut vite virer fou ! » Parce que chez Sigur Ros, tout se fait en communauté. « On veut tout faire nous-mêmes : on ne fait confiance à personne, on mixe l’album nous-mêmes, on n’écoute personne. On est comme dans un cocon, on se connaît mieux que personne, tout est réglé comme du papier à musique. »

Jonsi a ainsi appris à écouter les opinions autour de lui. « Quand j’ai vu que tout ça prenait une tournure schizophrénique, j’ai décidé de me laisser porter. C’est terrifiant mais libérateur, y’a du bon et du mauvais, mais j’en retire surtout du bon. C’était probablement salutaire pour moi de faire cette démarche. »
Plusieurs fées se sont penchées sur cet album au final. « Le batteur est finlandais, Samuli Kosminen. Il a apporté beaucoup de petites additions au niveau des percussions. Ce que j’aime chez lui c’est qu’il joue avec son cœur. Pour les arrangements, c’était Nico Muhly, il est du genre super actif, un gars génial, bourré de talent. » Alex Sommers aussi était présent sur ce projet, mais plus en tant que conseiller. « C’est la personne qui me connaît le mieux. Il a été présent sur ce projet de bout en bout. Je pense que c’est très important pour moi de l’avoir à mes côtés. Des fois, tout seul je pars un peu sur une autre planète, et il me ramène sur terre. »

YouTube Preview Image

Habitué des collaborations, Jonsi avait même surpris tout le monde en travaillant avec Tiesto. « C’est un grand fan de Sigur Ros : c’est lui qui est venu me proposer de chanter sur une des chansons de son album et je me suis juste dit, pourquoi pas ? Beaucoup trouvent que cette collaboration avec Tiesto est ridicule, je trouve ça drôle. Sigur Ros est presque sacré pour certaines personnes, ils donnent au groupe un aspect intouchable presque religieux ; j’avais un peu envie de briser cette image. »

Sur Go, Jonsi ne chante pas en Vonlenska… « Ce langage remonte à quand on a enregistré notre premier album, Von : c’est pas des paroles, c’est juste des sons. Quand on a écrit les chansons, on a fait comme les autres chanteurs : on a chantonné des mélodies pour la partie de chant avant d’écrire les paroles. Mais c’est là qu’un journaliste a décrété que ces sons étaient des paroles, que j’avais inventé une langue alors que ce ne sont que des sons. » Il a choisi l’Anglais pour le challenge. « J’avais envie d’essayer en Anglais parce que mon petit ami est américain. Maintenant je parle anglais la moitié du temps, avec lui ou mon management. C’était comme un défi, parce que c’était assez difficile d’écrire en Anglais, ce n’est pas ma langue natale. J’avais aussi un peu peur de mon accent en Anglais, qui sonne rugueux. Au final, c’était un bon exercice. »
Et a au passage réussi se guérir d’une inhibition inattendue : « Pour cet album, on s’est focalisé sur ma voix et je pense que c’était nécessaire, parce que j’avais peur de ma voix à l’époque. J’avais peur d’être un chanteur, enfin pas peur, mais j’étais mal à l’aise avec qui j’étais. Je ne me suis jamais considéré comme un chanteur auparavant. »

YouTube Preview Image

Pour finir, Jonsi explique ce qu’est son ‘Boy Lilikoi’ ?« C’est un garçon… (silence, puis rires) Non, plus sérieusement, avec Alex on était à Hawai pour l’album Riceboy Sleeps. On s’est retrouvés au milieu de la jungle pour le mixage et la nature était tellement belle… Un garçon Lilikoi ce serait le garçon de mes rêves… un garçon proche de la nature… Quelqu’un que je voudrais être ou quelqu’un que j’aimerais rencontrer… »


Remerciements : Julien (EMI)

Catégorie : Entretiens
Artiste(s) :
Production(s) :

4 réactions »

  • Entretien avec FM Belfast - Le Transistor | Le Transistor :

    […] pas si barrés ! Árni : Oui, mais ils ont trouvé le bon moment. C’est dingue quand même : on n’entend rien sur Sigur Ros, ou alors une fois par an, mais les Of Monsters and Men, ils en ont parlé tous les jours aux […]

  • Pitchfork Music Festival : Flavien Berger, Parquet Courts, Floating Points... | Le Transistor :

    […] sa formation classique l’aura-t-elle aidé à gommer les angles, en tous cas, sa voix de tête parviendrait presque à rejoindre les envolée de Jonsi ! Puis pour planter une mélodie dans la tête de tout le monde ce soir, C Duncan finit sur son […]

  • Le Transistor | Le Transistor :

    […] Lire l’interview de Jonsi […]

  • Entretien avec Fragments | Le Transistor :

    […] rendu du concert de Fragments aux Inouïs du Printemps de Bourges Lire l’interview de Mogwai Lire l’interview de Jonsi Lire le live report de Apparat au Primavera festival 2013 Lire le live report de SayCet au Café de […]

Et toi t'en penses quoi ?